Départ : Les Varvats (1042 m)
Topo associé : Grand Manti, depuis les Varvats
Sommet associé : Grand Manti (1805 m)
Orientation : NW
Dénivelé : 1330 m.
Ski : 2.2
Sortie du lundi 15 février 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Beau temps, quelques nuages surtout vers le S, température allant en s'adoucissant au fur et à mesure de la journéeEtat de la route : RAS
Altitude du parking : 850m
Altitude de chaussage (montée) : 850m mais déchaussage au bout de 60 m, ensuite il est possible de chausser vers 1250m mais pour plus de facilité je n'ai chaussé qu'à 1400m environ quand la pente du sentier s'adoucit
Altitude de déchaussage (descente) : ioem, déchaussage pour moi à 1300m environ. Le champ du bas a encore pu être skié (slalom entre les taupinières
Activité avalancheuse observée : néant, sauf que j'ai vu de loin une importante coulée en face E des Lances, en aval du vallon de Marcieu
Neige absolument parfaite tant dans le Fourneau que sur l'Alpettaz, (une 30aine de cm de poudre reposant sur un fond ferme) très bonne également dans la traversée Alpettaz/Pratcel.
Le sentier entre l'intersection de Tracarta et Pratcel est encore bien enneigé mais toujours pas plus large et pas moins raide.
En-dessous, à oublier, marche à pied obligatoire.
Très difficile de donner une note de skiabilité dans ces conditions.
Mettons "correct" mais c'est une injure au haut
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
St Même d'en Haut/Chemin de l'Alpettaz/Pratcel/Crête du Fourneau/GR/Cabane de l'Alpettaz/Grd Manti/sous l'Alpettaz et retour par Pratcel
Hier, j'ai fait mon ourse, chose qui ne m'est pas difficile, à plus d'un égard. J'ai bien vu que le soleil brillait dans un ciel chartrousin pour une fois défoulardisé jusqu'en ses vallons les plus ténébreux . Mais s'il fallait se lever chaque fois que le soleil brille, où irions-nous ?
Non pas que je ne sache où aller, ça non ! Les idées se bousculent au portillon et, me dis-je ce matin, il est l'heure d'en sortir une du chapeau. Car les ourses ne sortent pas parce qu'il fait beau mais parce qu'elles ont besoin de se dégourdir les jambes.
Ce qui sortit du chapeau, fut le Fourneau. Non pas que je sois une cuisinière émérite, pas vraiment : on ne peut pas être au Fourneau et aux Grands Moulins. Je ne suis pas aux Grands Moulins, le Fourneau me suffit : avec sa neige exquise, ses clairières de toute beauté et sa vue, je ne vous dit pas, on y passerait la journée.
A St Même le Haut (pas le Bas, faudrait quand même pas exagérer!), je n'étais pas trop surprise par l'indigence du manteau neigeux, un peu perplexe quand même. Mais bon, j'y suis, j'y reste, là-haut ce sera forcément sublime. J'enquillai et entonnai donc le champ du départ, champ qui pouvait donner le change malgré toutes ses taupinières apparentes. Bien entendu, exactement 64m de D+ plus haut il a fallu baisser le ton, se baisser soi-même et mettre les skis sur le sac. Arrivée au chemin de l'Alpettaz, rien de neuf sous le soleil encore parcimonieux à part pas mal de branches et d'arbres trucidés par les derniers vents mauvais. Le crux de la course a été la mini cascade de glace de la Fontaine de Rigne Bâton. J'avais prévu les crampons rien que pour ça mais j'ai pu m'en sortir sans les sortir. La prairie de Pratcel, toujours aussi belle, le sentier pour l'atteindre toujours autant à plaindre. Mais le paradis commence ici et ce n'est pas le majestueux Fouda Blanc qui dira le contraire.
A l'aplomb de la crête du Fourneau, je n'ai plus d'itinéraire. Je sais que les clairières montent en douceur pour se redresser vers la fin. Va falloir s'employer un peu, mais ce n'est quand même pas un haut fourneau ! La trace s'enfonce profondément dans une poudre de rêve qui promet quelques minutes de plaisir intense, la pente ne fait hélas qu'un peu plus de 200m. Là-haut, je n'ose pas trop m'avancer de peur de tomber dans le vide ou sur un skitourien plus audacieux que moi, un espion venu de l'E. Mais j'eus beau scruter toutes les vires : personne. Descente. Je n'en dirai rien, vous pleureriez.
Et maintenant, je fais quoi ? Je rentre, je sirote un green chaud, j'enfile une bûche 10h dans un autre fourneau et j'attends les rêves les plus chauds ? Pas question ! Il y a là-bas, plus très loin, l'Alpette des Dames où jusqu'à preuve du contraire, j'ai aussi ma place et, un peu plus haut, quelqu'un à visiter : celui qu'en un mémorable jour d'avril 2019, j'ai désigné comme mon fiancé sans même lui demander son avis : le Grand Manti. Oui, celui auquel un quidam sans scrupules a rendu récemment visite. Pour négocier quoi avec lui ? La promesse de m'évincer ? On ne le saura jamais. Et on ne m'évincera pas aussi facilement, ce Grand Manti, je l'ai dans la peau.
J'avais, me direz-vous, un jour de retard pour fêter le grand amour avec lui. Mais si j'étais arrivée hier j'aurais sans doute crisé à voir toutes celles – et tous ceux – qui lui tournaient fatalement autour tant il est beau. Evidemment, ils ont laissé des traces, de belles faut reconnaître. Mais les traces c'est comme les amours : des palimpsestes, on peut facilement écrire par-dessus.
Pour finir, j'ai encore fait ma BA. J'ai voulu profiter de la croupe parfaite de l'Alpette des Dames jusqu'à la clôture qui protège les vaches et les étourdis d'une regrettable chute dans le cirque (sans filet) de St Même . Et voilà que tout près de la clôture, je tombe sur un tout jeune raquettiste, chargé à mort qui ne savait pas qu'il était près du Pas du même nom et qui avait l'intention de poursuivre jusqu'à Grenoble. Il a reconnu qu'il était perdu, qu'il avait du mal à lire la carte et demandé si je pouvais l'aider à retrouver sa route. Je l'ai remis dans le droit chemin en lui faisant, en plus d'un brin de compagnie, les recommandations d'usage : ne pas quitter le GR bien indiqué sur Iphigénie, bivouaquer plutôt dans la forêt qu'en terrain découvert, s'il est fatigué demain, descendre sur Perquelin par le col de la Saulce et aussi m'appeler demain dès qu'il aurait du réseau pour me dire où il en est, faute de quoi j'alerte les secours. Et ce soir auprès de mon fourneau, j'ai une pensée émue pour lui, Léo, qui, malgré son super duvet, doit passer un moment moins agréable que moi.
Je dédicace cette sortie à Rhododendron : en novembre 2017, nous étions deux femmes au Fourneau, à notre place bien entendu.