Départ : Route de Valsavarenche (Pont 1961) (1961 m)
Topo associé : Grand Paradis, Voie normale
Sommet associé : Grand Paradis (4061 m)
Orientation : W
Dénivelé : 3700 m.
Ski : 2.3
Sortie du jeudi 7 juin 2012
Conditions nivologiques, accès & météo
Mercredi 6 juin: Regel vers 2900m.
Dégagé tôt le matin se couvrant très rapidement. Chutes de neige fortes à partir de 3200m, vent important.
jeudi 7 juin:
Regel à 3000m.
Se dégageant doucement sur les grandes hauteurs.
Vent faible à partir de 3500mEtat de la route :
sèche
Altitude du parking :
1961mLe glacier du Mont Grand Paradis est parfaitement bouché, aucune crevasse ouverte sur l'ensemble de l'itinéraire.
Altitude de chaussage (montée) : 2730m
Altitude de déchaussage (descente) :2730m
Activité avalancheuse observée : RAS
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
---|---|---|---|---|---|---|
Glacier Grand Paradis | 4020>3500 | W | 10H | 5 à 10 cm/ ? | Poudre tassée | Sur fond dur et lisse: très bon ski |
Glacier Grand Paradis | 3500>3000 | W | 10H20 | Moquette | 5 étoiles ***** | |
3000>2730 | W | 10H45 | Transfo lourde | Juste avant le refuge çà s'enfonce beaucoup |
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
L'itinéraire normal (2 fois)
A l'occasion d'un séjour dans le Val d'Aoste, il aurait été vraiment dommage d'oublier les skis à la maison. Pourtant çà n'a pas été aussi simple de pouvoir atteindre le sommet.
lundi 4 juin, 22h:
Au lieu dit "Pont" terminus routier de Valsavarenche, je grignote en regardant la nuit étoilée. Il fait déjà froid. Un renard affamé tourne autour de moi attiré par la nourriture. Il s'approche jusqu'à 3m pour venir chaparder les miettes de pain. Etonnant!!!
La météo de demain s'annonce excellente pour espérer atteindre le sommet du Grand Paradis. Demain, je veux faire la montée d'une traite à partir de Pont afin de pouvoir monter avec un sac "assez" léger.
Mardi 5 juin, 5h:
Après un réveil très difficile me voilà parti de Pont avec dans l'idée d'être au sommet entre 11h et 12h. Il fait -3°C à 1960m, au sommet çà doit être -15°, le temps est fabuleux!!
Mais après une mauvaise nuit et probablement malade, je n'ai aucune force. Au bout de 1/2 h, il faut se résoudre, il me sera impossible de monter là haut aujourd'hui. Si j'arrive au refuge çà sera déjà un exploit. La montée est un vrai chemin de croix. Je m'arrête toutes les 5mn, je dors debout...Tant bien que mal, au bout de 4h30, j'arrive au refuge d'hiver, le grand refuge étant fermé. Cà restera ma plus difficile montée jamais faite. Jusqu'au lendemain je vais presque dormir 20h sans manger avec juste une petite balade autour de la cabane.
A 13h, je discute avec 2 chamoniards qui reviennent du sommet où la neige était dure et le vent glacial. Pour la nuit, nous sommes 8 au refuge, 2 alpinistes et une famille allemande avec 3 enfants.
Mercredi 6 juin, 4h:
Le ciel est clair, les conditions sont bonnes pour monter au Grand Paradis, mais je suis toujours à plat, les autres se préparent pour partir.
A 8h, j'émerge, je sens que çà va mieux mais comme je n'ai rien mangé de 24h, je ne me fais pas d'illusion en chaussant les skis pour tenter l'ascension. Pourtant au bout d'une heure, j'ai fait 300m donc c'est pas si mal. A 10h, les giboulées arrivent, puis les chutes fortes de neige à partir de 3200m.
11H: L'altimètre indique 3576m, je ne vois rien, il est raisonnable de redescendre en suivant ma trace. La descente est correcte malgré la visibilité réduite. La famille allemande partie 4h plus tôt n'a pu atteindre le sommet, donc pas de regret pour aujourd'hui. Une fois au refuge, l'appétit et le moral sont revenus, je dévore toutes mes provisions. Si je veux retenter le sommet demain, il va falloir aller chercher du carburant. L'après-midi je redescends donc à Pont pour recharger en vivres. En remontant, je constate que le grand refuge vient d'ouvrir, une quinzaine de personnes sont montées car les conditions du lendemain sont bonnes.
Durant la nuit, il pleut pas mal à 2700m. En haut çà doit être de la neige...
jeudi 7 juin : jour J
Je suis debout à 5h, la forme est là définitivement. Le ciel est mitigé, les nuages s'accrochent aux sommets côté ouest. En sirotant mon thé sur la terrasse, je regarde les cordées d'alpinistes partir à l'assaut du plus haut sommet entièrement italien. Les guides me disent être venus ici vu les très mauvaises conditions sur le Mont Blanc. Je serai le seul à skis aujourd'hui. Je ne me presse pas car les sommets ont l'air de se dégager doucement et en plus à skis la progression devrait être plus rapide avec ces conditions de neige.
Départ 6h, montée régulière, je double toutes les cordées une à une sauf la première. A 3800m, un doute s'installe, la visibilité est aussi mauvaise que la veille. 9h30, 4020m, je laisse les skis pour chausser les crampons afin d'accèder à la dernière partie, la Madone est à portée du regard, le soleil perce timidement. 10h, après l'aller-retour au sommet, je chausse pour la descente, les cordées arrivent, le soleil perce vraiment, FA-BU-LEUX!! Dans la descente, je profite enfin pleinement du paysage, le ski est très bon. La journée est réussie, le ciel peut maintenant s'écrouler.
Au final et comme souvent en rando à skis, une pensée à méditer pour résumer ce séjour:
IL FAUT PARFOIS VIVRE L'ENFER POUR PROFITER DE L'ENDROIT