Départ : Prapoutel (1345 m)
Topo associé : Jas des Lievres, face NW depuis Prapoutel
Sommet associé : Jas des Lievres (2325 m)
Orientation : NW
Dénivelé : 1000 m.
Ski : 3.3
Sortie du samedi 8 avril 2017
Conditions nivologiques, accès & météo
Bleu, bleu comme le feu de dieuEtat de la route : Dégagée avec des pierres
Altitude du parking : 1470
Altitude de chaussage (montée) : 2325 m (on voulait pas user les peaux)
Altitude de déchaussage (descente) : 1700 m
Activité avalancheuse observée : rien vu sur ce qu'il reste de neige...
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
---|---|---|---|---|---|---|
Cêtes du pré de l'arc | 1550-2000 | W | 07h00 | La neige, plus rien tout manger par les Bugs Benny locaux | ||
Crête de planijean | 2000-2325 | W | 08h15 | Toujours rien, maudits soient les peaux ridées de cette famille animale | ||
Sommet | 2325 | 09h15 | Vitrifiée | La voila enfin, Louée soit la myxomatose | ||
Couloir Nord | 2300-2150 | W | 10h15 | Dure | Fond dur avec petite couche pas complètement transformée | |
Combe de la Bédina | 2150-1700 | 10h30 | Moquette | Plus ou moins épaisse en fonction de l'expo. |
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Avec Le Bombé, Le Bref
Piste forestière du pré l'arc 1470 m - Crête du pré de l'arc - Crête de planijean - Jas des lièvres - Couloir Nord - Combe de Bédina - Crète de pré l'arc -
Voici le retour de la vengeance des Branquignoles des Hauts Pâturages !!!
Nous sommes tous les 3 privés de skis depuis le 17 mars pour des raisons que la raison ignore, mais que nos progénitures respectives ont le don de nous imposer... on l’a choisi ?... c’est pas faux.
En tout cas, je souhaite, sans arrières pensées aucunes, à tous nos enfants des vies heureuses, pleines d'activités et de plaisirs sportifs intenses à partagés entre amis. Mais surtout qu'ils aient tous, à leurs tours, de nombreux et beaux enfants pour pouvoir apprécier à leurs justes valeurs ces rares moments libres dont ils pourront disposer...
Mais attention que les choses soient bien claires, il ne faudra pas compter sur nous pour la garde de la descendance. On sera bien trop concentrer à lutter contre nos descentes d'anse et on devra également gérer avec plus ou moins de finesse :
- nos descentes festives à fort relent éthylique,
- nos descentes skiïstiques à forte influence festive,
- nos descentes physiques à fort taux de fuite non contrôlée, plus ou moins d'origine festive,
- nos descentes mentales amplifiées par une pratique festive intense,
- et hélas nos descentes spéléologiques définitives alternées à forte odeur de sapin et peu festives... quoique.
Ceci étant précisé, on avait tous les 3 un créneau samedi matin. Pas un gros sur lequel une semi-remorque pourrait se garer sans le moindre souci mais plutôt un petit, tout juste accessible à une voiturette sans permis.
Il nous fallait donc une sortie rapide d'accès, d'ascension directe, de descente expéditive et tout cela pour un retour express vers nos obligations familiales respectives.
Après nos semaines respectives de punk on décide logiquement d'aller pogotter les spatules dans une course à crêtes. Pour bien marquer une pause dans le rythme effréné de nos vies d’excités du bulbe, on se donne rendez-vous à 5h00 à Montmélian…
Avec mes 3h30 de sommeil, j’ai vu aux regards moqueurs de mes coreligionnaires que ma soirée de la veille ne pouvait pas être dissimulée aussi facilement que je le pensais… En cette période érectorale… oui je suis encore du matin… pour ne pas aggraver mon cas, je décide de ne leur parler qu’au travers d’un sourire Lepénien pour ne donner aucune chance à un effluve illégal de venir incisivement migrer au travers de mon barrage dentaire et venir trahir mes choix festifs d’hydratation.
Mais où va-t-on aller ? En tant que grands planificateurs devant l’éternel, on organise notre expédition sur le tableau de bord… plouf, plouf… direction Prabert. Une fois sur place, la noirceur s’étiole et à l’approche du réveil des acteurs diurnes on va devoir voter. Un difficile choix s’offre à nous : la droite avec ces sournoises promesses d’un meilleur secteur neigeux accessibles qu’aux plus méritants ou la gauche avec ses perspectives arides, sans surprises, sans joie mais dans lesquelles nous jouirons tous ensemble, tous ensemble… Comme j’aime bien les gros Poutous, on file à gauche, on en a plein de François de devoir prouver notre mérite. On file au plus haut par la piste forestière et l’on gare la voiture près Dupont... fainéants !!!
La montée est à la hauteur du programme électoral du matin, pas une once d’espoir d’extase nivéologique… On nous avait promis de l’austérité, de la raideur, une ascension sans joie… A vérole, je confirme point de refuge, point de salut… De rage et de désespoir j’ai même brûlé ma carte de membre du parti pris. Notre décision collective d’oser la gauche fut punie sans aucune retenue…
Dans la difficulté d’assumer notre choix nous sommes toisés par un ciel Macronien empli d’un rose pâle arrogant et d’un bleu clair moqueur, mais on parvient à le tenir facilement à distance, son bilan joue contre lui. Cette facile victoire nous offre un répit de courte durée.
