Départ : Lanslevillard, Pré Clos (1690 m)
Topo associé : Pointe de la Sana, traversée Lanslevillard -> Bonneval
Sommet associé : Pointe de la Sana (3436 m)
Orientation : T
Dénivelé : 4500 m.
Ski : 3.2
Sortie du lundi 20 avril 2015
Conditions nivologiques, accès & météo
Perturbé De vendredi à dimanche avec un regel moyen en dessous de 2500 à 2800 grand beau Lundi et regel excellentEtat de la route :
Altitude du parking : 1720
Peu de neige dans le secteur, Versants S partiellement déneigées jusqu à 2500 voir plus, faces bien bien sèches. Neige transfo dès 10 heures en E, vers 12h en S.
Altitude de chaussage (montée) : Ref. Vallonbrun 2270
Altitude de déchaussage (descente) : 2100 Au dessus du Villaron
Activité avalancheuse observée : Quelques grosses coulées datant de l'épisode chaud de la semaine, rien pendant ces quelques jours.
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par Jeroen)
Avec Julie, Julien, Antoine
Pré Clos > Ref. VallonBrun > Pointes du Chatelard > Ref. Femma > Pointe Charbonnier > Pointe de la Sana > Ref. Fond des Fours > Pointe de Méan Martin > Le Villaron
Classique raid annuel avec les cousins de la plaine. Cette année Manuel nous accompagne, chouette ça fait bien longtemps qu'on n'avait pas fait de raid ensemble. Comme chaque année ou presque la date tombe pile poil pendant une belle période perturbée alors que c'était grand grand beau avant et après. Qu'importe, on va jongler.
Départ donc vendredi soir après le boulot pour 3 jours 1/2 en Vanoise. A 19 heures on est à Pré-clos pour monter au Ref. de Vallonbrun. 500m de portage de ce coté là, les orages annoncés ne sont pas là, le sentier est agréable, on rentre doucement dans le raid. On trouve la neige et le brouillard vers 2150m. A 8 heures on est au refuge, non gardé, grand luxe : propret, poêle avec marmite d'eau encore tiède dessus, bois, gaz, électricité, matelas et couvertures, eau, toilettes. On s'affaire tandis que dehors le temps ne s'arrange, pas : brouillard et légère bruine. Demain matin il est prévu plutôt correct au niveau météo, avec une dégradation l'après midi. Réveil donc 6 heures.
Samedi matin, 6 heures, dehors même temps : brouillard, léger grésil, 2mm de neige, aucun regel à cette altitude. Le moral en prend un coup. On ne se presse donc pas trop, puis on décide finalement de partir, quitte à prendre un but. On décolle vers 8 heures. Objectif la traversée des pointes du Châtelard et descente sur le refuge de la Femma. On chausse dès le refuge mais on navigue pour éviter les plaques d'herbe. Plus on monte plus la luminosité augmente, et vers 2700m le miracle se produit, premier coin de ciel bleu, furtif. à cette altitude il y a déjà 5cm de neige. On attaque les pentes plus raides sous le col de Vallonbrun vers 2800m, et plus on monte on sent que ça va sortir. Finalement on perce vers 3100, 10cm de neige fraiche, le moral est revenu. Au col, 15cm de poudre, de l'autre coté il fait grand beau. Petite pause. En repartant, Manuel verrouille ses fix un peu fort et passe le dernier cran. Le levier se retourne, impossible de déchausser. Après avoir tout essayé pendant 10 minutes, grand coup de pied et ça finit par repasser dans l'autre sens, heureusement sans rien casser. Coup de bol.
On traverse vers les pointes du Châtelard, par une jolie arête facile (un pas de 2m à la descente vers la pointe SW), tantôt à skis tantôt en crampons, tantôt au soleil, tantôt dans le brouillard. On descend au niveau du col 3378, sur la neige qui est tombée depuis 48heures, c'est à dire pas grand chose. En dessous c'est mieux même si le ski n'est pas extraordinaire. Il faut attendre le fond du vallon vers 3000 et les orientations S pour trouver de la neige de printemps. Jusqu’à 2500 on se régale, ensuite c'est pas de regel, neige pourrie, mode sous marin jusqu'au refuge que l'on rejoint par un petit pont de neige à l'aplomb de celui-ci. Super refuge dans un cadre bien bucolique, bon accueil, on passe une bonne après midi au soleil. Le soir on est 13 au refuge. 3 parisiens courageux en WE qui ont prévu Méan Martin le lendemain, un Guide et 4 clients qui bricolent quelques jours depuis le refuge, et nous 5. Super repas : soupe bien dense, cuisses de canard confites, pâtes, plateau de 10 fromages, dessert frugal mais travaillé. 21 heures il est temps d'aller se coucher, dehors magnifique ciel étoilé, grand beau demain dixit la gardienne, qui n'appelle pas la météo malgré des prévisions moins optimistes la veille.
