Départ : Col du Barioz (1041 m)
Topo associé : Grand Rocher, Depuis col du Barioz
Sommet associé : Grand Rocher (1926 m)
Orientation : W
Dénivelé : 1120 m.
Ski : 2.2
Sortie du jeudi 20 décembre 2018
rhododendron, Marc Papet, taramont
Conditions nivologiques, accès & météo
beau temps le matin.
Puis à partir de midi , le mauvais arrive par le Sud-Ouest.
Premiers flocons à 15H30Etat de la route : ok jusqu'au col de Barioz, équipement nécessaire pour monter au foyer
Altitude du parking : 1080 m
La skiabilité est difficile à définir, puisqu'elle va d'excellente dans les combes bien protégées sous le sommet , à vraiment hasardeuse sous l'altitude 1300m.
Mon enthousiasme tout neuf de début de saison m'a plutôt fait pencher du bon côté...
Altitude de chaussage (montée) : 1080 m
Altitude de déchaussage (descente) : 1080 m
Activité avalancheuse observée :
aucune
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
---|---|---|---|---|---|---|
Pra Farmé | 1100 | W | 10h00 | Croutée | très faible couverture, juste suffisante pour skier | |
Piere Roubet | 1550 | SW | 11h30 | 40cm | Poudre lourde | fond dur, neige déjà marquée par le passage |
Combe Ouest | 1850 | W | 12H30 | 50cm | Poudre | ici le vent n' a pas travaillé, peu de passage |
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par rhododendron)
Je devais à Taramont deux récits, hérités d'un pacte conclu la saison dernière.
Voici le premier.
Mais j'ai tout fait , croyez moi , pour qu'elle vous ravisse de ses mots enchanteurs :
J'essayai de l'attendrir en m'inquiétant pour ses petits doigts tout froids, de l'assouplir en demeurant sagement dans ses traces, de l'adoucir en me perdant dans la montagne, de l'amolir en lui servant la soupe, de l'infléchir en oubliant mes souliers dans son carosse.
Mais rien , la bougresse fut inflexible, et c'est pourquoi vous devrez me subir aujourd'hui.
A neuf heures (savoyardes ) et quinze minutes (iséroises), Marc empruntait résolument la route qui de Goncelin nous mènerait ....mais où ça en fait?
Le col des Oudis , soutenu par la Team Iséroise , le disputait encore à l'équipe savoyarde , partisane du Grand Rocher.
Malgré le manque de neige potentiel au col du Barioz , nous y débarquions juste avant dix heures.
La voiture garée devant la colonie de vacances, nous chaussâmes rapidement , non sans inquiétude pour le retour.
Pendant ce temps ,les autres skieurs , beaucoup , nombreux , poursuivaient leur route jusqu'au foyer de ski de fond.
Malgré tout , nous persistâmes dans ce qui semblait être une grave erreur: démarrer à mille mètres sur trois centimètres de neige croutch-croutch (ndlr : gelée), c'était parier fortement sur un retour piéton.
Dans la forêt , quelques passages noirs de pas-de-neige nous firent davantage encore rentrer la tête dans les épaules.
Marc échafaudait d'innombrables plans pour sauver l'honneur et la descente.
Monique convoquait sa copine Iphigénie pour qu'elle nous sorte de ce mauvais pas par quelque chemin détourné.
Iphigénie ne se fit pas prier, et sitôt débarquée fit de l'oeil à Marc qui ne la connaissait pas, et la trouva charmante.
Un instant je redoutai l'incident diplomatique, mais non: Monique est partageuse , pas jalouse. Alors elle fila l'adresse de sa copine à Marc , et même ses tarifs!
Le temps passait à badiner, et bientôt nous fûmes rendus à l'altitude des gens raisonnables, je veux dire à hauteur du foyer de ski de fond.
Ah , la neige , la vraie ! des gens , des vrais , normaux quoi. Et une trace , une vraie , ordinaire en somme.
Bientôt nous arrivâmes au chalet de Pierre Roubet.
Pierre n'était pas là. Sa maison fermée , pas de feu dans la cheminée...Je m'inquiétais un peu...Quelqu'un avait-il eu des nouvelles récemment?
Etrangement, dans le pré tout autour de sa maison gambadaient de nombreuses petites personnes posées sur des skis ou des raquettes .
