Départ : Les Varvats (1042 m)
Topo associé : Grand Manti, depuis les Varvats
Sommet associé : Grand Manti (1805 m)
Orientation : NW
Dénivelé : 1185 m.
Ski : 2.2
Sortie du lundi 8 avril 2019
Conditions nivologiques, accès & météo
Bouillon clair au petit déj. Mince tranche de ciel bleu à l'heure du mâchon. Puis, bien avant l'heure convenable du déjeuner, purée de pois roborative.
Pas de vent. Température douce.Etat de la route : RAS
Altitude du parking : 1042m
Altitude de chaussage (montée) : 1400m
Altitude de déchaussage (descente) : 1400m
Activité avalancheuse observée : RAS
Alpette : fine pellicule de neige récente humidifiée sur fond bien portant - skiabilité 5* gâchée par l'absence de visibilité ; j'ai dû festonner la trace de montée pour ne pas m'égarer.
Traversée Alpette/Pré de Pratcel : mince croute posée sur neige pourrie en profondeur. skiabilité mauvaise
Descente chemin : à pied, facile, neige molle, zones déneigées dans la partie horizontale
Skiabilité : 😟 Médiocre
Compte rendu
topo + 2e remontée depuis l'Alpette
.....mais dire la vérité. Et la vérité, la voici : c'était pas trop réussi. Je ne dis pas « raté « : j'ai passé une journée merveilleuse dans une solitude totale et avec ma pelle, j'ai réussi à extirper ma jambe engloutie dans un trou sans fond.
J'ai un peu hésité avant de poster ce CR pour que les mercantouriens et autres ignorants des charmes chartrousins n'aient pas une mauvaise opinion du massif. Mais c'est de moi seule qu'il faut avoir une mauvaise opinion, moi qui ne fait pas toujours des choix rationnels mais se laisse guider par l'humeur du jour. Pourtant, le choix de ce lundi présentait un avantage non négligeable : vu la qualité de la neige et les quantités restantes côté E du Grand Manti, je ne risquais pas de voir surgir, à l'échancrure d'une brèche improbable habituellement fréquenté par les seuls bouquetins et chamois, un individu, également à barbichette, se riant des abîmes insondables et venant troubler ma tranquillité
Cela a peut-être échappé à certains, mais le Grd Manti a été un sommet qu'on se disputait il n'y a pas si longtemps encore. « On » ce ne sont pas les foules dominicales qui se disputent toutes les lignes de poudre de Belledonne, même si la ligne de mire est une ligne de pylones de tsk ; mais je ne dirai pas une ligne de plus là-dessus. Chacun a le droit de choisir son nirvana. Point à la ligne.
Non, le Grd Manti m'était alors disputé par un migrant du versant chic de la Chartreuse, accompagné par un comparse, aussi fidèlement que Don Quichotte par Sancho Panza (ils se reconnaîtront, mais où sont-ils passés ? Peut-être avancent-ils masqués ?). Ces gens-là étaient capables de faire le tour du massif rien que pour marcher sur mes plates-bandes.
La bande est d'ailleurs plate si on part des Varvats. Mais comment partir de St Même quand la nature est en pleine effervescence ? L'itinéraire est certes plus élégant mais vous y perdriez vite votre propre élégance, le collant accroché dans les ronces et le buff dans la futaie ! Il se pourrait même qu'une églantine facétieuse se place devant votre nez au moment où vous faites votre selfie d'homme des bois brut de pommes d'épicéa et alors c'est mort pour votre tentative de séduction des skieuses en fleurs.
Entre les Varvats et l'Alpette des Dames, il y a d'abord un purgatoire puis un avant-goût du bonheur (à condition de trouver le chemin bien sûr). Le purgatoire est boisé, traversé par deux chemins : celui de dessous (sentier de Tracarta) et celui de dessus via Pré de Pratcel. Sauf enneigement d'exception (en quantité et en qualité – ce qui n'a pas été le cas aujourd'hui), je privilégie le sentier du haut. Le cheminement vers le S pour arriver à la cabane de l'Alpette demande de garder l'oeil ouvert mais c'est une itinérance de toute beauté. Enfin, gravir l'Alpette des Dames, cette si belle épaule, bien visible depuis la route au niveau des Echelles, sera votre nirvana à vous.
Au sommet, de grâce, avancez prudemment et pas les spatules dirigées vers l'E même si les Belledonne vous éblouissent de leur gloire (ce qui ne fut pas non plus le cas aujourd'hui) : vous auriez tôt fait de vous retrouver du côté doré de la Chartreuse, là où le prix de votre cercueil dépassera vos moyens. Ne reculez pas non plus étourdiment vers l'W : vous risqueriez alors de débarouler et de sauter...le Pas de la Mort. Mais bon, de ce côté-ci, il y a du sapin à gogo et les cercueils sont sûrement moins chers. Non, déchaussez avec les gestes lents et mesurés qui s'imposent en de telles circonstances et, heureux de vivre, laissez-vous glisser le long de la belle croupe offerte par les Dames. Vous connaîtrez alors un moment d'une rare intensité sensuelle et, comme en d'autres circonstances, recommencez l'opération jusqu'à épuisement de vos forces.
En ce qui me concerne, si le brouillard avait daigné rester en bas, je serais bien restée la journée entière dans la cour de récré des Dames mais je n'ai jamais beaucoup aimé jouer à colin-maillard.