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Sorties > Beaufortain > 29ème Pierra Menta

29ème Pierra Menta

Massif : Beaufortain
Départ : Arêches (le Planay) (1200 m)

Topo associé : Pierra Menta, la course

Sommet associé : Pierra Menta (2714 m)

Orientation : T

Dénivelé : 11000 m.
Ski : 2.2

Sortie du jeudi 20 mars 2014

poudreuse38, chomolugma

Conditions nivologiques, accès & météo

J1 : grand beau J2 : grand beau + chaud J3 : nuageux J4 : neige, vent & grésil en altitude
Etat de la route : RAS Altitude du parking : 1000 m
Altitude de chaussage (montée) : 1000 m (Arêches)
Altitude de déchaussage (descente) : 1000 m (Arêches)

Activité avalancheuse observée : RAS

J1/J2 : regel nocturne, neige dense/dure se moquettisant au fil des heures
J3 : poudre tassée
J4 : bonne épaisseur de poudre récente 10 en bas, 40 en haut

Skiabilité : 🙂 Bonne

Compte rendu (par poudreuse38)


14 Décembre 2013 : Chamrousse, quelque part sur la Simond, en montant à la Croix.
Freddy : ça te dirait de faire la Pierra, il y a un créneau et j’aimerais la faire avec toi !
Philippe : La Pierra, qu’est-ce qu’il va encore nous inventer le Freddy ? 10 000 m, à mon âge, je n'ai quasiment jamais fait de compète…

31 Décembre 2013

Philippe : dis Christine, tu crois que ça peut le faire ?
Christine M: c'est surfait la PM, j'y étais moi en 1988… pas de problème, vas-y !
Bon, ben… GO !
Et voilà, c’est parti… maintenant il faut s’y mettre et s’entraîner "sérieusement ", objectif dans moins de trois mois !

19 Mars 2014

13h00-Saint-Hilaire : voiture bouclée avec les compagnons de choc Freddy et Tibougnat, direction Arêches.
14h30-Arêches, salle Chaudanne, file d'attente pour toucher le "paquetage" : on retrouve les Julien, Maxime, David, Jeroen. Ambiance sympa. Ca fait quelque chose de recevoir ce dossard ! Maintenant que nous avons l'habit (fort belle la veste !) nous allons prendre possession de notre logement idéalement situé à deux pas du centre bourg d'Arèches et des lieux stratégiques que sont le restaurant de Mme Blanc et la salle Chaudanne.
Nos coach et colocataires (Tibougnat, Jeroen, Mathieu, David), habitués des lieux, investissent leurs chambres des années précédentes et nous assignent la chambre au lit king size et balcon privatif avec vue imprenable sur le grand Mont. Magnifique ;-)
Le temps passe vite, chacun s'affaire à organiser son espace personnel, à préparer vêtements et matériel (les décisions à prendre sont d'importance : alors cuisse gauche ou cuisse droite l'autocollant ?)… Une petite collation et il est temps d'aller au briefing.
18h00 La salle a du mal à contenir la foule ! Une petite place dans l'allée centrale sera la bienvenue. Les piliers de l'organisation sont là et lancent la 29ème édition, respect ! Après quelques longueurs et traductions multiples (comme la messe Papale) le parcours du lendemain est enfin dévoilé : 2700 m D+ au menu dans le secteur du Mirantin et de la Grande Journée. La météo prévue est excellente. Les organisateurs se risquent même à prévoir le temps des premiers : environ 3h10. Bref calcul de notre côté : le délai maximum de 1,9 X 3h10 devrait nous permettre de boucler dans les temps… La suite nous prouvera que la prévision était bien pessimiste pour les premiers et dangereuse pour nous !!! Aië, déjà 19h00 il est grand temps de nous extirper de la salle surchauffée pour rejoindre nos collègue au restaurant.
19h15-Restaurant Le Christiana : Grand merci à Tibougnat et Jeroen pour nous avoir réservé une place à leur côté. Pour moi c'est un peu la boule à l'estomac (un brin stressé le gars comme disait Le Boss cf. le CR de sa première PM). Après le premier plat et un petit verre de rouge le bonhomme se détend ;-). Chacun de nous se repasse l'itinéraire du lendemain et mémorise montées et dénivelées. Bon alors c'est simple le ski alpinisme, il suffit d'avoir un peu de mémoire : J1, 6 montées, 76, 1067, 636, 271, 437, 184…
Le repas et le service sont vraiment impeccables, nous sommes choyés. Nous serions bien restés un peu mais il faut bien céder la place au deuxième service !
20h30-21h30 : préparation finale du matériel, quelques SMS et vite au lit, demain le réveil sonne à 5h00.

