Départ : Les Achards - Piste forestière (1150 m)
Topo associé : Obiou, Versant Nord Ouest, Tête de Malpasset
Sommet associé : Obiou (2789 m)
Orientation : NW
Dénivelé : 1640 m.
Ski : 5.3
Sortie du samedi 13 avril 2019
Conditions nivologiques, accès & météo
Caplain c'est la gars in da placeEtat de la route : bagdad
Altitude du parking : 1300 mais c'était plutôt une route qu'on a barré
Pour les conditions de neige tu te farciras le récit, là je n'ai ni le temps ni l'envie.
Activité avalancheuse observée : pas mal de neige sur les pentes de l'arête. Sinon RAS
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Boucle de l'enfer, entre ciel et purgatoire vaporeux, en passant par le chalet de Bachillanne pour monter sur le Rattier, en AR
« Situé à l’entrée du massif du Dévoluy, entre les Ecrins et le Vercors, le mont Obiou est un véritablement imposant. Certains iront même jusqu’à dire que l’Obiou est à La Mure, ce que le l’Olympe est à Athènes. Et ils n’auront pas tort. En effet depuis le début du 19 siècle avec la création de la Compagnie des mines de La Mure, les croyances allaient de bon train. En effet les habitants de la commune catholique, et surtout les mineurs, croyaient que le mont Obiou était habité par une divinité, qui aurait eu pouvoir sur la mine. Il était coutume de sacrifier en bas de la montagne vaches et 8cochons, toutes les nuits de nouvelle lune, afin de chasser la malchance dans la mine et ainsi prévenir les coups de grisou et les effondrements. La rumeur court encore que même des vierges y étaient sacrifiées en périodes de grande difficulté. »
Voyages ethnologiques en terre française : vol XXIII l’Isère, René Hyppolite, ethnologue et géographe, 1903
Il avait raison René Hyppolite, le mont Obiou est véritablement imposant, on pourrait même l’appeler l’Eiger du Trièves, tellement il en jette.
Mais en cette matinée de mi-avril, impossible de le voir avec ce bas plafond nuageux. Encore à moitié endormis, on a plus l’impression, avec le Haut Alpin, de rouler au fin fond de la campagne pour aller à une fête dans une ferme du coin, avec bidons coupés en deux pour le barbeuc, merguez végan, des chiens, des punks et le tout se terminant en free party (pour les membres du CAF sénior, je vous laisse chercher la définition sur wikipedia).
Il est vrai qu’on aurait pu penser qu’il aurait été plus judicieux en cette période de réchauffement climatique, d’aller plutôt vers les Ecrins. Les nivoses disent que c’est bon, les sorties skitour disent que c’est bon, on sait que c’est bon, mais le Haut Alpin n’en demord pas, il veut, et je souligne ce mot, faire cette putain de Nord Ouest de l’Obiou.
Il m’en parlait déjà il y a quelques années alors que je ne savais même pas ce que c’était des skis et encore moins la pente raide. Mais voilà, il y avait probablement mieux à faire en ce nuageux week end d’avril que de prendre un paris en mode roulette russe avec 5 balles dans le barillet.
Sauf que le Haut Alpin est toujours convaincant, et cette fois ci il m’a fait les yeux de chat botté dans Shrek 2 (pour le CAF sénior, c’est un film avec un clochard obèse avec des problèmes de peaux qui voit des animaux qui parlent, et qui kidnappe une jeune bourgeoise pour la violer). Donc bon j’ai craqué. Et puis il est vrai que la photo de la Nord Ouest m’a mis la puce à l’oreille, on dirait que tu vas te lancer dans un mur vertical sans issues, au-dessus de bonnes barres. Le truc débile quoi. Et finalement il m’a conquis quand il m’a dit qu’il avait un « pressentiment, man »
Enfin bref nous voilà enfin arrivés sous le monstre qui est encore complètement pris par les nuages. On prend le chemin de terre qui te donne l’envie de lâcher un peu de tunes dans un hummer, tellement elle est peu carrossable, et on commence à monter. Stop à 1300m et des brouettes à la première langue glacée. On est contents, on aurait quand même bien aimé monter plus haut en caisse, on se fait la remarque qu’une motoneige serait quand même top.
Ce qu’il faut savoir c’est qu’avec le Haut Alpin, on a décidé d’être plus intelligents que les autres, et qu’on ne monterait pas dans l’affreux Couravou, car nous n’avons aucune envie de nous faire mettre en pièces par une coulée de pierres. Alors oui nous portons des casques (des vrais même, pas comme ces fiottes à Buff qui polluent les forums), mais là c’est plutôt de l’ordre de la confiture de freerandonneur.
