Départ : Bellevaux (800 m)
Topo associé : La Combe aux Chevaux, Pointe N, versant E
Sommet associé : La Combe aux Chevaux, Pointe N (1816 m)
Orientation : E
Dénivelé : 1500 m.
Ski : 2.2
Faune : cet itinéraire passe près de zones sensibles. Voir consignes sur fiches topo
Sortie du mardi 26 janvier 2021
taramont, Cath38, Mich'e, Marc Papet
Conditions nivologiques, accès & météo
grand beau - froid vif avant d'arriver au soleil - pas de vent
Etat de la route : enneigée mais chasse neige passé depuis sortie d'Ecole
Altitude du parking : 780m (pkg de Nant Fourchu)
Altitude de chaussage (montée) : 780m
Altitude de déchaussage (descente) : idem
Activité avalancheuse observée : plaque partie dans les dalles E de l'Arclusaz, sinon RAS
Enneigement abondant, 20 à 25 cm de poudreuse récente sur fond ferme. Neige de qualité exceptionnelle. On croit savoir skier. Même la forêt ne pose aucun problème malgré les nombreux passages récents.
Skiabilité : 😄 Excellente
Compte rendu (par taramont)
Avec Bernard
topo jusqu'au sommet, descente du synclinal jusqu'à 1280m sous les Chalets du Lauzarin, crête NE du Beau Mollard/descente Chalets du Bottier puis Chapelle de Bellevaux
Une fois de plus, le seigneur Papet de l'Avant-Pays Savoyard souhaitant honorer la confrérie des guerriers de la Sainte Spatule, de concert avec sa Dame Catherine qui, à force de belligérances diverses et variées, a définitivement égaré son ouvrage de dame en sa tour d'ivoire et qui s'est octroyé un jour de combat autre que celui de son télétravail, donc le seigneur Papet a, une nouvelle fois, déterré le ski de guerre et constitué, à l'étrier levé, une petite troupe pour aller guerroyer en terre des Bauges. Il s'agissait plus précisément d'aller livrer bataille dans une certaine Combe aux Chevaux.
La troupe du jour comprenait en outre Bernard, Chevalier de Saint Baldoph, et sa gente Dame Michèle, alliés fidèles de longue date. Il faut l'avouer : bien que n'étant plus vraiment au mai de son âge le Chevalier Bernard est encore bien vert et très tendance : de toute la troupe, il était le seul à avoir compris qu'on va guerroyer chapeauté par un casque. Du fin fond du Pays de la Sure, votre servante, a été réquisitionnée, selon un pli désormais bien pris, pour rédiger cette nouvelle chanson de geste. Par pure bonté, le seigneur l'a dispensée des décasyllabes usuels et même des vers, ouf, sinon, je n'étais pas encore couchée !
Ayant endossé mon tabar le plus chaud – et bien m'en a pris en ce jour de frimas ! - très émoustillée à l'idée d'une expédition aussi exotique, je n'ai pas hésité à enfourcher à une heure indue mon fidèle destrier Partner malgré les chutes de neige de la veille et le verglas du matin. C'est un peu ballot je le reconnais de partir en terre étrangère pour trouver ce qu'on a chez soi sous les pieds, mais que voulez-vous : la fidélité au seigneur, mon amour des chevaux, mes accointances avec le reste de la troupe, le goût de l'aventure, peut-être d'une dernière aventure avant longtemps, qui sait ? Mais ai-je bien besoin de me justifier ?
Par contre, s'il y en a un qui avait, me semblait-il, à se justifier, c'était le seigneur Papet lui-même. Seigneur lui ai-je dit, excusez mon audace, j'ai une question à vous poser. Ce n'est pas curiosité de ma part mais nécessité pour la compréhension des faits : quels griefs avons-nous contre les Baujus ? Ce sont pourtant à ma connaissance de braves gens qui jamais ne nous cherchent noise. Ont-ils donc vraiment mérité ces coups de lattes par lesquels nous allons les achever ? Car notre victoire est certaine, Sire. (ça c'était pure flatterie, pour l'amadouer, j'avoue).
Le seigneur Papet réfléchi longuement avant de me répondre. Je craignais le pire et d'ailleurs à force d'attendre sa réponse mes doigts avaient commencé à geler. Enfin, le seigneur, gravement, pris la parole. Votre question, cher héraut, (y a pas de féminin à cette fonction) ébranle toutes mes certitudes. Je crois bien que vous posez les bonnes questions. En effet, entre Chartreuse et Bauges il y a une sororité certaine. Le temps est venu d'arrêter ces querelles fratricides : Chartrousins, Baujus, même combat ! Nous sommes tous des pré-alpins, la limite avant le crétinisme. Savoir s'arrêter à temps, sage précepte pour un randonneur comme pour un guerrier ! Voyez ce doux vallon serti de falaises du plus beau calcaire, ces bergeries de charme, ces forêts giboyeuses (là on a laissé passer un renard), ces sommets altiers plus dignes que tout d'être non pas conquis mais partagés, oui, partagés paisiblement.
A la fin de cette belle déclaration, nous étions au sommet de la Combe aux Chevaux. Lâchez-les a dit alors le seigneur, lâchez ces fougueux chevaux sauvages qui se cabrent dans l'air frais (ah ça oui, il était plutôt frais !). Je n'en voyais guère à l'horizon mais pensait avec émotion à toutes les cavales de ma vie de montagnarde : Pic des Cavales, Tête de la Cavale, Cheval Blanc, Cheval Noir, sans oublier la 2 Chevaux pour l'acheminement. Et les chevaux de bois et le cheval-dire-à-ma-mère de mon enfance.
Mais je m'égare. Tout instinct belliqueux anéanti, les chevaux ont bien été lâchés dans des hennissements de plaisir. Ils avaient même encore suffisamment d'élan pour gravir la crête en face puis caracoler dans la combe du Bottier.
Pour savoir si le seigneur Papet fut content de sa troupe, il faut le lui demander personnellement. Toujours est-il qu'il paru content de se débarrasser de sa hallebarde qui l'encombrait plus qu'autre chose et de ne pas voir le sang bauju saloper la neige exceptionnelle de cet hiver moyenâgeux surgi comme par miracle en des temps autrement moyens.
Que la paix règne durablement entre Chartreuse et Bauges
Que les chevaux sauvages restent libres dans leur si belle Combe
Et nous aussi. Amen.
(pour mieux comprendre cet épisode, on peut utilement se reporter à la bataille du 16/1 en Pays Beaufortain)