20 Mars 2014

5h00 : c'est le grand jour. Grand beau et plutôt bien dormi ! Freddy de son côté a compté les moutons, maintenant il s'affaire sur ses pieds à grand coup d'élasto !
Petit déjeuner au chalet pour ma part, en compagnie de David et Mathieu. Les tartines ont un peu de mal à descendre…
De leur côté, Freddy, Tibougnat et Jeroent vont se restaurer au Christiana.
6h00 : départ d'Arêches à ski pour rejoindre le départ de la course au hameau du Bois. Cette montée nous a paru longue mais au fil des jours elle s'avèrera être un excellent échauffement.
6h45 : contrôle d'Arva et entrée dans l'aire de départ. Un brin de stress !
7h00 : GO ! Ne pas s'accrocher avec ses voisins, ne pas perdre ses peaux ;-), tenir le rythme, ne pas (trop) perdre de vue son (jeune et fringuant) équipier… et on est déjà à la première descente et à la traversée du Planey à pieds. La montée en direction du couloir des Grepay est longue, en neige dure, pas facile de tenir sa place, ça zippe un peu de partout, des skis terminent au ruisseau (si si). Regroupement général au déchaussage en bas du couloir. Dans le couloir les deux traces sont utilisées, tout le monde se suit de près. Freddy est devant, plein d'énergie! Que ces 300m font mal aux jambes, les mollets et les cuisses chauffent dur ! Cela va laisser des traces c'est sûr !
Au débouché du couloir la vue s'élargit sur la suite de l'itinéraire. C'est une longue montée en direction de Cussambon. La file des coureurs s'étire et moi je tire la langue ! J'ai chaud, mauvaise passe ! Aux abords du col j'avale deux gels à l'arrache avant de dépeauter. Devant c'est l'embouteillage pour accéder au couloir de descente, ça joue des coudes. Finalement on prend le parti de papoter avec nos charmantes voisines des Sybelles (parapentistes et qui connaissent St Hilaire !) avant d'attaquer la descente. Le couloir est dur et bien trafollé dans le haut (et oui nous ne sommes pas les premiers !). J'essaye d'aider Freddy du mieux que je peux, pas facile !
Au Merdaret, changement d'orientation, la température est bien fraiche. Il s'agit maintenant de contourner le Mont Mirantin par l'ouest pour accéder au pas de l'Ane. Freddy a les jambes et sort l'élastique. Nous trouvons un rythme qui nous permet de rester au contact des autres coureurs. A l'approche du col je commence à aller mieux, il était temps, je m'alimente.
Pas de l'Ane : la descente vers le Lac est vite avalée, très agréable, en neige moquette. La montée à la Vache Rouge se fait d'abord à skis puis à pieds. Quel beau parcours et quel travail de traçage de la part des bénévoles. Nous leur adressons un petit mot aussi souvent que possible. La fin à pieds fait mal, les marches sont hautes… on échange quelques mots avec les filles à nos côtés, bien sympas ces moments ! En haut on plonge de nouveau versant Est sur une excellente moquette avant d'attaquer le dernier gros morceau.
Dans la première partie rencontre avec Christine et Marc bénévoles de Saint Hilaire qui nous encouragent. Sympa de croiser des visages connus ! Déchaussage et nouvelle montée à pied du couloir d'accès à l'arête de la Grande Journée. J'ai retrouvé la pêche, par contre Freddy accuse le coup. Rapide coup d'œil au paysage : cette crête encornichée est magnifique. J'aimerais bien aider Freddy avec l'élastique, mais sur les arêtes le règlement l'interdit. Un bénévole nous assure que les premiers l'ont utilisé à cet endroit. Cela me rassure, les derniers ne sont pas les seuls à souffrir… Dans le doute je m'abstiens, pas envie de risquer des minutes de pénalité, cela n'arrangerait pas notre situation !