Du coup on s’est dit qu’on monterait par le Rattier en passant par le Chalet de Bachillianne. Montée pépère avec clopes et bières par la route, pas de pentes dégueux, bref la ballade. On avait regardé la carte, ça n’avait pas l’air trop long, temps une heure et on serait au Malpasset.
Bref, on continue à monter dans la purée de poids, skis sur les épaules (on porte depuis la voiture, car on est tellement intelligents qu’on coupe par la forêt entre les lacets), et on se dit que ce petit voyage en terre d’Ecosse, c’est quand même top.
On continue à vouloir couper, on se perd dans la purée de poids, on prend à gauche trop rapidement, le vent se lève, les nuages se cassent, et voilà, on s’est trompé, et on est sous la barre du Rattier.
« T’as de la crème solaire »
« Non »
Ca va être une bonne journée.
Fourvoyage sur des croupes boueuses et herbeuses sous le Rattier, on arrive finalement en haut de l'arête. Sans tous ces nuages on peut finalement voir le Malpasset, au loin, vraiment loin, un peu trop loin à notre goût. Genre abusément loin. Et entre nous et le Malpasset une putain d’arête. Le genre d’arête que tu fais lors de ton weekend CAF sénior, avec sac de 50 kilos pour la journée, crampons en plomb, des cordes, bref de l’alpi quoi. Pas du tout prévu ça. Bref on mets les crampons, on se dit que la crème solaire c’est placebo et que le mélanome c’est dans la tête (ce qui est vrai quand t’as des métastases cérébrales) et on part à l’aventure.
Putain c’est quand même aérien, c’est vraiment bon. Enfin oui, mais non, mais presque. La neige est pourrie, croutasse infâme, avec neige lourde qui botte ses morts.
Chiant quoi.
On ne vous racontera pas cette traversée tellement elle était ambivalente entre sa chiantardise secondaire à la lenteur de notre avancée, et la beauté du paysage nous entourant. Vous allez rarement me voir écrire des niaiseries sur la beauté de la nature, ça me donne l’eczema et l’envie de me tirer une balle. Mais là il faut l’avouer que le Dévoluy c’est beau et sauvage.
On avance et on se dit que si la neige est comme ça dans le face, ce sera le but. Le but chiant. Le but où tu ne peux rien faire d’autre. Le but où tu dois revenir à pied par l’arête et l’arête prends beaucoup plus de temps que prévu.
« Rémi, si on se prend un but, je vais te planter le piolet dans le cou »
« Mais non tu es fan » me dit il avec son grand sourire
Il n’a pas tort ce con. Je suis fan.
Fast forward, après une pause caca en bas de la face (il ne l’a même pas couverte l’animal, avis aux répétiteurs, mais bon vu que le prochain viendra dans 2 ans…) on continue dans notre lancée continue ski sur le dos. Entre parenthèse, (ah ah je suis drôle) on a quand même mis les peaux sur 100 mètre sous la face pour nous respecter un peu.
La neige est étonnamment bonne, comme la voisine, donc à comprendre, elle était pas non plus ouf guedin, mais on s’attendait à bien pire, et donc on était contents, avec nous sourires de connards à se dire qu’on allait se faire un HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP HOLDUP…. Non je rigole j’arrête, on a déjà eu des problèmes avec cette blague.
Bref poudre tassée, travaillée, changeante et un peu croûtée, mais largement de quoi faire du bon ski de pente raide.
Arrivés sous la corniche, nous bloquons un mettre en dessous car c’est béton armé, et que finalement on s’en branle d’arriver au sommet.
On se lance dans la pente, le début est raide et la neige tient bien. On fait gaffe, c’est un peu les dents de la mère, et on arrive en bas bien contents.
On essaye tous les deux de simuler une crise épileptique, mais on est des bien piètres acteurs, et on se dit qu’en cas d’appel fallacieux au PGHM, ils nous gaulleraient direct.
C’est ainsi que la mort dans l’âme nous remettons les crampons au pied, et nous reprenons notre chemin de croix en sens inverse.
C’est beau, mais peut être un peu moins après une journée entière en montagne, voir même pas du tout à ce moment.
On arrive au col de l’autre côté, on traverse le vallon skis aux pieds, et on arrive jusqu’à la caisse.
On est content
Fist Bump
Le Haut Alpin verse une larme
Pas de BK, mais on est passé par la boucherie de Mens, c’était ouf, on vous conseille le pâté aux figatelles.
La baise
A la prochaine