Départ : Villar d'Arêne (Pont d'Arsine) (1667 m)
Topo associé : Grand Pic de la Meije, tour de la Meije par la Casse Déserte
Sommet associé : Grand Pic de la Meije (3983 m)
Orientation : T
Dénivelé : 3600 m.
Ski : 3.3
Sortie du samedi 12 mai 2018
Conditions nivologiques, accès & météo
Jeudi : bâché, bruine / neige légère par moment, une seule éclaircie au moment du pique-nique au dessus des goulets d'accès au refuge. Températures douces, pas de vent.
Vendredi : sommets accrochés au départ, puis belles éclaircies. Quelques nuages bourgeonnant à partir du début d'après-midi. Se couvre franchement en fin d'après-midi. Températures douces, faible brise dans haut du vallon des Etançons.
Samedi : bâché le matin à 5h au départ, faible regel. Se découvre à partir de la brèche de la Meije. Beau temps avec quelques cirrus. Température douces, pas de vent.Etat de la route : RAS
Altitude du parking : 1710 m
Globalement, tour de la Meije en excellentes conditions avec des glaciers bien bouchés et des cols bien enneigés.
Altitude de chaussage (montée) : 1995 m, près du lac Pers
Altitude de déchaussage (descente) : 1750 m, 15 m au dessus de la Romanche, avec quelques déchaussages dans le bas du vallon de l'Homme.
Pas de portage sur le reste de l'itinéraire.
Activité avalancheuse observée : nombreuses purges dès que ça chauffe, quelques chutes de séracs constatées (notamment sur le glacier de l'Homme et sur le bas du glacier du Lautaret) ou entendues (sous Roche Faurio le jeudi).
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
---|---|---|---|---|---|---|
Glacier de la Grande Ruine | 3400 - 3000 | W | 10h30 | 5 à 10 / ??? | Poudre | 5* : 5 à 10 cm de neige fraîche tombée dans la nuit sur fond portant |
Jusqu'au Châtelleret | 3000 - 2200 | W | 11h30 | Transfo lourde | 2* : bien collante. Un très court passage en moquette sous le glacier | |
Glacier de la Meije | 3300 - 3100 | N | 7h | 2 à 5 / ??? | Poudre | 4* : 2 à 5 cm de poudreuse sur fond dur, bon pour le ski |
Glacier de l'Homme | 3450 - 2600 | E | 10h30 | Transfo lourde | 2* : il ne faut pas descendre plus tard | |
Bas du vallon de l'Homme | 2600 - 1750 | E | 11h30 | Névé | 2* : quelques déchaussages, beaucoup de pierres, on enlève les skis à 1750 m |
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par Nico06)
Avec Léa, Simon
Quelle aventure et quelle magie ce Tour de la Meije !
Nous avions passé notre semaine à regarder la météo, en espérant au moins 2 jours ensoleillés qui nous permettraient de le réaliser. Il fallait encore y croire jeudi, en remontant l'interminable vallon de la Plate des Agneaux sans aucune visibilité. Mais le soleil était bien là vendredi et samedi !
Technique, sauvage (à peine partis, nous n'entendions plus que le bruit de l'eau, des coulées de neige, des chutes de séracs, et des marmottes), et émouvant car il s'agissait des derniers jours de Noémie à Adèle Planchard (qui va reprendre le refuge de la Selle) et du dernier week-end hivernal de Frédi au Promontoire (encore présent cet été puis retraite, bien méritée !). Un grand merci à tous les deux pour l'accueil chaleureux, leur bienveillance, les conseils avisés, la passion des Ecrins qu'ils nous transmettent, et tant d'autres choses ! Une mention supplémentaire aussi pour le fondant au chocolat de Noémie, un pur délice, allez le goûter au refuge de la Selle prochainement.
Quelques infos supplémentaires sur les conditions, pour ceux qui voudraient aller le faire, même si les refuges sont désormais fermés.
Etape 1 : Pont d'Arsine -> Refuge Adèle Planchard :
Après presque 1h30 de portage, nous avons chaussé à proximité du lac Pers. A pieds, nous sommes passés par le sentier du bas, le long de la Romanche, sous le refuge de l'Alpe. RAS pour la remontée du vallon de la Plate des Agneaux, encore bien enneigé. Pour la traversée de la Plate des Agneaux, au niveau des goulets, nous avons pris la branche de gauche qui nous inspirait plus, et qui semble moins raide sur la carte IGN. Elle passe bien à ski. RAS pour la suite de la montée jusqu'au refuge.
Etape 2 : Adèle Planchard -> Refuge du Promontoire :
La météo donnée au refuge le jeudi soir n'était guère encourageante, puisqu'un ciel bâché (comme la veille) était annoncé pour la fin de la matinée. Afin de descendre la Casse Déserte dans de bonnes conditions de visibilité, nous avons fait l'impasse sur la Grande Ruine. Ce fut notre seul regret du raid au vu de la journée de vendredi, finalement bien ensoleillée (pas grave, on reviendra).