Le début de la descente de la Grande Journée est bien raide avec une corde au milieu du couloir : le jeu consiste à éviter de s'en coller une en accrochant cette corde ! La neige est revenue sur fond dur. Ensuite ce sont de grands espaces que nous traversons en direction des ruines de la Faidaz. La neige évolue de moquette à franchement molle au fil de notre descente.
Repeautage, je sors l'élastique pour aider Freddy dans cette remontée vers le col de la Bâthie. Il fait chaud et soif mais j'ai bien retrouvé le rythme (je suis vraiment de plus en plus diesel, il me faut 3h00 pour me chauffer ). Une randonneuse bien alerte monte à mes côtés et prodigue ses encouragements jusqu'au col : c'est super, vous êtes bien courageux (sous-entendu "à votre âge" ! Non, je blague… Merci à elle !)
De la Bâthie il ne reste plus qu'à "se laisser glisser" jusqu'au Planey. Mais cette descente dans le vallon du ruisseau de l'Argentine n'est pas des plus faciles : nous redoublons d'attention pour ne pas nous blesser ni casser le matériel. A la sortie du boarder nous retrouvons les pistes puis c'est l'arrivée que nous franchissons main dans la main. Très heureux et émus d'être là, avec les mots sympas de Sylvano Gadin (le speaker vedette du ski alpinisme) à notre attention.
5 min pour apprécier le thé au citron préparé par les bénévoles puis il est temps de rejoindre le chalet pour la douche. En se laissant glisser sur la piste qui descend à Arêches les moments forts de la matinée me reviennent à l'esprit. Que ces heures sont denses, riches d'efforts et d'émotions.
C'est encore la course… vite la douche puis direction le restaurant. Nous croisons nos compagnons de chambrée qui reviennent. Ils ont déjà mangé… Quel niveau ! Ils nous apprennent que les premiers ont mis 2h30 et que le délai est de 4h50. Nous avons le doute d'être hors course, ce serait bête !
Le repas permet de se refaire une santé. Pour finir un massage serait bienvenu car les jambes font mal, mais à Arêches les tableaux de réservation sont complets. Nous tentons notre chance au Planey mais sans succès. Tant pis, vite la sieste !
Un peu de calme, il est difficile de dormir après toute cette énergie dépensée. Au moins et se détendre… et se masser pour tenter d'effacer les douleurs. Merci Freddy et Synthol pour le cours d'auto-massage !
Dans l'après midi les résultats officiels arrivent. Nous sommes encore en course ! Ouf ! Les perfs des collègues nous impressionnent : Julien/David 39èmes, Maxime/Mathieu 72èmes, Tibougnat/Jeroen 127èmes …
Pour ma part la fin d'après midi est consacrée à l'entretien du matos : affutage fartage des skis de l'équipe. Pendant ce temps Freddy assiste au briefing.
18h45 : Diner. Freddy nous retranscrit les infos pour l'étape du lendemain. Toujours le beau temps chaud et 2900 m D+ en 6 montées : 98m, 1048m, 634m, 358m, 108m et 548m. C'est la grosse étape de la Pierra… double dose de sucre lents recommandée.
21h00 : la maisonnée s'endort.

