Départ : Maubourg (1330 m)
Topo associé : Tête de Vallon Pierra, versant SE en boucle
Sommet associé : Tête de Vallon Pierra (2516 m)
Orientation : SE
Dénivelé : 3450 m.
Ski : 3.2
Sortie du dimanche 3 mars 2019
Conditions nivologiques, accès & météo
J1 - Grand beau puis intervention de rafales de vent violentes
J2 - Grand beau, plus de vent, température clémente
J3 - idemEtat de la route :
RAS en J1 et J2
J3 : route du col de Rabou carrossable et dégagée jusqu'à 1447m
Altitude du parking :
J1 : Maubourg 1330m
J2 : Départ télécabine de l'Observatoire : 1485m
J3 : Piloubas 1447mAltitude de chaussage (montée) : J1 1330m - J2 1485m - J3 1447m
Altitude de déchaussage (descente) : idem (quelques petits déchaussages à J1
Activité avalancheuse observée : RAS à part une petite plaque déjà ancienne un peu au-dessus du chemin en rive D du vallon de la Souloise (mais dans un endroit tout à fait anodin à faible pente)
Enneigement globalement faible mais encore suffisant.
Qualité de la neige : dure à très dure dans l'ensemble
J1 : regelée très soudainement alors qu'elle était en cours de ramollissement
J2 : dure à la montée, passage aux crampons pour les 250 derniers mètres, excellente neige de printemps en-dessous de 2200m
J3 : toujours dure dans la montée de la Crête de la Plane avec des vagues figées mais étonnamment bonne à la descente en choisissant les zones lisses tassées ; en cours de ramollissement dans le Vallon des Barges en zones ensoleillées, alternance de poudre tassée et de zones très dures sur fond pulvérulent dans la partie sans soleil - descente excellente à bonne jusqu'au Pont du Villard
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Avec Yves
J1: Tête de Vallon Pierra en A/R (descente par l'itinéraire de montée) - J2: Pied Gros de St Etienne - J3: Les Piboulas - Col de Rabou - Pt 2180 sur la Crête de la Plane - Bas du Vallon de Barges - Pt 2150 et retour sur Pont du Villard
« Voyez les montagnards de Dévolny (sic), pays si sauvage qu'on n'y entend pas le rossignol une fois en cinquante ans. » (Victor Hugo « Les Misérables »)
Mais c'est qu'il avait raison le brave Victor ! Le pays est sauvage pour sûr (sans «Superdévoluy» !) et le rossignol nous ne l'avons pas entendu non plus (mais peut-être n'est-ce pas la saison). En tout cas, le retour à la «civilisation» est rude comme l'ont été ces 3j (4 pour mes coéquipiers).
J1 - Tête de Vallon Pierra où le vent cingla – D+ 1330m
A la station Maubourg, nous sommes les premiers voyageurs du matin. Ici, ce n'est pas La Tour-Maubourg mais Maubourg tout court, bien que plus d'une tour se dresse au-dessus d'elle et qu'il nous faudra plus d'un tour dans notre sac pour arriver au terminus. L'affaire se présentait pourtant sous les meilleurs auspices. Mais de nos jours même des auspices apparemment dignes de confiance peuvent répandre des fake news. Ainsi, ne fallait-il pas se fier outre mesure à ce ciel azurément bleu !
Jusqu'à l'aplomb du Grd Ferrand, rien à dire : le béton commençait à s'attendrir et promettait le nirvana. Promettait. Mais pourquoi tout à coup tant de pudeur Madame Pierra ? Ces voiles, sortis d'on ne sait où, sont-ils pour nous rebuter ou pour nous aguicher ? Au col, Pierra, tu as fourbement rentré la tête dans les épaules. Mais la culotte de gendarme qui se faufilait entre de brigands nuages fut décisive : circulez, y a ptêt quand même quelque chose à voir ! Et nous voilà sur l'arête N, chemin aérien et tête aérée. Mais c'est qu’Éole, la star qui a le vent en poupe, semblait avoir vu les Tontons Flingueurs «Moi quand on m'en fait trop, je correctionne plus, je dynamite, je disperse et je ventile». Et nous de nous arc-bouter sur nos bâtons pour éviter le grand saut.
Arrivée au culmen, je ne disais plus rien et n'en pensais pas davantage. De ta tête, Pierra, on n'a pas vu grand chose, de ton si sauvage versant W, rien non plus. Ce qu'on a vu c'est que la moquette en devenir n'était plus que sucre candi capable de rayer les semelles de la plus robuste Barbie. Et le jour, de rayonnant était devenu blanc. Et c'est ainsi qu'on rata la plus belle moitié de la descente. Ce n'est qu'arrivés dans le Vallon de Charnier que nous pûmes reprendre nos esprits et skier en toute quiétude.