Pour les conditions, le glacier supérieur des Agneaux semble bien bouché jusqu'au col des Neiges. Nous n'avons pas eu à utiliser les couteaux. Nous sommes allés voir le passage supérieur du col des Neiges, il y a un rappel à tirer, il ne nous plaisait guère. Nous sommes finalement passés en bas, avec un rappel d'une trentaine de mètres (c'est plus enneigé mais ça ne descend pas en skis, car les cailloux sont proches). Pour info, entre les 2 passages, cela semble passer en skis, mais c'est exposé et les cailloux ne doivent pas être bien loin.
La remontée du col de la Casse Déserte se fait très bien, il y a de bonnes marches. La rimaye ne pose pas de problèmes, elle est bien bouchée. Nous avons mis les crampons (pas forcément utiles pour la montée mais préférables pour la descente de l'autre côté). La descente, en crampons, passe bien aussi, nous avons choisi la branche de droite (neige meuble et quelques cailloux). La fin de cette branche est légèrement exposée, il y a une traversée à effectuer pour regagner l'autre couloir. La fin de ce dernier est en neige dure.
On a chaussé les skis au bas du couloir de la Casse Déserte. Le passage de la partie raide du glacier se fait par le centre, au milieu des séracs, en neige dure mais avec un bon grip. Le glacier semble bien bouché, nous n'avons pas vu de crevasses. RAS ensuite pour la suite de la descente de la Casse Déserte, sauf sur la fin où il faut rester entre le ravin de Charreirou et celui plus au Nord. Cela passait encore à skis vendredi, mais cela ne passera probablement plus très bientôt.
RAS ensuite pour la remontée au Promontoire, mis à part que ça chauffe fort dans le haut du vallon des Etançons.
Etape 3 : Promontoire -> Refuge de l'Aigle -> Pont d'Arsine
Lever 4h, départ 5h, les crampons aux pieds. Nous n'avons pas chaussé les skis sur les conseils de Frédi, afin de s'éviter une manip' supplémentaire. Il y a une trace à pieds, elle porte suffisamment.
La remontée de la brèche de la Meije est bien tracée, elle se passe bien. De l'autre côté, c'est plus impressionnant. Nous sommes partis main droite pour effectuer une traversée descendante en crampons, entre neige et rocher, avant de prendre pied sur le glacier de la Meije. La rimaye du glacier est bien ouverte sous la brèche mais le rappel (un cinquantaine de mètre je dirais) doit pouvoir passer.
Pour la descente du glacier, il faut rester au début proche des parois. La rupture de pente (en S3) est en neige dure avec un bon grip, la petite rimaye est bien bouchée, et il faut contourner la crevasse bien visible au pied par la gauche. On remet les peaux (et les couteaux) vers 3100, sur un replat, en prenant soin de ne pas stationner sous un gros sérac qui ne demande qu'à tomber.
Le début de la remontée se fait dans un reste de coulée, mais la trace n'est pas difficile. Les couteaux sont nécessaires pour ne pas déchausser.
On enlève les peaux vers 3350, avant de se retrouver sous les séracs du haut des glaciers de l'Homme et du Tabuchet. Puis on redescend en direction du pied du Serret du Savon.
Ce dernier passe super bien, il est en neige bien tassée et la trace est très confortable. Nous l'avons remonté encordés pour sécuriser Léa qui commençait à fatiguer.
RAS pour la traversée vers le refuge de l'Aigle, bien bouchée.
Pour la descente du glacier de l'Homme, 10h15 était un horaire limite, il ne fallait pas y aller plus tard (dixit le gardien du refuge de l'Aigle, merci aussi à lui pour ses nombreux conseils).
On contourne tout d'abord la rimaye par la gauche. Puis on reste en rive gauche du glacier. Vers 3300 - 3350, il faut serrer les parois rocheuses à gauche pour contourner une grosse crevasse (visible depuis la terrasse du refuge).
Sous cette crevasse, on traverse le glacier dans des restants de chutes de séracs pour gagner la rive droite. Au replat à 3050, on repasse en rive gauche en traversant sous d'impressionnants séracs.
Vers 2800, il y a un court passage qui n'est plus enneigé pour éviter une traversée peu encourageante sous d'autres séracs.
Puis on passe en rive droite au pied du glacier du Lautaret.
Il faut ensuite rester en rive droite du torrent de l'Homme pour espérer descendre le plus bas possible en skis. Dans le couloir que nous avons descendu (restant de coulée avec de nombreuses pierres), une autre coulée est partie peu après notre passage (nous l'avons constatée depuis le Pas d'Anna Falque).
Il faut viser l'endroit le plus large de la rivière pour la traverser, là où la vitesse d'écoulement est la plus faible. Nous avons gardé les chaussures pour la traverser, puis nous avons tout fait sécher à la voiture.