21 Mars 2014

5h00 : réveil, un peu moins bien dormi que la veille, il faut s'arracher du lit aujourd'hui !
Petit déjeuner et départ du chalet vers 6h00. L'habituelle montée vers le Bois achève de nous réveiller.
7h00 : départ. Tient, peut être un peu moins rapide le départ aujourd'hui… Courte montée vers le Chornais puis c'est la descente vers Arêches jusqu'au parking de la Serraz par la piste empruntée une heure plus tôt (nous la ferons trois fois aujourd'hui !). Déchaussage au parking et c'est parti pour un footing dans les rues d'Arêches. Avec les planches sur le dos et en chaussures de ski on doit avoir un sacré allure ! Les habitants sont dehors et nous encouragent. Petit rythme de mon côté, Freddy m'attend (la course à pied c'est son truc). Passé Arêches je prends l'option marche rapide en appui sur les bâtons pour économiser les forces ! Nous chaussons peu après le Mappa.
Freddy lévite et moi j'en bave, comme toujours en début de course… Bon souvenirs que cette Roche Parstire faite avec Pierre quelques années en arrière, mais aujourd'hui pas le temps de flâner. Il faut rester avec le groupe. Freddy continue de doubler, moi je stagne en me demandant si j'arriverai à le rejoindre… et elle est longue cette montée… Enfin le passage de la Charmette, ouf ! Descente rapide sur une neige dure (les cuisses brûlent… Je n'arrive pas à me relâcher…) jusqu'aux chalets du Marsia (bons souvenirs encore, n'est-ce pas Pierre, que le casse-croûte dégusté en ces lieux il y a 2 ans…).
La remontée vers le col du Couvercle est longue et éprouvante, aux abords du col une voix : allez Philippe, vas-y ! C'est Fenec73 qui est là ! Ses encouragements me font vraiment plaisir. Voir les compagnons de rando sur le parcours me remonte le moral ! Quelques mots de mon côté pour le remercier et nous filons sur l'arête.
Aux Embouchures plongeon jusqu'au chalet du Coin, nous sommes si proches de la Pierra à cet instant. Dans la longue montée vers le Mont Coin l'élastique est de rigueur, merci Freddy. Le final en NE est un vrai four. Nous somme entourés des équipes féminines et ce n'est pas désagréable je l'avoue ! Quelle énergie !
Pour tous la fatigue se fait sentir, les glissades dans les conversions sont nombreuses. Sur l'arête du Mont Coin nous prenons des infos sur la tête de course : c'est bon, aujourd'hui on aura moins de stress vis-à-vis des délais. La descente du Mont Coin se déroule en versant froid sur une neige dure sur laquelle Freddy s'envole littéralement. De mon côté je n'ai pas récupéré mes cuisses, je serre les dents. Je suis bien en descente d'habitude et là je n'arrive pas à recoller à ce lutin qui me devance…
Au Four nous avons droit à une petite montée avant de descendre le long du lac de St Guérin jusqu'à l'Ami. La piste est plate, j'arrive enfin à me décontracter.
Il fait très chaud quand nous repeautons de l'Ami pour attaquer le dernier gros morceau du jour. Heureusement la première partie de la montée au Bonnet Rouge et ses 90 conversions se fait en forêt (au fait plus très sûr des 90, j'ai loupé le comptage à un moment… pas eu le courage de descendre pour recompter !). Après avoir pris un peu d'altitude on retrouve vite le soleil et la chaleur. Au fur et à mesure de notre montée les conditions de la trace se dégradent. Certains spectateurs redescendent en ski par le couloir que nous montons ce qui ne facilite pas la progression !
Dans le haut je retrouve de l'énergie et veux aider Freddy dont les accus baissent un peu. Je tente de lui passer l'élastique mais il est tout emmêlé et je n'arrive pas à défaire les nœuds. Zut ! Freddy a beaucoup donné aujourd'hui, j'aimerai bien pouvoir l'aider à mon tour…
Nous arrivons enfin au sommet et attaquons la descente sur le Chornais par un passage bien raide et dégarni surveillé par 2 gendarmes. Ensuite le couloir en neige trafollée passe plutôt bien. J'encourage Freddy et lui ouvre le chemin. Il se bat… et en profite pour s'alléger en laissant derrière lui quelques peaux de phoques, sans doute usées et donc inutiles ;-))
Dans le bas nous abordons enfin le chemin, véritable boarder cross et nous pouvons filer plus rapidement.
Arrivée main dans la main bien sûr, après un peu plus de 5 heures d'efforts. Que c'est beau mais que c'est dur ! Emotion ! Nous avons beaucoup côtoyé les équipes féminines aujourd'hui : Claudia, Marina, Cristina, Alexia… Bravo. Dans l'aire d'arrivée chacun se congratule, des larmes coulent.
Un petit verre de thé et nous (re-re) prenons la piste vers Arêches.
Douche, repas au Christiana (super comme d'habitude !) et cette fois ci massage (Merci Julien pour la résa ! ;-))
On m'avait dit que le massage était essentiel pour une bonne récupération et c'est certainement vrai. "Doigts de Fée" ne m'a pas rendu les jambes de mes 20 ans, mais plus probablement celles de mes 40 et ce n'est déjà pas si mal ! Merci à lui.
Ensuite c'est le rituel des après-midi d'une Pierra : sieste, SMS, collation, affutage, fartage, briefing.
18h45 : diner. Comme à l'accoutumée Freddy nous débriefe. Au menu du lendemain l'étape du Grand Mont avec 2600m D+ en 5 montées : 1140m, 522m, 377m, 263m, 304m. Pour la météo, après avoir vécu l'été, l'automne est annoncé : temps nuageux et frais. Encore un beau morceau !
21h00 : dodo

