Départ : Cervières (1636 m)
Topo associé : Le Lasseron, couloir N
Sommet associé : Le Lasseron (2702 m)
Orientation : N
Dénivelé : 1060 m.
Ski : 5.2
Sortie du mercredi 21 février 2018
Conditions nivologiques, accès & météo
Alternance nuage-soleil, iso 0° 700m > 1100m, vent faible irrégulier et froid. Etat de la route : sec
Altitude du parking : 1630m
1630-2000: fond dur regelé avec 5cm de poudre froide fraîche.
2000-2300: 10cm de fraîche posée sur un mille-feuille de couches dures ou friables, dont seules les 2 premières, sous la fraîche, semblent transformées. Plusieurs déchirures du manteau laissent voir le sol…
Altitude de chaussage (montée) : 1630m
Altitude de déchaussage (descente) : 1630m
Activité avalancheuse observée : RAS. Face globalement pauvre en neige
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Je n’aime pas les romans de Jules Verne, mais comment résister à l’appel de ce voyage au cœur de la montagne ?
Je n’aime pas la speleo mais, au Lasseron, on voit toujours le ciel. QUand il y a un ciel. Et quand il y a de la neige.
Bref, je n’aime toujours pas Jules Verne, et je ne suis toujours pas passé à travers le Lasseron.
Leçon 1 : la nivo n'a pas de niveau, c’est le problème des BERA qui vous disent 2-3 voire 4 localement. Informateur n°1 (professionnel du ski passant ses journées en face de la face) : « cela doit pas être mal du tout avec les températures très froides qu’on a eues depuis 10 jours » (pas faux… en surface). Informateur n°2 (professionnel passant ses journées dans un magasin de montagne) : « versant Nord ? Faut fuir ! C’est tout plaqué !! » (pas faux… mais dans un couloir aussi étroit ?). Informateur n°3 (skieur qui redescend d’un versant nord tout proche: « Tout pouououououdre ! C’est gavaaade ! » (les promesses n’engagent que ceux qui y croient… Je ne demandais qu’à croire :-( même en voyant le champ de bosses dont le gars redescendait).
Jour J : le plan B qui était devenu A (un couloir S qui aurait potentiellement pu être éventuellement en moquette) tombe à l’eau, vu les nuages et le petit vent très froid. Donc plan B (ex-plan A avant l’autre plan A). Bon regel au départ. Bon grip dans le cône. Qui n’offre pas toutes garanties attendues : des accus, des couches dures décapées par le vent, du millefeuille… mais rien de "critique" non plus… Je continue, la situation décante : dans une ancienne coulée bien recouverte, cela semble assez safe, alors que sur la gauche il y a nettement une couche dure posée sur du mou… J’optimise la trace, et j’entre dans le couloir proprement dit. Un bon 30°, très localement plus… Nemo cherche la poudreuse promise. Une baleine blanche apparaît : ah non, c’est une accumulation, posée sur une couche dure, heureusement portante, heureusement pas longue. Sondage : tiens, le bâton enfonce… Un trou ? Tiens, on voit les cailloux… Conversion façon poulpe géant, encore 30 m… toujours cartonné ou plaqué. Non, décidément, je ne le sens pas, j’ai déjà vu cette configuration nivo. Demi-tour dans une neige finalement bien skiante… Mais pas de regret. Quoique. Aaargh, que c’est dur de faire demi-tour :-(((
Et, tiens, si j’allais visiter cette entaille qu’on ne voit qu’elle quand on monte par la route aux Fonts de Cervières. Allez hop, re-autre cône. Quelques conversions plus tard, je suis à l’entrée de la bête, avec l’impression d’être sur un pont suspendu : rimayes, millefeuilles… J’arrête les conneries, tout cela est très joli, mais j’esaierai de trouver une carte postale. Cassos (dans une neige toujours assez skiante mais plus irrégulière).
Certes, j’étais en mode sur-veillance à cause de quelque mauvaise expérience récente, et sans doute mon analyse nivo fut exagérément pessimiste. Mais une certitude demeure : le manteau nord est un mille feuilles d’au moins 2 couches dure-tendre, pas très épaisse (1m-1,5m) posé sur un fond dur tendu au-dessus du sol (clapier)… Donc je serais moi, j’éviterais d’y retourner avant un moment…