Départ : Freydières (1130 m)
Topo associé : Pic du Grand Doménon, Couloir Nord-Ouest
Sommet associé : Pic du Grand Doménon (2802 m)
Orientation : NW
Dénivelé : 1700 m.
Ski : 5.1
Faune : cet itinéraire passe près de zones sensibles. Voir consignes sur fiches topo
Sortie du dimanche 14 février 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Ciel bleu, pas de vent, grand froid.Etat de la route : Route déneigée jusqu'à Freydières
Altitude du parking :1132m
Altitude de chaussage (montée) : 1132m
Altitude de déchaussage (descente) : 1132m
Activité avalancheuse observée : Avalanches spontanées sur les faces Sud raide. Grosses coulées notamment au dessus du Lac du Crozet et vers le verrou avant les lacs des Doménons.
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
---|---|---|---|---|---|---|
Freydières + forêt | 1200m | W | 8h | Trafolée | Assez peu reneigé dans les bois avec quelques passages un peu léger (cailloux) | |
Lac du Crozet | 2000m | W | 10h | Croutée fin | Grosse variation de neige. Tantôt poudreux, tantôt croute légère | |
Lacs du Doménon | 2400 | S | 11h | Poudre | Un peu de poudre par endroit, de la trafolle et de la croute | |
Couloir NW Pic Grand Doménon | 2650m | NW | 13h | Poudre tassée | Dépend beaucoup de l'expo dans le couloir. |
Activité avalancheuse signalée dans la zone ce jour, voir la carte.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Itinéraire classique du couloir NW > remontée à pied dans le couloir
Aujourd'hui est un jour saint parait-il, un jour ou l'on retrouve celle qu'on aime pour passer un moment agréable. L'amour réciproque qui se dévoile ou pour les cyniques une fête commerciale qui sert de prétexte pour relance un couple qui bat de l'aile.
Aujourd'hui, j'ai donc décidé de faire honneur à la Saint Valentin en allant retrouver celle que j'aime, mon premier amour. On réunit une solide équipe pour s'attaquer à une ligne qui soit digne de l'occasion. Une ligne longue à l'accès, une ligne qui se mérite. Après tout l'amour se prouve par des actes plus que des mots et des paroles. Donc le Couloir NW du Pic du Grand Doménon.
Départ de Freydières au petit matin, les 900 premiers mètres se terminent assez rapidement (enfin pour les deux autres, personnellement je suis à l'agonie) et on peut commencer enfin la partie sérieuse de la randonnée. Réflexion faite, le vrai problème de Belledonne c'est la pénibilité d'accès pour avoir le droit de skier des belles lignes. C'était déjà le cas pour les Grands Moulins et une fois de plus c'est le cas pour le Grand Doménon. Si je suis optimiste, je me dis que la difficulté et la longueur des accès garantie des faces réservées au plus déterminé et qui peuvent rester longtemps en conditions. Si je suis pessimiste, je me dis que plus de la moitié du dénivelé ne sert à rien et que se farcir 1300D+ pour seulement 400m de couloir est d'une cruauté sans nom, qu'on ne m'y reprendra plus et que de toute façon l'année prochaine je déménage dans les Aravis pour ne plus avoir de problème. Mais au lac du Crozet la beauté des lieux me fait oublier mes sombres pensées, elles se tournent vers le sommet bien qu'on ne le voit pas encore. On monte, on descend. Comme les montagnes russes d'une relation. Alors on persiste et on finit par s'élever, la rando comme la relation prend de l'altitude. Après les déprimantes traversées plates on arrive en bas de la face, qu'on remonte par la même trace que pour aller à la Croix de Belledonne, puis qu'on quitte au niveau d'une épaule pour passer sous des barres. Le but est de remonter le couloir pour voir s'il est en condition car on craint tout de même une avalanche.
Crampons aux pieds on remonte lentement la face. Par endroit ça brasse beaucoup avec une grosse plaque en surface (±20cm) et en dessous on s'enfonce. Compliqué à monter, on craint surtout un départ de plaque. Sur les cotés la neige tient mieux, on trouve même un peu de glace qui nous facilite la tache. Le sérieux revient dans le groupe, on sait qu'ici la montagne, aussi aimant qu'on puisse être à son égard, ne nous fera pas de cadeau. Pas même pour la Saint Valentin. Et pas envie que le bouquet de roses soit pour fleurir une stèle tombale. On se concentre. On se concerte. A quelques reprises on hésite à faire demi-tour quand on voit le manteau neigeux. Finalement on progresse par palier, avant de se rendre compte nous sommes dans la partie finale à 50° avec des jolis motifs de glace qui ornent la neige pour la sortie. Le sommet est aussi aérien que le disait le topo. On a envie de céder à l'ivresse du sommet mais encore trop conscient que la descente demandera de la présence d'esprit. Les premiers virages sont tendus avec un fond bien dur par endroit mais très rapidement on trouve nos marques dans le couloir. Ca skie bien, ça skie facile, c'est plaisant et la neige à l'air de bien tenir. Ca sera notre cadeau de saint Valentin. En bas on peut enfin céder à l'euphorie de ceux qui ont fait une belle chose. C'était notre première fois à tous dans le 50°ème degré. La ligne était belle, magnifique, splendide. En bref on en revient pas de l'avoir fait. La suite de la descente sera une alternance de jeu à 3 en ski, dans la bonne humeur et de lancées de bouquets de fleur les uns aux autres.
A ce moment là je me souviens pourquoi la montagne est mon premier amour. Y a-t-il beaucoup d'endroits qui permettent une telle union des coeurs dans la joie de la réussite ?