Départ : Morges (1695 m)
Topo associé : Testa di Fra (Tête des Fra), Par la Combe de Damon
Sommet associé : Testa di Fra (Tête des Fra) (2818 m)
Orientation : SW
Dénivelé : 1125 m.
Ski : 2.2
Sortie du dimanche 14 janvier 2007
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand beau, très doux, très peu de vent de N au sommetEtat de la route : sèche
Altitude du parking : 1697
Conditions de neige : transfo encore un peu irrégulière dans les pentes SW et SE, encore de la poudre en versant E apparemment stable... J'ai en fait déclenché une plaque qui est partie sous le sommet versant E sur 200m. de large et 50 à 80cm. d'épaisseur.
Altitude de chaussage (montée) : 1850 (env. 15mn de portage)
Altitude de déchaussage (descente) : 1850 (env. 15mn de portage)
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Avec Philippe Lamy et sa famille Monique Jacques Darlix
Petite sortie familiale qui s'annonce sous les meilleurs auspices. Pas de problèmes d'itinéraire, chacun monte à son rythme dans la bonne trace de montée. J'en profite pour faire un premier passage au sommet pour faire la face SE. Au sommet je vois sous le sommet une belle pente E à 35° de 150m. de long qui a l'air en bonne neige. Le danger global est de 2, pas d'accumulations apparentes pour me mettre la puce à l'oreille, pente bien ensoleillée, juste une micro-corniche par endroit avec quelques micro-congères et 2 traces à droites. Je pars plus au centre, effectivement bonne poudreuse, 3-4 virages et je dois déjà traverser à droite pour rejoindre la face SE. Bonne transfo dans cette face, je tire à nouveau à droite pour arriver juste au col sup de Fetita où je rejoins le groupe pour remonter ensemble au sommet. Petite bouffe sympa au sommet, entre temps Jacques est déjà descendu en coupant la pente plus haut que mes traces.
Monique et Philippe sont avec moi, je leur suggère de faire comme moi une heure auparavant et de s'offrir quelques virages en poudreuse avant de rejoindre la trace de montée et de basculer dans la face SW plus bas.
Je décide d'aborder la pente non pas du sommet mais plus loin à droite ce qui me permettra de faire 2 virages de plus qu'à mon premier passage.
Je m'engage et une fraction de seconde je vois que je vais passer dans une petite congère, j'hésite puis je me dis que j'ai tort de me faire du soucis car vraiment lors de ma première descente je n'ai vraiment rien détecté d'inquiétant. Un cri de Monique une dizaine de mètres derrière moi et je m'aperçois que la petite congère s'est fissurée, j'essaie tout de suite de partir de coté car je pense que j'ai déclenché une toute petite plaque et qu'il me suffira de quelques mètres pour en sortir. Je vois qu'en fait c'est toute la pente qui vient de se décrocher sur une cinquantaine de mètres. Le salut c'est vers le bas car la pente n'est pas très longue. Je pars tout droit sur un tapis roulant et mouvant de neige. Je réussis heureusement à ne pas tomber. Dans le bas de la pente il y a une petite cuvette et la pente diminue, ma vitesse diminue aussi et la gros de la coulée me rejoins et je commence à m'enfoncer, la coulée me pousse et je remonte même de l'autre coté de la cuvette. Je ne sais pas ce qu'il y a derrière cette cuvette et je me dis que si je passe derrière je vais vraiment être enseveli cette fois. Puis tout s'arrête, la neige continue d'arriver mais de moins en moins. C'est terminé, je suis enseveli jusqu'à la taille, je crie aux gens en haut que tout va bien et je m'aperçois que la plaque est partie sur une largeur encore plus grande sur ma droite (~200m. en tout, 50 à 80cm. d'épaisseur) et dans la cuvette l'avalanche fait facilement 3 mètres d'épaisseur. La plaque est partie jusqu'au sol, il ne reste rien, les rochers sont à nu.
Les skis n'ont pas déchaussé, je suis bloqué. J'enlève mon sac à dos pour récupérer la pelle et je me dégage en une dizaine de minutes. Pas de bobo et pas eu le temps d'avoir peur, ça viendra peut-être.
Analyse: ai-je commis une erreur d'appréciation, cette plaque était-elle décelable ou y avait-il des signes devant inciter à ne pas s'y engager ?
Le risque global annoncé était de 2, j'avais remarqué des départs de plaques dans la montée à d'autres endroits mais uniquement dans des versant N à l'ombre. Cette pente était E.
Lors de ma première descente je suis passé sur la plaque mais j'avais quand même fait attention d'éviter les petites zones d'accumulation. A mon 2e passage, je n'y ai plus fait attention, mais ces zones semblaient vraiment petites. La poudreuse était relativement dense signe d'une bonne cohésion et de l'éventualité d'une plaque mais bon si à chaque fois qu'on détectait de la poudre dense il fallait s'abstenir on ne skierait plus en neige froide.
Donc en gros, erreur d'appréciation ou risque résiduel inhérent au ski de rando qu'il faut accepter ou rester chez soi ?