Pizzo Uccello, Normale Sud-Est, le 24.02.20 par taramont

Massif : Tessin E - Adula - Grisons
Départ : San Bernardino (1608 m)

Topo associé : Pizzo Uccello, Normale Sud-Est

Sommet associé : Pizzo Uccello (2717 m)

Orientation : SE

Dénivelé : 1240 m.
Ski : 3.1

Sortie du lundi 24 février 2020

taramont

Conditions nivologiques, accès & météo

grand beau, très chaud à l'abri du vent, vent faible
Etat de la route : RAS Altitude du parking : 1608 m (départ au village)
Altitude de chaussage (montée) : 1608m
Altitude de déchaussage (descente) : 1608m

Activité avalancheuse observée :
RAS le jour de la course
Enorme plaque anciennement détachée de la face E sommitale.
Quelques coulées également anciennes à traverser sur le versant SW au S du Piz de la Lumbreida

Skiabilité : 🙂 Bonne

Compte rendu

Avec Denise, Dominique, Frédérique, Pascale, Régis
topo - montée en rive G du ruisseau jusqu'au petit pont à 2032m
Anciens, aînés, seniors (bref : vieux!) vous pouvez cliquer ailleurs car ce que je vais révéler aux jeunes gens vous le savez très bien si la vie d'en-bas et la vie d'en-haut vous ont un tant soit peu « ensaigné » (comme le dit l'un de mes correspondants), sinon votre cas est de toutes façons désespéré. Donc, jeunes gens, sachez qu'un séjour de randonnée c'est un peu comme le mariage : 20 % sur un petit nuage, 80 % dessous.....avec quelques éclaircies. Mais la randonnée, c'est mieux : on ne se souvient que des beaux jours. C'est ce qui nous est peu ou prou arrivé. Mais avec 1+0+0,5+0,5+1 jours de sauvés, on s'en tire à 60% sur notre petit nuage (si je me trompe dans mon calcul, il y aura bien quelqu'un pour me reprendre, je suis sûre de cela à 100 %).

San Bernardino. Un charmant village suisse aux confins du Tessin et des Grisons. Un charmant village suisse bousillé et par les aménagements d'entrée du tunnel qui relie les 2 cantons pendant les 4 saisons et par l'industrie du ski comme on sait le faire en Suisse aussi bien qu'ailleurs. Reste le cadre. Magique. Avec un peu de chance, la lumière et la musique d'un vent léger s'y diffusent avec une générosité quasi haute-alpine. Avec un peu de chance.

Au N, la route serpente vers le pays de Heidi, au S vers «le pays où fleurissent les orangers». Venir du S est d'ailleurs un ravissement et s'il pouvait neiger sur le lac Majeur, ce serait follement romantique. Mais pour l'heure il ne neige même plus là où on serait en droit de s'y attendre. Au bord du lac, c'est mimosas, camélias, magnolias et azalées en fleurs, orangers, citronniers en fruits tandis que les palmiers se balancent indolemment. Dans San Bernardino, ce sont des monceaux de neige de bien des jours d'antan en train de s'abouser.

Piz Uccello.

L'Uccello c'est l'immaculé
Aux longues rémiges noires
L'oiseau des terres reculées
Bec fiché en l'azur miroir

Oiseau lyre ou oiseau de feu
Oiseau fluide comme pure eau
Oiseau fragile comme aveu
Oiseau fantasmé : uccello

Sommet phare du coin. Emergeant d'une forêt d'épicéas digne d'un paysage sibérien, il figure en couverture de la carte 267S Ed. 2016. Ce n'est pas exactement ce que nous avons vu : entre temps, la forêt s'est ébrouée laissant les épicéas dans leur nudité verte.

Après une courte mais laborieuse montée du bas d'une piste béton, longue traversée en neige tout aussi béton jusqu'à la Cna de Vignun endormie sous le Piz Uccello et le Piz Cavriola et dominé par le Piz de la Lumbreida. Dès qu'on émerge au soleil, la température grimpe plus vite que nous. Une partie de banquise suspendue s'est détachée de la pente E sommitale, des pénitents blancs tout déconfits en témoignent.

Arrivée grandiose sur l'arête. Là, c'est nous qui dominons, à l'E le Val Vignun dont nous venons, à l'W les vastes espaces du col du San Bernardino et la profonde vallée du Rhin Postérieur. On se pose. A midi, en ce 24 février de l'an de grâce (?) 2020, à 2718m d'altitude, nous regardons virevolter ...un papillon. Un chocard tient le rôle d'un uccello figurant.

Descente en grandes gerbes de neige molle. Nous croisons 3 personnes montantes. Espérons qu'elles avaient des scaphandriers pour leur propre descente...

NB : Ce jour-là, on décide de faire quelque chose pour la planète : à partir du gîte, descendre au départ (village) à pied. Ce «quelque chose pour la planète» sera surtout quelque chose au retour pour nos gambettes quand le raccourci que j'invente s'avérera un léger «allongi»...

(à suivre)