Dimanche matin, plafond nuageux bien sombre vers 2600m d'altitude, 2mm de neige dans la nuit, regel correct à cette altitude. Finalement la gardienne appelle la météo : Il est prévu beau la matin puis dégradation l'après midi. Ouais...
On part donc, direction la pointe de Charbonnier pour une traversée des arêtes vers la Sana, plus sympa qu'un classique aller-retour. On navigue encore une fois entre les plaques d'herbe, puis au GPS dès qu'on entre dans la couche de nuages. On trouve l'entrée de la combe vers 2700, sèche. On porte donc dans les schistes en traversée ascendante jusqu'au replat 2950. Ambiance bien glauque. On remet les skis et comme la veille, on perce sous le col, vers 3100. Le temps est plutôt correct au dessus de la couche de nuages. On rejoint à peau le départ de l'arête, puis on s'équipe. Magnifique parcours tracé la veille à priori, facile dans ces conditions (bonnes traces). On a la banane.
Une fois sortis, rejoindre la pointe de la Sana est une formalité. On ne traîne pas car on est pas à l'abri d'un mauvais coup de la météo. Descente en transfo par l'ancien glacier, puis on pique N sur les Barmes de l'Ours, légère poudre, puis transfo sous le Léchoir. On repeaute au Pisset pour rejoindre le refuge des Fours par le haut via le col 2864 et la traversée sous les pointes S et N de Lorès. Petit repeautage de 30 mètres pour retrouver l'itinéraire de descente classique. On arrive au Fond des Fours vers 13heures. Refuge beaucoup moins bucolique que celui de la Femma, mais accueil tout aussi sympa. 30 personnes le soir, que des groupes avec guides, dont un d'une 15aine d'anglais qui attaque leur tour de la grande Casse. On passe l'AM a se cramer sur la terrasse avant l'arrivée d'un grain qui laissera 5mm de neige. Ça se dégage, demain dernier jour du raid, il est annoncé grand beau, dodo.
Lundi Matin, réveil 5h45, aujourd'hui peu de dénivelé mais une descente E à saisir de bonne heure. On décolle du refuge à 6h30. Comme prévu grand beau, regel excellent. Le long plat pour rejoindre la face de Méan Martin est vite avalé. On trouve le soleil à l'attaque des pentes. Toutes les orientations plutôt E ne sont pas facile à négocier à la montée, ça glisse bien, dès que l'on est plus N ça va bien. On prend du champ pour la traversée au dessus de la petite barre à droite de la face, puis le reste n'est qu'une formalité.On met quand même les crampons pour franchir les 10mètres nous séparant de l'arête SW à 9 heures on est au sommet. Les autres groupes sont juste à l'attaque de la face. Du sommet on a une belle vue sur la suite de l'itinéraire, qui sera le crux de ce raid : la descente sous l'aiguille de Méan Martin via le ruisseau du Vallon pour rejoindre la vallée de la Maurienne.
Du haut les conditions sont excellentes. Aucune coulure, itinéraire bien enneigé, bon timing. On décide de s'y engager. Descente donc de la Pointe de Méan Martin, à vue on se fait coincer par quelques barres rocheuses non visibles sur l'IGN, obligés de remonter quelques mètres pour enfin rejoindre le glacier des Roches Blanches. Court repeautage en traversée pour le col puis le passage de Méan Martin. A 10h15 heures on attaque notre descente. Excellentes conditions de neige de printemps, timing parfait. La rampe à gauche vers 2650 est encore en neige dure mais avec un bon grip, puis c'est la sortie du ravin vers 2450 ou l'on se fait surprendre par une cascade d'une dizaine de mètres. Le bouzin ne sort pas si simplement. On s'était pourtant renseigné auprès des 2 gardiens et des deux guides, mais visiblement personne ne connaissait ce cheminement pourtant tracé sur IGN. Il y a quand même deux vieux points pour assurer une sortie en faisant une traversée à gauche. On met quand même plus de 30 minutes pour tous passer. A 11 heures on est sortis de l'itinéraire. Belle descente sur le Vallon, puis repeautage pour suivre le sentier en balcon vers le S. Descente finale sur du névé jusqu'à 2100, puis 350m de portage à la descente pour retrouver le Villaron.
Ce beau raid s'achève, on a bien négocié la météo. Les cousins sont au point techniquement, l'an prochain on attaque les choses sérieuses ;)