Départ : Chartreuse de Curière (853 m)
Topo associé : Grande Sure, En huit : crête des Charmilles et Pas de la Biche
Sommet associé : Grande Sure (1920 m)
Orientation : NE
Dénivelé : 1600 m.
Ski : 3.3
Sortie du vendredi 8 janvier 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Beau se voilantEtat de la route : sec
Altitude du parking : 846
Conditions très variables selon les secteurs.
None : très croûtée (= inskiable) jusqu'à 1300m sauf sous couvert de la forêt
Charmilles : poudre lourde
Sure : le vent a fait un travail extraordinaire. Enormément de requins sauf dans les combes
Couloir du Four : très bonne poudreuse, légèrement croûtée sur le bas
Retour Curière par la route : le tunnel le plus long est une vraie patinoire, éclairage ou compétences en patinage requise.
Altitude de chaussage (montée) : 846
Altitude de déchaussage (descente) : 846
Activité avalancheuse observée :
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
---|---|---|---|---|---|---|
None | 1200 | N | 10:00 | Croutée | Glace épaisse en surface | |
Sure | 1900 | E | 14:00 | Poudre | Combes bien remplies | |
Four | 1500 | W | 16:00 | Poudre lourde | Fine croûte sur le bas |
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Curière, None, Crête des Charmilles, AR couloir N, Gde Sure, Petite Vache, couloir du Four, Curière
La sortie d'avant-hier relatée par Taramont avait aiguisé mon appétit vers ce couloir du Four que je ne connaissais qu'en été. Je constaterai sur place que je n'étais pas le seul ...
Départ tardif de Curière, après un taf réduit au strict minimum. Peu de voitures, pourtant la trace est autoroutesque jusqu'au belvédère de None, tant mieux, ça permet de s'esbaudir devant le décor féérique de ces arbres chargés de neige et surtout d'une épaisseur impressionnante de givre.
Ca fait plusieurs années que tous les matins je regarde en partant de la maison, un couloir qui plonge plein N depuis le sommet des Charmilles. Ce matin il est bien blanc, bien visible. Peu après None, je quitte donc la bonne trace qui va au Cul-de-Lampe, pour attaquer la montée. Pas de trace, une pente à 35-40° en forêt et 30-40cm de poudre lourde. C'est tout de suite un autre effort, avec une efficacité D+ proche de zéro. Je tente sans les skis, c'est pire. Je ne sais même pas comment j'arrive en haut, un poil occis.
Le couloir N est là, il m'impressionne déjà. Je m'y aventure prudemment, c'est raide et 50m plus bas, il semble y avoir une rupture de pente. En fait non, ce n'est pas qu'une rupture de pente, c'est une barre rocheuse. Dommage, en-dessous ça a l'air génial, il faudra revenir avec une corde.
Et maintenant, il n'y a "plus qu'à" remonter ces 50m avec les skis sur le sac et la neige jusqu'à la taille. Je mouline plus que je n'avance, et à la fin je suis quand même en haut, un très gros poil occis.
Quelle merveille que cette crête des Charmilles, par chance non tracée. La vie redevient d'un coup très simple, après les combats du matin. Elle se résume à des questions simples : cet épicéa, je le contourne par la gauche ou par la droite, vu que c'est plat des deux côtés ?
On ne devrait jamais suivre une trace. Faire la sienne permet d'accéder à l'aventure, toute minuscule soit-elle, à droite ou à gauche ?
Au col des Charmilles un petit poil régénéré, la Sure apparaît. C'est bête mais ça suffit à me décider. Et puis il fait beau.
La montée serait tranquille, sans la bise qui attaque au col. J'adopte la tactique épuisante du sprint face au vent jusqu'à la conversion, et allure d'escargot vent dans le dos pour reprendre mon souffle. Le manteau neigeux est détruit, sculpté, rapé, lunaire. C'est beau mais ça promet un descente délicate et cohabitation obligatoire avec les troupeaux de requins. Après tout c'est pas déconnant de croiser des troupeaux dans un alpage. La bonne surprise c'est une combe Est pelée en haut et en bas, mais super remplie entre les deux. Pas d'obstacle, les chevaux sont lâchés, hennissements de joie. Bon c'est 200m seulement, ça fait pas non plus une tonne de virage. En Chartreuse, on ne compte pas les virages, ça serait mesquin.
Au col de la Petite Vache, un trio accompagné d'un joli chien, scrute la carte. On échange, ils cherchent LE couloir du Four, inspirés eux aussi par le récit de Taramont. Je leur donne quelques indications, sans GPS ça doit pas être évident, tellement la forêt est paumatoire dans ce secteur.
D'ailleurs même avec le GPS, je ne trouve qu'un couloir plus au nord, plus étroit, très agréable à skier également. Ce pourrait être le couloir du Five ! Par un hasard fort à propos, il rejoint le couloir du Four un peu plus bas. Pour le retour sur la route de la Charmette, rien à signaler sauf une patinoire olympique de 100m de long sous le tunnel des Agneaux. Je révise à l'arrache mes cours de patinage avant d'allumer la frontale. Ouf !
Merci Taramont pour cette bonne idée. Si le Pas de la Biche est surskié, ce qui arrive souvent, le couloir du Four est une alternative gagnante.