22 Mars 2014

5h00 : réveil. Enfin… réveil n'est pas approprié. J'ai passé la nuit à me réveiller. Il y a de l'animation dehors pour cette étape. Les foules se pressent pour prendre le télésiège et nous encourager. Il faut être au rendez-vous. Freddy lui a bien dormi, veinard ! Allez… debout !
Le petit déjeuner ne passe pas plus rapidement que les autres jours mais maintenant je commence à être habitué.
David et Mathieu sont concentrés, m'enfin eux c'est une autre dimension en termes de classement… dans les 30 et les 60 !
6h00 : le temps est gris, effectivement ce sera l'automne aujourd'hui. Remontée habituelle vers le Bois.
7h00 : départ. Toujours aussi rapide et dur de suivre la cadence ! Il faut bien gérer, ne pas être trop dans le rouge mais ne pas (trop) décrocher non plus ! Comme d'habitude Freddy est devant, je me concentre pour ne pas laisser trop de distance.
Nous sommes encore dans les bois et en levant les yeux nous apercevons la tête de course tout là haut, proche de la Forclaz. Des avions de chasse, vraiment ! Pour nous c'est long… Enfin le déchaussage pour le couloir d'accès à la Forclaz. D'ici on perçoit déjà le bruit des cloches et les clameurs de la foule… Frissons… Pour être venu encourager les coureurs l'an passé je réalise que nous allons vivre cela de l'intérieur aujourd'hui. Quelle aventure !
Après cette grimpette à pied, voilà nous y sommes. La vue est imprenable sur la haie de supporters qui s'étire jusqu'au col. On rechausse et on entre dans l'arène. Des encouragements de tous les côtés, les cloches, les senteurs de fondue, de vin blanc... Les skis ne semblent plus rien peser... Allez Freddy, allez Philippe ! C'est Sam de St Hilaire qui est venu nous encourager. Merci ! Quel plaisir d'être au milieu de cette vraie fête populaire. On oublie la douleur un instant. Je me remémore l'an dernier quand j'avais vu les coureurs à cet endroit en tant que simple spectateur. Je m'étais dit : cela doit faire quelque chose d'être de l'autre côté et de faire partie de la course. C'était un rêve que je ne pensais pas accessible… Des frissons, beaucoup d'émotion, quelques larmes je l'avoue… Nous arrivons déjà au dépeautage.
La descente nous coupe brutalement de l'animation du col, il fait jour blanc, on ne voit pas le relief et mais pas question de traîner. La remontée du Chalet des Rognoux à la côte 2449 se fait dans le calme absolu, quel contraste avec la Forclaz. J'étais venu encourager Sam l'an dernier sous le Rognoux… Souvenirs… Je ne suis pas au mieux dans cette portion… Bientôt la bifurcation des Jeunes à droite vers l'arête de l'antécime. Il y a de l'animation là bas. Pour nous ce sera plus tard. Nous poursuivons en direction de la côte 2449m qui n'arrive pas vite ! Il fait gris, le vent est froid. Dépeautage. Descente vers le col de la Louze sans bien voir le relief. Pas grand monde par ici… Remontée vers la côte 2482, je commence à me refaire une santé, mais pas encore assez pour passer devant. Au sommet Sam et son copain sont là pour nous encourager. C'est bien bon de voir des têtes connues ! Courte traversée descendante avec les peaux pour rejoindre la base de l'arête. On attaque gonflés à bloc ! J'adore ce terrain. On est aux coudes à coudes avec les Chartrousins de l'équipe Raidlight (B. Laval et Julien son équipier), ça frotte ! S. Mougin est juste devant. Pas facile de doubler mais on y arrive quand même ;-) On ne traîne pas à l'antécime, le vent est toujours aussi vif. L'attaque de la descente surprend un peu, il faut passer le talus ! Ensuite jour blanc et brouillard vers le Lac Cornu. Plusieurs fois je me retourne pour voir où est Freddy. Il se bat ! Devant Olivier "YogiTea" m'ouvre le chemin… Derrière j'ai peur que Freddy ne se perde… Au final l'équipe se reforme au Lac Tournant. Je sors l'élastique, bien content d'aider mon fidèle compagnon. Cette remontée en direction de Tête Rouge se fait en compagnie des frères Bagnères. Le final sur une croupe dégarnie est beau et convient bien à Freddy. Au sommet encore des supporters : Christophe de St Hil nous encourage ! Vraiment merci à vous tous les gars de St Hil, vous aurez été là tout au long de cette étape !