Un instant , je les pris pour les lutins du Père-Noël, puis je me souvins que je n'avais plus l'âge de croire à ces sornettes.
La neige devenait moelleuse et prometteuse à souhait.
Devant nous le dameur des pistes de fond randonnait avec sa chérie et son chien.Nous les suivîmes jusqu'au sommet, dans une longue et douce traversée Nord -Sud.
Monique et Marc rajeunissaient à vue d'oeil , se souvenant des années d'il y a longtemps , quand ils arpentaient déjà ces pentes.
Le sommet fut apprécié , mais brièvement , car le courant d'air était glacial.
Marc, oublieux déjà d'Iphigénie, lançait des oeillades amoureuses au couloir Est de l'antécime.
Le coeur de nous , les filles, filait à l'Ouest , et comme nous étions deux nous eûmes raison.
Doublement raison d'ailleurs , car de ce côté la neige était délicieuse , poudreuse en diable et protégée du vent, au point d'en perdre la tête.
C'est alors qu'entra en scène le premier faux-Marc.
Je le vis de loin , et m'élançai à sa poursuite. Mais tout à sa folle descente , il ne m'attendait pas.
J'appelai "hou hou?" car Monique était restée derrière.
J'appelai "hou hou? " car Marc avait disparu.
Je descendai encore un peu.
J'appelai "Hé ho?" car j'allais bientôt comprendre que j'étais seule...
Pendant ce temps , Monique et Marc-pour-de-vrai appelaient "hou hou?" et sur le téléphone que je n'avais pas emporté :" Mais t'es où?".
De retour à leur altitude , je leur jurai que j'avais été victime d'un sortilège , mais je crois qu'ils ne m'ont pas cru...
Je remontai sage et penaude dans les traces de Monique , elle même dans les traces de Marc.
Et c'est alors qu'intervint le deuxième faux-Marc , qui conduisit Monique tout droit vers l'antécime, et moi derrière elle. Alors seulement , il leva la tête et ce n'était pas Marc!
Bouche bée devant ce nouveau prodige, Monique tourna les talons derrière moi, pour rejoindre Marc-le-vrai qui se caillait au sommet.
Le temps pourrissait à vue d'oeil sur Chartreuse et Vercors.
Chamechaude avait déjà la tête dans les nuages et la dent de Crolle n'en menait pas large.Je manque d'intimité avec les sommets du Vercors pour parler ici en leur nom.
Il n'y avait désormais plus personne au sommet .Les lutins s'étaient évaporés.
Vite , nous traversâmes Sud-Nord les prairies sommitales pour découvrir que dans les pentes, malgré l'affluence de la journée, il restait encore des paquets de bonne neige matelassée pour y déposer quelques jolies courbes.
Je suivai de mon mieux le style irréprochable de Marc, tout en souplesse et rondeur.
A mille quatre cent cinquante mètres , Monique retrouva son Iphigénie,dont Marc aprécia sans modération la bonne volonté.
Nous nous rappelâmes surtout des conseils énigmatiques de yohann-le-dameur: "suivez la piste jusqu'aux Quatre Chemins , et là vous reviendrez par la droite.Après ,vous verrez bien..."
Ainsi fut fait . Pas de fondeur aujourd'hui, nous étions seuls et premiers sur les presque trois kilomètres de piste. Dans quel étrange pays nous enfoncions nous?
Aux Quatre Chemins retentit ce cri unanime : "Holàlà, le chantier!" Catastrophe! Plus de neige.
Nous demi-tournâmes la mort dans l'âme, pour nous apercevoir que dix mètres plus bas la neige avait repoussé par miracle!
Et comme ça jusqu'en bas! Encore plus de trois kilomètres!
Je le sais , vous croirez que j'exagère , mais cette fantastique chevauchée ne s'acheva que quelques mètres avant la voiture.
Un mauvais sort voulut pourtant, à la fin , que la soupe resta tiède sur le réchaud , mais nous l'engloutîmes quand même de bon coeur.
Il advint encore que le dernier lutin de la journée subtilisa mes chaussures pour les reposer dans le coffre de Monique.
Hélas, je m'en aperçus trop tard , quand soixante kilomètres nous séparaient.
Tout ceci ,je vous le jure , est juste et véridique .
Nous vivons une curieuse époque .