Départ : Pont des Allemands (813 m)
Topo associé : Grand Som, De la Grande Chartreuse
Sommet associé : Grand Som (2026 m)
Orientation : T
Dénivelé : 1213 m.
Ski : 2.2
Sortie du mercredi 1 avril 2015
Conditions nivologiques, accès & météo
Pas vu, pas le temps de lever le nez. A priori ça avait l'air d'aller.Etat de la route : je déforme un peu l'asphalte par endroit, mais ça reste praticable pour les suivants
Altitude du parking : départ randoNeige molle, assez détrempée.
((Pour la vérité des faits : sortie réalisée le samedi 21 Mars (de 10h à 15h env.), depuis le Château. Neige lourde (1*), brouillard (bien paumatoir au sommet) pluie et neige (limite = col de Bovinant). Départ du bas skis aux pieds. Désolé...)).
Altitude de chaussage (montée) : pkg car pas de temps à perdre, mais les peaux prennent très cher.
Altitude de déchaussage (descente) : pkg, même si ça me coute 400 balles de skis...
Activité avalancheuse observée : Vu comme j'ai sollicité la couche, si rien n'est parti, c'est qu'on est vraiment en risque zéro.
Skiabilité : 🤢 Mauvaise
Compte rendu
Avec Ludo
5 heures du matin, j’ouvre les yeux par miracle, je n’ai pas entendu le réveil. Je claque des dents, j’ai des frissons... Ca sent la journée merdique. Conséquence, je pars direct, pieds au plancher, j’enquille sur le périphérique, et j’en oublie ce con de Ludo. Demi-tour, suis bien content ! Je me fais le 2° tour du périph de Lyon quasiment entièrement en contrebraquage (Ludo préfère passer sur la banquette arrière) et déboule sur l’autoroute comme un obus. Du coup je décide de tenter un petit challenge : ne pas descendre en dessous des 15 litres aux cents jusqu’à l’arrivée.
Objectif touché! J’avoue avoir été étonné par les énormes et très denses boules de fumée noires qui s’échappaient du pot lors de la montée, mais je me dis que le vent devrait dissoudre tout ça. Pour l’instant y’en n’a pas. Bref, à 6h45 je suis skis aux pieds, la croix du Grand Som me nargue là haut, dans moins d’une heure je serai à ses côtés.
Ludo émerge de la voiture, le teint verdâtre. Je file comme le vent.
Mais je déchante vite, aujourd’hui la forme n’est pas présente, les cuisses sont restées sous la couette. Et il faut dire que tracer dans 30/40 cm de poudre, parfois dense et un peu humide, ce n’est pas de tout repos. Personne pour me relayer. Sms de Ludo : ses peaux ne collent plus. La déconcentration qui s’ensuit me fait commettre l’erreur de parcours habituelle au niveau de Casalibus que je laisse à main droite. Je perds des minutes précieuses. Bref, ma vitesse de montée devient inquiétante. La mauvaise journée pressentie se concrétise.
Ainsi c’est pas loin d’1h30 qu’il me faut pour gravir les 1200 mètres de D+. Interminable. Tout cela accroit mon retard sur l’objectif, je vais devoir me refaire un peu sur la descente que je connais bien. Ca tombe bien, il n’y a rien à voir d’intéressant là haut, et un couple de grenoblois engoncés dans leur polaire sans manches Skitour, leurs bras ressemblent à des petites saucisses, des profs ou des dentistes j’imagine, jouent à celui qui connaît le mieux les sommets de Belledonne... Triste. Pas envie de traîner.
J’attaque la descente tout droit depuis la croix et je passe la première crête sans perdre de temps, puis longue courbe bien fléchie sur la droite, et go dans la descente plein nord, neige merdique mais ça passe. Puis une belle courbe à gauche sans perte de vitesse et le dévers est avalé sans problème. Il me dépose sur cette deuxième crête bien étroite avec un panorama époustouflant: le Petit Som à gauche et le Nord de la Chartreuse à droite, les Lances allant s'éteindre contre le Granier. En profitant des petits cols, je fais tantôt un 360 tantôt un 720 pour profiter du spectacle sans avoir à freiner. Arrivé en haut du passage raide au dessus du col de Bovinant j’attaque à nouveau tout droit, juste une légère godille esthétique de temps à autre. Dessous, dans la zone qui surplombe le col, vues les cassures, je suis obligé d’enchaîner 3 vrais virages en évitant soigneusement de prendre trop de carres ainsi que les petits sapins assez traites, et je dévale lancé sur le plat sous Roche Rousse au dessus du Habert de Bovinant, la force centrifuge me pousse sur les contreforts du Petit Som, mais je résiste en étant bien plié sur les genoux tout en accompagnant la pente. J’aurais dû prendre mon casque.
Le paysage défile incroyablement vite, je suis toujours sur ma vitesse, mes lunettes m’appuient fortement sur les yeux. J’attaque cependant la cassure sous le habert avec une extrême prudence, j’ai toujours trouvé ce petit passage inquiétant. Du coup j’impulse une flexion-extension très marquée et survole le passage par un très long saut, sans rien déceler de nivologiquement suspect en dessous. J’entraperçois Ludo qui monte hésitant, à un rythme à ne pas déranger la faune locale, il semble au bord de l’agonie, il est passé du verdâtre au violacé. Il n’a pas le temps de me voir. J’atterris sur le haut de la forêt qui m’oblige à nettement réduire la cadence et à renouer avec le planté de bâtons. Je passe ainsi la forêt en mode slalom spécial autour des bouleaux et autres conifères qui s’attaquent à ma veste sans difficultés majeures et profite des horribles entailles récentes de bulldozer pour esquiver certains passages par de jolis sauts et quelques nouveaux 360 bien dosés. Au dessus de Casalibus que j’entrevois à peine à travers le flou des branches enneigées sur ma droite, j’ai retrouvé ma pleine vitesse avant le chemin qui redescend au monastère. Ce long faux plat est négocié sur l’aire, je ne dois pas descendre sous les 75 km/h au prix d’esquives assez physiques. Enfin, alors que les cuisses commencent un peu à se faire sentir, je dévale tout droit sur la fin de la forêt et, m’appuyant sur un véhicule immobilisé devant l’entrée du monastère je m’autorise un petit flip-flap de toute beauté (qui m’évite un déchaussage chronophage) avant d’attaquer le chemin de retour final en position de l’œuf façon Picard. Gros dérapage sur 150 mètres pour arrêter ma vitesse et la cinétique qui l’accompagne, et je me pose pile contre le pare-choc de ma voiture dont le capot est encore tiède. Ya quasiment plus rien comme neige ici, je nique complètement les semelles de ces skis de merde. J’ai les cuisses un peu chaudes mais j’aurais pu attaquer un peu plus si je n’avais pas à subir le flex « macaroni trop cuits » de mes Wayback, la prochaine fois je ressors les respectables VR17.
En rangeant le matériel, je regarde la croix du Grand Som qui flotte au dessus moi, il y a moins de 9 minutes j’étais là haut. Ludo doit faire sa pause au habert de Bovinant. Voire il fait demi-tour comme je le connais.
Bref, bonne descente ce jour, conditions correctes, à refaire par neige plus dure pour éviter les petits freinages intempestifs.
Je décolle sans traîner, j’espère que Ludo pourra faire su stop, même si je ne vois aucun 69 sur ce qui reste du parking.
Il a le temps lui, il n’a pas un CR à rédiger ;)