Dépeautage et dernière longue descente de 1100 m vers l'arrivée. Freddy est à la lutte, rapidement nous retrouvons la piste empruntée à la montée ce matin. C'est un véritable boarder et enfin on peut se lâcher, mais méfiance il faut rester vigilant. Tiens un ski tout seul au bord du chemin ? Plus bas un groupe de bénévoles entoure un concurrent… Nous apprendrons par la suite qu'il s'agit d'une concurrente de l'équipe fille n°6 qui s'est blessée. Dure cette course… Passage sous le portique, ensemble, comme toujours ! Ca va le faire on va réussir à la boucler.
Moment de partage avec les concurrents avec lesquels nous avons passé cette matinée. Intense moment de partage entre équipiers, que de moments forts nous aurons vécus ensemble. Intense moment également quand nous apercevons Nadège venu nous encourager. Merci à elle ! Quelle volonté d'avoir fait le trajet avec sa petite famille pour nous soutenir. Que cela nous fait plaisir. Encore des bises, quelques photos et c'est le moment de redescendre… Pas le temps de souffler.
Cette fois il pleut et c'est bien trempés que nous arrivons à Arêches. La porte du chalet ouverte nous somme saisi par la forte odeur "animale" émanant des lieux… Tout le matos de nos colocataires arrivés avant nous sèche à l'intérieur au dessus des radiateurs poussés à fond… Pour faire bonne mesure nous allons ajouter notre odeur à celle des autres !
13h00 : déjeuner au Christiana, parfait. Les lasagnes furent très bonnes. Aujourd'hui la séance de massage nous a été réservée pour 16h00 (re-merci Julien ;)), nous flânons avant de revenir au Chalet. Petit passage obligé chez le photographe des lieux : super il a des clichés de notre équipe ! et bim la CB chauffe !
Courte sieste puis séance de massage. Cette fois j'ai droit au chef de l'équipe : tout y passe y compris ce pyramidal qui me joue des tours. C'est juste une pointe musculaire dit le monsieur. Pour une pointe, effectivement elle fait mal. A côté Jeroen a droit au "Bûcheron", il résiste !
La fin d'après midi est consacrée au matos : fartage des skis et des peaux (Merci Mathieu, Jeroen, Tibougnat pour les conseils techniques). On peaufine avec un peu de WD40 sur les skis pour éviter que la neige fraîche ne colle… Non non Freddy j'ai bien dit "sur les skis", pas dessous, juré !
18h45 : dernier diner au Christiana… Déjà ! Apéro Beaufort organisé d'une main de maître par Tibougnat ! Bien sympa de se retrouver tous là la veille de la dernière étape. Freddy nous communique les infos pour demain : 1500m D+ en 3 montées, +795m, +127m, +550m. Temps hivernal : neige et vent prévus. Départ retardé à 7h30, cool ! Il faut emmagasiner de l'énergie ! Mme Blanc et son équipe s'en occupe avec brio !
21h30 : après avoir préparé le sac, rempli les pipettes d'eau et de substances énergisantes et bien débattu de sujets majeurs et complexes (combien de couches tu mets toi ? manches longues ou manches courtes sous la combi ? les patrouilles des glaciers elle glissent mieux que les Pomoca sur neige fraîche ? tu réserves une paire de peaux pour la montée au départ et tu la changes avant de partir ?) nous éteignons les feux.