Ce sol que l’on piétine amoureusement est en fait dominé par de multiples nuances de vert qui se jette sur nous dans une folle étreinte. Dans la forêt c’est un vert martre qui nous prend en tenaille, à l’allemande. A l’orée du bois c’est un vert isérois, le vert pierre, qui en faisant le tour du pin nous harcèle à coup de pavasse. Sur la crête c’est au moment où nous distinguons Grenoble que le vert à citer vient nous polluer la vie en essayant, par de perfides actions, de ralentir nos allures d'hommes pressés. Nous ne plions pas, nous luttons sans relâche mais notre cohésion vacille, on résiste au mieux. Mes deux compères, en fiers combattants se lancent dans une fiévreuse contre-offensive pendant que moi, en tant que bon à rien, je reste derrière… tradition germanique oblige ! La neige est enfin là. De nous être débarrasser de cette couleur, l’espérance nous avons.
Que nenni, caché sous une fine couche de neige, un vert mi sel, vient se mettre dans nos pattes. Son baroud d’honneur sera aussi bref et qu’inutile. Devant notre force, face à la capitale des alpes, le vert capitule et cette victoire de haute lutte nous l'avons acquise sans Piolle. Ils sont restés dans la voiture.
A nous l'ivresse de la conquête. Maintenant plus rien ne peut nous arrêter, on file vers notre but. Le Bref nous distance, et avec le bombé on Chemine à deux. Le jas nous attend, le jaja aussi, je l’ai récupéré à mon pire ainé, hier soir dans La salle défaite. Fiers de notre glorieuse aventure, nous dissertons, nous festoyons et emplissons cette douce atmosphère, propice à l’introspection, de nos blagues et de nos rires fins et délicats.
Allez, trêve de bavardage, "Debout la France des nains soumis, en marche", il ne faut pas trainer ici, le devoir paternel nous appelle et à chaque rayon de ce soleil trop généreux, le vert gagne du terrain et sa vengeance pourrait être terrible. On fonce vers une nouvelle voie, on va tenter la droite cette fois, à nous le couloir nord.
Est-ce le coup de blanc qui m’a grisé, mais je me contre-pête la figure au départ. Le Bref lui assume sa supériorité sur le Grésivaudan en une audacieuse et outrageuse pose (voir la photo n°8). Le Bombé plein d’assurance ouvre la voie. Est-ce en essayant d’apercevoir le collet qu’il se prend les pieds dedans, ou pire est-ce le revêtement de sol qui était miné, A ce lino blanc. Le malheureux, il n’a pas vu le piège, sans doute tendu par de fieffés bolcheviks, à cette heure-là, c’est signé, c'est de l’Art tôt. Il chute, il glisse, il tournoie... Ses skis s’en Mêlent en chons et il se jette d’un superbe roulé-bombé en direction de l’extrême gauche de l’arête, vers la face sud, en exécutant une dangereuse Valse sans respecter l'aval qu'il avait promis à l'Amont.
Mais pourquoi cette chute ? Sans doute pour nous permettre, au Bref et à moi-même, d’assurer un dénivelé au-dessus de la barre des 1000m, Le Bombé c’était donc mis dans la tête de faire l’étoile de mer sur une pente en neige dure et d’éparpiller son matériel à la Raoul, façon puzzle… Et que Monsieur jette nonchalamment ses bâtons dans les rochers là-haut… Et voilà que Monsieur décide de s’ouvrir à de nouvelles pratiques libertines en jetant son auguste et adipeux séant au milieu de pierres turgescentes… gourmand va… Et pour finir, dans un excès de coquetterie, Monsieur laisse négligemment glisser un de ces skis vers le fond d’une ravine gloutonne, là-bas, tout là-bas en bas.
Après l’avoir rejoint on essaie d’estimer l’étendue des dégâts. Cette chute ne semble pas avoir amélioré son physique disgracieux. Son moral comme son envie décroit rapidement et remonte progressivement, très progressivement. Quant à sa virginité, elle est sauve… ouf tous les espoirs me sont encore permis. Pour son matériel on a tout récupéré et tout réparé. Mes talents de Mac-Givrer ont encore sévi. Malgré la joie de le savoir plus sauf que saint, on ne peut s’empêcher avec Le Bref, de lui fait part de notre profonde reconnaissance pour son application à nous faire perdre autant de temps. On remonte enfin vers le couloir nord, Le Bref et moi avec des bleus à l’âme de l’avoir sans doute trop sermonné, Le Bombé avec des bleus en gammes qui l’empêcheront de jouir de la position assise pendant un bon moment.
Malgré mon tempérament de bagarreur vieillissant, j’aime toujours dénoncer des faits en contre-pétant. J’espère que Le Bombé se remettra rapidement, il est pour moi une source d'inspiration intarissable, mais aussi que cette sortie restera, en tout bien tout donneur, dans les annales des règles à respecter quand on fait du ski sur neige dure en compagnie d'hommes pressés.
La vie est trop courte, on n'a plus de temps à perdre en répétant les mêmes erreurs… surtout celles qui consistent à choisir entre plusieurs directions désignées comme idéales par des recteurs matinaux plus ou moins politiques qui de toute façon vont nous ramener au même point… en bas tout en bas.
épisode du jour :