Départ : Le Planolet (1070 m)
Topo associé : La Scia, depuis le Planolet
Sommet associé : La Scia (1791 m)
Orientation : W
Dénivelé : 980 m.
Ski : 1.1
Sortie du lundi 2 décembre 2019
Conditions nivologiques, accès & météo
gris ++, température plutôt douce, bruine à la descente en-dessous de 1500m, jour blanc modéréEtat de la route : noire
Altitude du parking : 1070m
Altitude de chaussage (montée) : 1070m
Altitude de déchaussage (descente) : 1070m (avec des précautions infinies)
Activité avalancheuse observée : RAS
Manteau neigeux humide jusqu'au sol. Poudre lourde, bien skiable cependant là où il y en a assez avec une très mince pellicule croûtée, résultat du vent frais mais peu intense.
Neige un peu plus légère à partir de 150m environ sous le sommet.
Les cailloux ne sont pas loin sur la partie piste forêt surtout.
Skiabilité : 😟 Médiocre
Compte rendu
topo + une remontée de 250m environ
« En raison d'un appel à la grève d'une organisation syndicale représentative de Nuages France, nous ne sommes pas en mesure de diffuser l'ensemble de nos flocons décembraux habituels. Nous vous prions de bien vouloir nous en excuser ».
La grève doit être dans l'air du temps. Hier, sur Chartreuse, pluie et neige c'était grève du zèle. Aujourd'hui, seule la pluie a repris le travail, les flocons, eux, ont dû entendre le mot d'ordre des manifestants de Hong Kong « Soyez informes, insaisissables comme l'eau ».
Mais surtout, il y en a un que je retiens : Il a su changer l'eau en vin, maintenant Il ne sait plus changer l'eau en neige dans des lieux qui lui sont pourtant consacrés. On sait maintenant de quel côté Il est : du côté des alcooliques et pas des skieurs. Or, Il oublie que ce sont souvent les mêmes. Mais je ne devrais pas dire cela. En fait, c'est pire. La neige est à présent réservée – et en abondance – aux courbes de niveau supérieur et pour le petit monde chartrousin d'en-bas, nada ! Voilà comment nous sommes remerciés, nous qui veillons à arrêter le max de précipitations pour que les skieurs du Grésivaudan – nombreux et (avec de la) superbe(s) – puissent aller s'enfiler la virgule dès qu'elle n'est plus en pointillé au lieu de tondre la pelouse.
Donc, ce matin. Une flemme chronique, un reste de fatigue dominicale et un sursaut écologique sporadique m'ont fait choisir, contre tout bon sens nivologique, une destination de proximité. Et, contre vents et marées et phares clignotants. De vent, non, il n'y en avait point. Mais dans la « plaine » de l'Herretang, le coefficient de marée devait être bien bas : les eaux ne se retiraient plus. Les phares de tous les bienheureux allant se mettre au sec au taf clignotaient dans une brume glauque. Les voitures descendant de St Pierre n'avaient pas sur le toit le traditionnel matelas qu'ils sont censés transporter en cette saison, le Guiers Mort se prenait pour le Vif et avant le Pont du Grand Logis, aucune trace de neige ni récente ni ancienne. L'affaire se présentait mal.
Pourtant. Au Planolet, un jeune skieur descend. Il est apparemment en vie et son sourire n'exprime aucune déception. Ça m'encourage. La neige est là. Enfin, quelque chose de blanc, vaguement grisâtre, qui y ressemble étrangement. Ne cherchons pas plus loin, C'EST de la neige. Il FAUT que ce soit de la neige ! Au premier pas, mes peaux tordent le nez : mais on va se faire mouiller ! Au 2e pas, mes skis Barbie ayant touché quelque monstre sous-marin, hurlent. Au 3e pas, moi-même je manque d'appeler au secours (mais qui m' entendrait ?) : il y a même des boas par ici ! (cf. photo 1) et j'en contournerai plus d'un.
L'espoir, l'indéboulonnable espoir de temps meilleurs, me pousse vers le haut. La hauteur de neige augmente insensiblement, je sens que la descente sera délicate mais pas impossible. Le jour blanc s'invite mais ne vaut-il pas mieux un jour blanc qu'un jour noir de monde ? Un petit vent rafraîchissant me cueille au débouché. Il est faible : n'arrive pas à m'offrir un instant de paysage. Mais là-haut c'est de la belle neige d'hiver.
Il ne fait pas froid, pas de vent, visibilité faible mais suffisante, le haut est presque bon, la solitude est totale, la trace est faite. Alors, je me dis qu'amortir la trace est le minimum qu'on doit à celui qui l'a faite. Surtout si ce n'est pas nous ! Si elle est bonne, on serait idiot de ne l'honorer qu'une fois surtout si les préliminaires ont dû être laborieux (parfois il faut parler aux gens le langage qu'ils comprennent).
Il n'y a pas que Moïse qui a été sauvé des eaux. Ma journée aussi.
PS : j'ai photographié à peu près tout ce que j'ai vu ; je précise que ce sont des photos couleur