23 Mars 2014

5h00 : réveil. Le bruit de l'élasto à côté de moi donne le signal ! Coup d'œil par la fenêtre : comme prévu il neige. La levée du corps est bien dure ce matin, guère dormi, mais bon c'est la der. A côté Freddy tousse, il a pris froid hier… On se motive.
Petit déjeuner puis départ d'Arêches dans une ambiance bien humide. Quel contraste avec la météo des premiers jours.
7h30 : départ nerveux. Freddy se colle derrière Alexia, j'essaye de rester au contact. Toujours pas ma tasse de thé cet exercice, mais je résiste. Rester collés et ne pas se faire doubler. Rapidement vers 1500m nous laissons le chemin pour bifurquer à droite dans le ravin du ruisseau du Grant Mont. Embouteillage à la bifurcation, c'est la surpopulation ici ! Chacun défend sa place. Dans la montée il m'arrive de zipper dans les conversions, je dépense beaucoup d'énergie sur les bras. Freddy donne le rythme et ne lâche rien, nous avons mis l'élastique et j'essaye de rester collé à ses talons pour ne pas le solliciter. A la sortie de la forêt je m'aperçois qu'une des peaux de Freddy se décolle, zut de flûte, pas çà ! Effectivement quelques dizaine de mètres plus loin elle nous oblige à un arrêt dont nous nous serions bien passés. Les coureurs que nous devancions défilent…
Dépeautage puis courte descente de 60 m vers les Vestiges. Remontée d'une centaine de mètres vers le lac de Brassa. On descend ensuite dans une neige profonde dans laquelle nos skis étroits ne font pas de miracle. B. Laval me devance et m'ouvre le chemin (merci à toi !), Freddy me suit.
Repeautage aux Combettes, je change de peaux et sort mon strappal pour l'avoir à portée de main au cas où il faille fixer une peau décollée. Nous entamons la longue montée vers le col de la Grande Combe dans une ambiance feutrée, derrière Claudia et devant Bruno. Freddy est devant, quelle forme il tient dans cette montée, accroché à l'élastique je le colle pour minimiser la traction. Je prie pour que nos peaux tiennent jusqu'au bout car nous n'avons plus de rechange. Au fur et à mesure de notre progression le temps se dégrade. Aux abords du col la visibilité chute, le vent vif et le grésil font leur apparition. On serre les dents, pas question de mollir dans cette tenue. Le tracé des jeunes rejoint le nôtre non loin du téléski de la Grande Combe. De là il nous reste à monter à la pointe de la Grande Combe cachée dans le nuage. Ce n'est pas gagné, la neige est très zippante, nous progressons avec difficulté, sans visibilité en luttant contre le vent de SW glacial et le grésil qui nous mordent le visage. Parfois les rafales sont si violentes que nous devons nous arrêter.
C'est complètement transis que nous arrivons à la Grande Combe. Ce sommet marque la fin de la dernière ascension de la Pierra.
La descente qui fait suite est épique: les 40 à 50 cm de poudre lourde et trafollée dans le jour blanc et le vent sont propices à de belles figures de la part des Juniors qui n'hésitent pas à mettre skis par-dessus tête !!! Les vieux suivent, plus sagement (mais moins vite c'est certain). Freddy n'y voit rien, son masque est recouvert d'une pellicule de glace. Je tente de lui passer le mien, il est malheureusement dans le même état. Zut et il n'a pas de lunettes de rechange… Re Zut ! Les minutes filent…
A en perdre la voix je crie tous mes encouragements à Freddy. Il paraît que j'ai impressionné certains bénévoles… mea culpa. Plus bas vers le télésiège de Piapolay le temps est plus clément, la visibilité augmente et nous pouvons nous lâcher.
Un dernier effort et c'est l'arrivée. Ca y est nous passons sous le portique. Cette Pierra dont nous rêvions nous l'avons bouclée. J'en suis tellement heureux. J'embrasse Freddy, l'émotion me submerge, je ne peux retenir mes larmes. Je réalise ce que nous avons fait et tous les efforts consentis depuis 3 mois pour y arriver. Freddy me réconforte, je dois l'impressionner car cela ne me ressemble pas trop de lâcher prise. Je reprends le dessus et nous allons congratuler les autres concurrents que nous avons côtoyés. Moments chaleureux d'émotion vraie. Que ce sport est riche et combien j'aimerais que mes enfants le découvrent. Nous saluons également Sylvano Gadin, le speaker de la Pierra, "la voix du ski alpinime". Quel talent, quelle humanité. Savoir être là et trouver les mots pour tout le monde, de l'élite aux derniers. Bravo et merci !
Une dernière fois le verre de thé réconfortant et nous glissons vers Arêches et le chalet. Le temps a passé si vite, la dernière étape est finie, non, demain nous ne remonterons pas !
Douche et rangement sont au programme avant de rejoindre Beaufort pour le repas de clôture.
La table d'apéro est gigantesque et digne de l'évènement : nous y faisons honneur tels des morts de faim. C'est avec plaisir que nous trinquons à notre course en compagnie d'Olivier. Nous dévorons rapidement l'excellent plateau repas et participons à la remise des prix du Rhône Alpes Challenge, un de nos sponsors !
Les bonnes choses ayant une fin, il faut bien se résoudre à rentrer non sans avoir sacrifié à l'achat de quelques kilos du meilleur fromage local.
Le trajet retour se passe en se refaisant la course mais aussi en pensant aux projets futurs. A l'arrière Tibougnat récupère ! Nous retrouvons Saint Hilaire sous 10 cm de neige : la saison de ski recommencerait elle ? Petit détour par la mairie afin de remercier chaleureusement la municipalité pour son soutien dans ce projet et également pour accomplir notre devoir d'électeur ! ce qui s'appelle faire d'une Pierra deux coups !
Arrivée à la maison : c'est vibrant d'émotion que je serre Aurélien dans mes bras, j'espère pour lui qu'il vive des choses aussi belles et fortes.
Aussitôt rentré au bercail c'est un peu la sensation de vide, voire de manque après des jours si forts. Nous prolongeons le plaisir en visionnant les photos chez Freddy autour d'une bonne bière.
Voilà… Que dire de plus ?

La Pierra fut un beau projet qui nous a porté tout cet hiver. Elle fut à la hauteur de notre rêve. Une course d'équipe marquante, magnifique, énorme ! De part la qualité du parcours, la qualité de l'organisation, l'engagement des bénévoles, le soutien des supporters, le niveau des concurrents… Bref une expérience majeure ! Nous avons côtoyé de très près le meilleur niveau mondial et sommes très heureux que nos compagnons, Julien, David, Max, Mathieu, Jeroen, Olivier en fassent partie… Grand merci à eux pour leur coaching !

