Départ : Route de Valsavarenche (Pont 1961) (1961 m)
Topo associé : Grand Paradis, Voie normale
Sommet associé : Grand Paradis (4061 m)
Orientation : W
Dénivelé : 2500 m.
Ski : 2.3
Sortie du dimanche 1 avril 2012
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand beau. Une petite bise en altitude qui rafraichit bien le matin, puis chaud.Etat de la route : RAS
Altitude du parking : 1961 m
Conditions printanières. L'accès classique est déneigé et demande 300m de portage, par contre le fond du vallon est bien enneigé et, en faisant une boucle qui rajoute 200m, il est possible d'arriver au refuge sans porter.
La neige est transfo bien regelée jusqu'à 3000m. Au-dessus, on trouve encore de la vieille neige plus ou moins tassée/transportée. Le glacier est peu ouvert.
Altitude de chaussage (montée) : 1961 m (parking de ski de fond
Altitude de déchaussage (descente) : 1961 m
Activité avalancheuse observée : Quelques rares coulées de fonte.
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par ela)
Au début des tractages (2006-2007), c’était un peu un rêve. L’an passé, c’était un projet. Ce WE, c’est devenu une réalité… On a tracté Nathanael à 4000m !!!
Le choix de la destination s’est porté sur l’un des 4000 les plus « accessible » des Alpes : le Grand Paradis : accès enneigé dès le parking, pente régulière, glacier peu crevassé… Sur le papier, la course se présente sous les meilleures hospices.
La semaine dernière, pourtant, quelques doutes se sont mis à planer sur le projet. Y aura-t-il encore assez de neige en bas, car nous ne pouvons pas faire progresser Nathanael sans neige ? Serons-nous assez en forme pour hisser Nat au-dessus de 3500m, altitude a partir de laquelle on commence à souffrir du manque du manque d’acclimatation ? Est-ce que les participants (que nous ne connaissons pas tous) seront bien équipés pour l’altitude et le glacier ? Beaucoup d’emails sont échangés, la fébrilité monte en intensité… Un dernier message envoyé vendredi soir précise les détails du covoiturage : rendez-vous à 5h45 samedi matin. Nous serons 26 participants.
Le covoiturage, un peu complexe à 26, se déroule correctement samedi matin. Après un rapide café à l’entrée du tunnel du Mont-Blanc (point de rendez-vous intermédiaire), nous arrivons même au départ de la rando (pistes de ski de fond, Val Savarenche) avec un peu d’avance sur l’horaire prévue (10h30), malgré une absence de carte routière généralisée (c’est qui l’organisateur… ???).
L’accès directe au refuge passe en face sud dans des pentes raides, parfois rocheuses, et totalement déneigées. Impossible d’emprunter cet itinéraire avec le bob-ski de Nat : l’ensemble pesant plus de 100kg ! Nous choisissons de remonter le fond du vallon, qui lui est bien enneigé. Cela nous rajoute un détour important, et un dénivelé supplémentaire de 200m à l’aller comme au retour, mais nous n’avons pas le choix.
Mise à part une traversée de ruisseau qui nous oblige à pelleter un peu de neige vers le début du parcours, la montée au refuge s’effectue sans encombre. Mais pas sans sueur ! Il fait chaud dès le départ, et la neige transforme vite. On vide les tubes de crème solaire, les gourdes… L’arrivée au refuge Victor Emmanuel est chaleureuse, l’équipe de gardiens est enthousiaste et accueillante, et plutôt arrangeante. Merci à eux !
L’horaire du diner comme du petit déjeuner sont un peu inattendus (respectivement 20h et 7h), mais nous nous plions sans réticence à cette organisation (Italienne ?)
