Départ : Le Majeuil (970 m)
Topo associé : La Peyrouse, Croupe SE
Sommet associé : La Peyrouse (1710 m)
Orientation : SE
Dénivelé : 900 m.
Ski : 1.3
Sortie du samedi 16 décembre 2017
Conditions nivologiques, accès & météo
Couvert, avec quelques éclaircies fugaces, mais s'améliorant petit à petit. Bise en rafales rendant les manips péniblesEtat de la route : enneigée le matin (mais passage du chasse-neige) - libre au retour
Altitude du parking : 960m
Altitude de chaussage (montée) : 960m
Altitude de déchaussage (descente) : 960m
Activité avalancheuse observée : RAS mais vu le travail acharné du vent, j'ai préféré m'arrêter à 1600m, des plaques pouvant être en formation dans la partie finale, comme le dit d'ailleurs, fort judicieusement, le topo.
Je mets une skiabilité correcte car la neige, bien que déjà bien travaillée par le vent, était fort agréable à skier dans le tiers supérieur. Ensuite, il fallait se faire léger pour ne pas toucher (pas de sous-couche sous 1300m). Dire que je n'ai rien touché serait mensonge, mais rien de sérieux au prix de quelques traces directes et conversions dans les parties où les cailloux n'étaient pas loin. Le final du bas, en pâturage, était bon.
Attention aux buissons épineux : un coup de branche d'églantier sur la joue peut vous gâcher votre sortie du soir.
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
identique au topo - arrêt à 1550m (blizzard et manque de visi) - redescente de 250m - remontée jusqu'à 1600m - descente
Comment expliquer une soudaine envie de terres austères, d'asiles hostiles, d'horizons bâchés, d'arbrisseaux ployés, de contrées délaissées (ou presque) par les explorateurs lattés ? Je n'essaie même pas.
« Ciel très nuageux » dit la météo. Parfait. Du gris, je veux me griser ! Gris souris, gris perle, gris béton, gris Eternit, gris tôle, gris ardoise, on trouve tout ça en Matheysine, un jour pareil, et surtout, gris anthracite, bien sûr. J'ouvrirai grand les yeux : je serai regardante.
La Peyrouse, voici qui devrait faire mon affaire, à tant faire. Donc cap sur la Matheysine, l'APN réglé sur N/B.
Pour avoir donné son nom à cette taupinière, le navigateur* a dû aller là-haut en vue de s'entraîner à la navigation embrumée, face aux vents mauvais. Pourvu que mon expé ne tourne pas aussi mal que la sienne !
Prudemment, j'avais pris ma Boussole. L'Astrolabe était inutile, vu le ciel couvert. En guise de portulan, j'avais la TOP25 3336 OT et le topo, celui qui avait fait cruellement défaut à notre navigateur, et aussi quelques souvenirs. Car, il ne s'agissait pas aujourd'hui, d'aller explorer des rivages totalement inconnus ; par contre, des paysages rudes où, pour une chartrousine, le choc arboricole est total. Ici, (presque) tous les hêtres vous manquent, tout est genévriers.
Comme le navigateur, eh bien, j'ai navigué. Entre les écueils : rocs émergents, racines sournoises, pins crochus, arbustes griffeurs. (oui, c'est là qu'on cueille les baies d'églantine, de genièvre et d'argousier). Le gris s'est décliné dans toutes ses nuances et les pins tordus par les vents du S dominants (ce jour, ils faisaient leur rééducation dans l'autre sens!) avaient des allures japonisantes. J'ai croisé un autre explorateur, moins matinal, mais, de ce fait, peut-être plus chanceux, côté visibilité.
Au final, je n'ai pas échoué dans les îles Salomon mais dans un bar du coin, un îlot de chaleur bienvenu. Là, dans d'autres brumes, j'ai pensé avoir, peut-être, skié les dernières neiges d'automne et de mon verre (un seul!), ces quelques vers ont émergés. Je vous les livre bruts, je n'ai pas pris le temps de compter les pieds trop occupée à réchauffer ceux qui me portent si loin.
Neiges d'automne, en rien monotones
(ça change chaque jour!)
Attendent que l'orage tonne
Pour annoncer de l'hiver la rigueur teutonne
Neiges d'automne, un chant lancinant entonnent
Le babil du ruisseau se perd dans un murmure atone
Entre les frênes frileux du Plan d'Hotonne
(ah non, zut, ça, c'est pas ici!)
Neiges d'automne que Borée bétonne
Bétonne, festonne et moutonne
Pendant que le chat ronronne
(et, en plus pathétique, pour les amateurs)
Neiges d'automne,et vous, vents mégaphones
N'en faites pas des tonnes
Vous explosez mon Sonotone !
* Jean François de Galaup, comte de La Pérouse, me pardonnera, j'en suis sûre, ma fantaisie d'orthographe : un i grec devrait convenir au grand voyageur.