Départ : La Morte (route du Poursollet) (1450 m)
Topo associé : Taillefer, combe NE en boucle
Sommet associé : Taillefer (2857 m)
Orientation : T
Dénivelé : 1600 m.
Ski : 3.1
Sortie du jeudi 30 mai 2019
Conditions nivologiques, accès & météo
Beau temps, bon regel nocturne, vent froid par petites rafales, nuages bourgeonnants en début d'après midiEtat de la route : dégagée jusqu'au Poursollet
Altitude du parking : 1650m
Altitude de chaussage (montée) : 2100 (replat au-dessus des lacs) par commodité
Altitude de déchaussage (descente) : 1730m après 2-3 déchaussages
Activité avalancheuse observée : RAS pendant la course
Couteaux apportant du confort à la montée pour ne pas zipper.
Pellicule de 2 à 6-7cm de neige fraîche s'humidifiant dans le bas et se compactant plus haut
Zones bien gelées au débouché du col 2619.
Neige très agréable à skier sur les itinéraires parcourus.
Combe N un peu trafolée ; combe NW indemne (mais n'a pas été laissée telle...)
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Avec Marie
Lac du Poursollet - col 2619 - pente SE - sommet - descente par même itinéraire jusqu'à 2370 - montée Col du Grand Van et descente par combe N
Pourquoi toujours attendre que l'âme soit rendue (où et à qui d'ailleurs?) pour faire l'éloge de nos amis ? Et si, pour une fois, on le prononçait devant le moribond encore un tantinet lucide – mais quand même déjà un peu estourbi sinon il risque de nous demander si on n'en fait pas un peu trop...
Donc, enthousiasmée par cette idée, j'ai choisi St Eloi, l'indéboulonnable (ou presque), mais pas inoxydable, pour prononcer l'élégie pré-funèbre de cette saison dont les beaux restes ne sont que rideau de fumée : la fin est, sinon proche, du moins inéluctable.
Interrompant mes mélancoliques pensées sur cette peu réjouissante perspective que je ressassais sous un beau ciel de mai, Eloi pris la parole. On voyait qu'il prenait son rôle très au sérieux. Sur fond d'Aiguilles d'Arves et autres merveilles svp, Eloi s'est forgé une contenance en plus de son maintien irréprochable (110 kgs quand même!) et ce, quels que soient les vents dominants (et ceci depuis 21 ans !) Il s'est éclairci la gorge, toujours sous le beau ciel de mai finissant (lui aussi!), et a commencé son élégie.
Chères Marie et Taramont a-t-il commencé. J'ai pris peur, j'ai cru qu'il allait prononcer notre éloge pré-funèbre à nous deux. Mais ce n'était qu'une façon d'entrer en matière. Ouf !
Chères Marie et Taramont, donc. Cette saison a été unique – comme elles le sont toutes d'ailleurs. Depuis le temps que vous tournez toutes les deux vous avez dû vous en rendre compte. Pour toi, Taramont, la saison a commencé le 11/12, date à laquelle certains avaient déjà au compteur ce que tu es arrivée à peine – et à grand peine – à réunir à ce jour. J'exagère à peine. De même, pour toi, pour des raisons diverses et variées, elle a pratiquement dit son dernier mot, sauf miracle, et je ne gaspille pas mes bienfaits...D'autres joueront encore les prolongations sur des terrains haut de gamme et d'altitude ou des terrains locaux en plus ou moins bon état. J'en connais même qui ne s'arrêtent jamais et confectionnent comme un calendrier perpétuel où les nouveaux saints s’appellent HOLDUP – PATANPIRE – AFTERTAF – BEFORETAF – ALAPLACEDETAF – GRELOU – ONAPRILAIR, etc...Ces gens-là, ceux qui ne s'arrêtent jamais, sont même capables d'aller chercher la saison là où elle est au lieu d'attendre son retour en chouinant.
Mais aujourd'hui, belle saison, puisque j'ai devant moi deux promeneuses des neiges + un vrai sportif qui a essayé de leur vendre une Pyramide ventée comme il n'est pas permis (et qui a finalement fait tout seul Taillefer + Pyramide en 2 temps 3 mouvements), je veux dire à qui veut l'entendre et à toi en premier, même si ton ego doit prendre une claque, que certes, tu as été belle, tu l'es encore d'ailleurs, tu as gâté tes fans par de grands moments et tu ne t'es pas fait prier pour revenir pour les bis.
MAIS : tous ces caprices ! Ces crises de pluie, ces bouffées de chaleur, ces départs en coup de vent, ces colères à faire tomber le plâtre des murs et quelques bibelots avec ! Crois-tu qu'ils vont supporter ça longtemps ? Ce n'est pas impossible : j'en vois parfois arriver de bien étranges avec des têtes de masochistes. Mais aussi et surtout de bien sympas, des modestes cachant leur talent, des talentueux ne cachant rien, des amoureux de ce massif fier et de fer et même des collectionneurs (n'est-ce-pas Jacques?).
Pour tous ceux-là, stp, lorsque tu ressusciteras (dès octobre si ce n'est pas trop te demander) essaie de nous revenir avec un caractère un peu plus constant, un peu plus prévisible. Ils en ont marre de gaspiller leurs précieuses RTT, leurs congés paternité ou maladie et leurs retraites rien que parce que toi, au dernier moment, tu changes d'avis !
Mais pour l'heure, tâche de durer encore un peu puis, le moment venu, rend ta belle âme à qui tu veux – à moi p. ex. et je te promets un éloge funèbre dont on se souviendra longtemps dans les chaumières skitouriennes.
Ainsi parlait St Eloi – Editions Skitour le 30/5/2019