Dimanche matin. Content de profiter un peu d’un réveil « tardif ». On regrettera par la suite cette heure qu’on aurait pu gagner au réveil, mais tant pis : le regel est excellent, et en altitude la neige ne devrait pas transformer trop vite. L’attelage part à 8h30, avec une première équipe de tracteurs qui ont choisit d’avancer à rythme raisonnable pour ne pas se cramer dès le début. Au bout d’une heure, les premiers relais ont lieu sur l’attelage. L’ambiance est excellente, mais l’altimètre n’indique que 300m de gain, il en reste donc 1000… et pas les plus faciles. On aperçoit au loin les cordées parties avant nous et qui s’engagent déjà dans les pentes finales… le temps va être long pour nous !!
11h30. Nous passons une épaule qui marque un replat. Petite pause ravitaillement. Divergence dans le groupe pour savoir s’il faut repartir de suite pour ne pas perdre de temps, ou s’il faut s’alimenter un peu pour refaire ses force. L’ambiance est bonne mais on sent la tension et l’appréhension qui montent. Il reste devant nous une pente qui paraît interminable. Nous repartons.
12h30. Nous avons passé la barre des 3500m, la fatigue et la gêne de l’altitude commencent à se faire sentir. L’attelage ne nous permet pas d’effectuer des conversions facilement, et les ressauts les plus raides sont franchis en crampons, en tractant face à la pente. Les cuisses commencent à bruler, on s’essouffle rapidement, et il reste encore un long chemin.
13h30. Nous avons passé la jonction des deux glaciers, la fin de l’itinéraire se découvre. Il reste deux ressauts raides, séparés par une courte portion de plat. On ne se relaye presque plus sur l’attelage : ceux qui peuvent tracter tractent, les autres sont derrières. Heureusement il reste 2/3 participants pour nous faire la trace de montée : la neige n’a pas transformé et ne porte plus. L’avant dernier ressaut est franchi avec difficulté, et la portion moins raide nous permet de récupérer un peu. Nous arrivons à la rimaye qui est peu marquée, et que nous franchissons sans encombre par la gauche. Il reste 50m pour arriver au col sommital. C’est quasiment la partie la plus raide de l’itinéraire. Le moral oscille entre l’excitation du sommet, et la difficulté de progresser. Nous nous arrêtons tous les 20m pour respirer, et même tous les 10m … mais… on y est presque.
14h30. OBJECTIF ATTEINT ! Le record d’altitude des tractages est largement battu. Exténués, mais heureux. Nat a le sourire jusqu’au oreilles. Un peu fatigué et essoufflé lui aussi : tant mieux, on ne l’a pas emmené à 4000m pour rien !
La partie rocheuse sommitale est parcourue sans Nat, nous offrons à la vierge un collier NatNCo en forme de poisson d’avril avant de redescendre retrouver notre copain en ski-fauteuil, qui trépigne d’impatience à l’idée de la descente. La descente va être longue, il faut passer au refuge, puis remonter une épaule pour retrouver l’itinéraire de montée…redescendre au parking en neige pourrie… et encore rentrer à la maison avec 4 à 5 h de voiture. On n’est pas couché !!
Le début de la descente est excellent, dans une neige encore peu transformée qui commence à peine à s’humidifier. Puis, au dessus du refuge, on trouve de la transfo « moquette ». Le tractage de 200m pour repartir du refuge s’effectue facilement (mais tranquillement !), et la fin de la descente s’enquille vite malgré une neige lourde et profonde parfois difficile à skier. Avec le long trajet du retour, on ne trouvera le sommeil qu’après minuit ! Longue longue journée !!
Conclusion, un WE fabuleux, des sourires sur tous les visages, un défit ambitieux relevé avec enthousiasme et abnégation ! Quasiment tout le monde aura tracté à un moment ou à un autre, chacun a apporté ce qu’il a pu. C’est ça aussi le partage de l’effort !
Pour l’an prochain, on parle déjà d’un 4000m en Suisse… il va falloir renflouer les caisse de l’assoce d’ici là ! Mais ça, c’est une autre histoire…