Nous aurons en tête tous ces instants pendant longtemps : les conversions à la suite d'Alexia, en compagnie de Claudia et Marina, les rochers de l'antécime du Grand Mont avec Benoît, la magnifique chevauchée de l'arête de la Grande Journée, la montée au Mont Coin, la traversée d'Arêches en courant, la montée infernale du Bonnet Rouge, les amis venus nous encourager, les descentes où l'on ne sait plus comment aider son équipier, le mauvais temps à la Grande Combe, les moments de tension, les moments de joie, la haie humaine à la Forclaz, les arrivées, les repas chez Mme Blanc, les conseils des copains, les massages, cet élastique qui nous a si souvent reliés...



Pierra Menta 2014 - J1 : Freddy - Vers la Vache Rouge
Pierra Menta 2014 - J1 : Freddy - Vers la Vache Rouge
Pierra Menta 2014 - J1 : Ma pomme - Vers La Vache Rouge
Pierra Menta 2014 - J1 : Ma pomme - Vers La Vache Rouge
Pierra Menta 2014 - J2 : Vers le Col du Couvercle
Pierra Menta 2014 - J2 : Vers le Col du Couvercle
Pierra Menta 2014 - J2 : Vers le Col du Couvercle
Pierra Menta 2014 - J2 : Vers le Col du Couvercle
Pierra Menta 2014 - J2 : Descente du Mont Coin
Pierra Menta 2014 - J2 : Descente du Mont Coin
Pierra Menta 2014 - J2 : Descente du Mont Coin
Pierra Menta 2014 - J2 : Descente du Mont Coin
Pierra Menta 2014 - J3 : Passage de la Forclaz
Pierra Menta 2014 - J3 : Passage de la Forclaz
Pierra Menta 2014 - J3 : Passage de la Forclaz
Pierra Menta 2014 - J3 : Passage de la Forclaz
Pierra Menta 2014 - J3 : Passage de La Forclaz
Pierra Menta 2014 - J3 : Passage de La Forclaz
Pierra Menta 2014 - J3 : Attaque de l'antécime du Grand Mont
Pierra Menta 2014 - J3 : Attaque de l'antécime du Grand Mont
Pierra Menta 2014 - J3 : Arrivée J3
Pierra Menta 2014 - J3 : Arrivée J3
Pierra Menta 2014 - J3 : Arrivée J3
Pierra Menta 2014 - J3 : Arrivée J3

Commentaires

B
berny, le 26.05.14 08:21

Plus d'un mois pour rentrer la sortie, il était bien entamé le Philippe !!! 😄 😄 😄
Génial ! - ça fait réver 🙄

P
PL5, le 27.05.14 14:12

Oui mais la ça valait vraiment le coup d'attendre un mois 🙂
Bravo encore 😉 pour être allé au bout du rêve...

S
sagarmata, le 27.05.14 21:15

Je me permet de rajouter quelques moments ;
Le jour de l'inscription , 1 bouteille de Bordeaux .
Le jour de la validation de l'inscription , 4 ou 6 bières je crois .
Le jour de .......... , une autre bouteille de , je sais plus 🤣 🤣 🤣
Je tenais également à souligner le soutien financier de notre petite commune , Saint Hilaire du Touvet , qui nous a financée une partie de l'inscription . Nous étions également inscrit via la région Rhône Alpes , Le Challenge , avec le soutien de Martine Lange , responsable à l'OT de St HIL .
Je retiens également les heures d'entraînement after taf , de nuit , sur notre petite station de St Hil , les dizaines de milliers de mètres en Belledonne , pendant que nous rêvions de la Pierra . Tu crois que l'on peut boucler ? ouais ouais , bien sûr , p..... 🤭
Un équilibre dans ce duo c'est installé , après des dizaines et des dizaines d'heures passé ensemble .
La saison 2013 , 2014 restera une de mes plus belles , avec un équipier et ami efficace , fou de sport et de montagne , perfectionniste , et meilleur que moi en descente Non Di Diou !! Va bin s'passer Kek chose l'hiver prochain 😉

4
4carres, le 28.05.14 23:00

Voici une super aventure vécue par deux potes et un moment qui restera j'imagine à jamais gravé dans vos mémoires. Moi, j'dis : chapeau bas...
Le témoignage est je trouve vraiment émouvant.
Et quelle précision dans le récit, Philippe : si tu es aussi précis ds les manips de peaux, il ne doit y avoir un poil qui dépasse !!! 🙄

M
marco39, le 15.11.14 12:50

Avec le soutien de Marie Bochet en photos 8 et 9, qui venait de décrocher 4 médailles d'or à Sotchi la semaine d'avant...

poudreuse38, le 08.01.15 22:39

Effectivement ! Merci marco39, tu as l'oeil ! 🙂

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