J2 – Pied Gros (de St Etienne) mais cœur léger – D + 970m
Après avoir renoncé à la Tête des Ormans en raison de la fonte des neiges un peu précipitée que tout le monde connaît, mais que, comme St Thomas, nous avons voulu voir pour y croire, notre plan B s'avéra une perle. Comment se fait-il que cette course ne soit pas une grande classique ? Ou alors est-ce une classique confidentielle ? Possible. Ou alors éclipsée par son célèbre voisin le Pic de Bure ? Bien sûr le dénivelé fleurte avec les 1000m sans les atteindre. Mais ces petits 1000m sont devant vous d'un seul jet. Juste assez de replats pour permettre à mes coéquipiers de m'attendre confortablement dans un décor unique. Qu'ils n'hésitent pas à me remercier de leur procurer ces moments de contemplation. On peut même à un certain endroit voir la queue devant le départ de la Traversée Héroïque et l'aire de repos des héros à la sortie du terrain de leur exploit.
Mais 250m sous le sommet, basta les replats ! Quand la neige est dure comme ce matin-là, il est de bon ton de mettre les crabes avant que la manip ne devienne de la gym de haute volée, sous l'oeil goguenard des chamois qui en ont sûrement vu d'autres en position délicate pour avoir attendu un poil de trop.
Pour un petit sommet, l'arrivée sur l'arête est superbe : d'un côté le plateau de Bure, de l'autre les Garnesier et toute la chaîne jusqu'à l'Obiou. Une pensée pour les valeureux qui ont tâté récemment de ses pentes E. Une pensée aussi pour celle qui aurait dû être dans la région ces jours ci et qui a le cœur gros. Les sms arrivent du Rhône, de l'Isère et de Savoie : pluie ! Vu d'ici où tout n'est que brillance : surréaliste. Même l'odieux vent de la veille a disparu.
On profite – pour une fois ! - du sommet et ce sont encore 200m de descente bien croustillante puis c'est le printemps, le dégel, le nirvana pour les glisseurs enchantés.
J3 – Crête de la Plane (échancrure 2180m) et Vallon de Barges pt 2150 : Dévoluy en fantaisie – D+ 1150m
Partis pour Sommet de Grand Combe, on a pu monter la voiture une petite 100aine de mètres puis musarder jusqu'au grand replat qui domine le Ravin du Pré Creux. Mais c'est qu'ici, c'est truffé de ravins les uns plus hostiles que les autres et, en fin de compte, personne n'a insisté pour emmancher celui du Loupon orienté N . On a donc tranquillement cheminé vers le vaste col du Rabou puis viré vers l'W pour attaquer les belles pentes de la Crête de la Plane. C'est là que j'ai cru m'être endormie et qu'à force de marcher vers le S, j'étais arrivée à la mer. Mais la Mer Blanche c'est au N pas au S ! Et les straturgis, c'est censé pousser dans le Dévoluy ? En tous cas, j'ai presque le mal de mer. A l'échancrure 2180m avec jolie vue sur la Montagne de Ceüse (entre autres), on se dit que skier plus haut, non, ce serait folie et on est venus pour skier non ?
Un peu plus bas, nous avions remarqué un vallon bien attrayant. Une conversation très mondaine s'est alors engagée :
Moi : C'est quoi cette crête dentelée là-bas qui enserre un si joli cirque ?
M : C'est la Montagne de Barges
Moi : Ah ! Ça nous va bien !
C : A certains plus qu'à d'autres...
Moi : Peux-tu préciser ta pensée chère amie ?
C : Non, je ne te connais pas assez pour te cataloguer
Moi : Ah ! Je crains de ne figurer à aucun catalogue...
Et le silence était retombé dans le vallon de la Souloise.
C'est ainsi qu'après une très très agréable descente jusqu'à l'entrée du Vallon de Barges, nous avons repeauté pour gravir le vallon puis la pente terminale jusqu'à 2150m env. Là, vu la poudre pulvérulente, sans aucune cohésion, enfouie sous la couche dure, nous avons trouvé que nous serions barges de poursuivre. L'oeil était dans le roc et regardait la fin. Descente superbe jusqu'au Pont du Villard.
Séjour agréable et accueillant au Gîte la Ruche du Collet (gestion libre - à conseiller)