Départ : Bonnenuit (1670 m)
Topo associé : Pointe des Cerces, versant N depuis Bonnenuit
Sommet associé : Pointe des Cerces (3097 m)
Orientation : N
Dénivelé : 1400 m.
Ski : 3.3
Sortie du jeudi 11 novembre 2010
Conditions nivologiques, accès & météo
Beau temps se couvrant par l'ouest à partir de 16hEtat de la route : enneigée à partir de Bonnenuit. Passe sans équipements.
Altitude du parking : 2000m
Altitude de chaussage (montée) : 2000
Altitude de déchaussage (descente) : 2000
Activité avalancheuse observée : Rien vu, rien entendu. L'ensemble semble sain. Accumulations importantes rive gauche et haut du couloir O de la Sauma.
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
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Lac des Cerces | 2000-2400 | NW | 10h | 10 à 20 cm | Poudre | |
Couloir O | 2500-3100 | W | 13h | 20 à 50 cm | Poudre | |
Descente N | 3100-2400 | N | 14h30 | 30 cm | Poudre |
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par sancy)
Plan Lachat > Couloir ouest Rochers de la Sauma > Pointe des Cerces > descente versant N
De manière inversement proportionnelle à la pression financière sévissant sur l'Europe, l'heure est plutôt à la détente dans les bacs à sable alpins. La cotation Standart & Poor's relative aux Cerces devait être proche du AAA ce jeudi 11/11, repoussant à plus tard les politiques de rigueur nivale. A nous pour cette fois le coït impulsif, "l'erreur de jugement" qui fit les grandes heures éditoriales du FMI voilà quelques temps.
A quelques distances de là, les Rochilles célébraient dans un silence ouaté la mémoire de nos Poilus et la fin de la grande boucherie du début du siècle dernier, avènement grandiloquent à des temps heureux où guerre rime avec prospère (youp la boum).
Et puis plus bas, tout en bas au Plan Lachat, quatre ombres dégingandées - vos serviteurs - finissent leur nuit, le nez rosi des frimas du matin et les doigts gourds de la traitre onglée. L'humeur est cependant totalement à la fête, comme purent en témoigner sur la route nos pré-beuglements passé le Télégraphe, puis les percussions fiévreuses de Justin sur la musique de Schiller, bientôt complétées des cuivres et cordes entièrement bruités à la bouche par Arnaud et Jb.
Notre petite équipe s'éveille au fil des lacets et la lumière se fait plus intense. Justin trace le fin sentier surplombant le ruisseau des Cerces puis donne la plume à Jb, inspiré d'une splendide ligne fendant bientôt les reliefs des Chardonnets. La magie opère ! Alléché par la promesse d'une pâte de pomme, tel l'âne suivant sa carotte, je la prolonge quelques instants jusqu'à l'aire idoine qui verra mes papilles enfin récompensées.
L'heure est à convertir la neige en or, telles les banques se plaisent à le faire pour changer le vent en argent. Ici point de fiduciaire, nos actifs se déclinent en sourires. Point de dettes, le don appelle la vertu, et les conversions mènent tout droit aux cimes sonnantes et (potentiellement) trébuchantes.
Jb redessine ainsi les croupes du couloir ouest - tel le mécanicien du Nord-Isère carène amoureusement sa voiture - et force le ressaut défendant la combe du Névé des Cerces, laquelle s'incline admirablement sous sa croix faîtière et son épitaphe bien vivante : "Je vaux ce que je veux" !
L'heure est à l'accolade, à l'iris pétillant des éclats de la Meije, à l'insondable sérénité du Monétier et aux frictions énergiques des membres supérieurs voués aux impitoyables scies circulaires du froid.
Justin s'élance le premier et la poudreuse du versant nord se soulève bientôt, vrillée de cris indescriptibles, lesquels pour les plus étranges d'entre eux frisent la douce mélodie du cervidé promis à l'aphonie. Arnaud décoiffe les mottes sages et alignées, tandis que Justin et Jb se livrent un duel sans merci pour la courbe la plus lumineuse.
Au terme d'une descente splendide, le lac nous apparaît, précédé d'une ultime pente dans laquelle nous nous jetons avidement, tel l'infâme FMI affamé vampirisant l'état (virtuellement) endetté.
La baraka définitivement en poche, tel le débutant s'offrant un quatorzième mois sur $$ Bruel Poker.com à sa première partie, nous persistons et jouons nos skis à la roulette russe dans l'ultime pierrier, rien ne va plus et... miraculeusement aucune touchette ne venant, notre mise se voit finalement multipliée par cent !
Quelques virages à vue dans la pampa nous permettent d'éviter un taraudage en règle de nos semelles, et de rejoindre sagement notre véhicule gracieusement fourni par l'actionnaire, sans doute mû par une profonde sympathie pour notre épanouissement personnel.
Merci les amis !