Départ : Latschau (996 m)
Topo associé : Dri Türm, Nord, depuis Lindauer Hütte
Sommet associé : Dri Türm (2830 m)
Orientation : N
Dénivelé : 6560 m.
Ski : 3.2
Sortie du lundi 14 mars 2016
Conditions nivologiques, accès & météo
J1 : beau temps avec vent d'Est
J2 à J4 : très beau temps sans vent
J5 : couvert le matin avec environ 1h30 de jour blanc
J6 : idem J2 à J4Etat de la route : dégagée
Altitude du parking : 1000m
Altitude de chaussage (montée) : 1000m
Altitude de déchaussage (descente) : 1000m
Activité avalancheuse observée : beaucoup de purges préexistantes dans les versants S raides, quelques coulées superficielles descendant dans l'après-midi des falaises
Globalement, en choisissant préférentiellement des versants N pour les descentes, très bonnes conditions : neige encore poudreuse mais trafolée à partir du WE. Versants S croûtés. Très bon enneigement. On ne touche pratiquement jamais.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Avec Caroline, Charlotte, Claudia, Federica, Lenka, Marei, Maren, Suzanne
cf. détail ci-dessous
(oui, je sais, il y a de nouveau beaucoup de S mais si vous saviez combien on en a lové sur la neige, vous seriez trop envieux)
Pour notre rencontre annuelle, Maren a proposé le Rätikon. Ah. C'est quoi çà ?
Eh bien, c'est un massif calcaire des Alpes orientales centrales situé entre l'Autriche, le Liechtenstein et la Suisse, sur la rive droite du Rhin. Il appartient aux Alpes rhétiques desquelles il tire son nom (merci Wikipedia)
Alors, comme Ruth à Noemi, j'ai dit à Maren : « Où tu iras, j'irai... »
Comme chaque fois, l'équipe était cosmopolite, l'humeur joyeuse style : randonner sans gaieté n'est que ruine de l'Alpe, et le moral de fer. Fallait çà : ici, autour de la Lindauer Hütte, les classiques sont soutenues.
J1 – Latschau – Lindauerhütte - D+ 744m
L'éclaireuse du Haut Adige avait ouvert le feu, suivie de près (mais sans le savoir) par les Chartrousines s'habituant doucement à l'air vivifiant du Gauertal après 6h de voiture. Les sommets, qui nous voyaient venir et qui subodoraient ce qui les attendait, agitaient leurs tignasses de poudre sous des vents tourbillonnants, histoire de nous impressionner. Mais, pour le moment, il s'agissait juste de hisser le sac avec plein de bonnes (et lourdes) choses jusqu'au refuge tout au long de la looongue piste en espérant éviter une collision avec les luges descendantes (luges en bois, sport local apparemment très prisé). Première surprise : le refuge est gardé, confort ++, accueil et organisation : du jamais vu, prix défiant toute concurrence (10euros la nuit en dortoir, CAF ou pas CAF).
J2 – Lindauerhütte – Untersporaalpe – Obersporaalpe - Golmerjoch – Latschätzkopf – Hätabergerjoch – Zaluandaalpe – Öfapass (par l'W) – Lindauerhütte – D + 1200m
Nous avons RDV à l'arrivée du TS Golmerbahn. Pour s'y rendre, il suffit de descendre à peu près au niveau de l'Untersporaalpe et de remonter au Golmerjoch . Federica se met à la trace sans perdre une seconde. En arrivant à l'Obersporaalpe, on se dit que l'endroit serait idyllique s'il n'y passait le hors piste de la station. Là, on retrouve le reste de la troupe : deux Guillemette Tell, une franc-tireuse tchèque, les trois BB (Bavière et Brême réunis). L'appelée belge a déclaré forfait pour cause de mauvaise chute en cours de manœuvres d'entraînement. Tout ce petit monde est frais et rose avec sac léger pour cause d'informations supplémentaires et c'est parti pour une superbe chevauchée de crêtes (qui me permet de m'habituer à la carte 50/000e), suivie d'une excellente descente versant W ; on comprend de suite que Claudia, la nouvelle recrue, est largement à la hauteur du reste de la troupe. A l'alpage désert, chacune peut commencer à déballer ses spécialités. La remontée du vallon direction Schweizertor est de toute beauté. Puis, c'est l'arrivée à l'Öfapass d'où il ne reste plus qu'à dévaler jusqu'au refuge.
J3 – Lindauerhütte – Dri Türm (Gross Turm) - Lindauerhütte – D+ 1100m
Course en A/R. Déniv moyen. Sac léger. C'est l'une des 2 classiques convoitées du secteur. Great !
Le crux est un court ressaut qu'il faut négocier à ski pour arriver à sa base par une petite traversée que Lenka nous trace sans sourciller. Là, on met les skis sur le sac et en 10mn on est sorti grâce à un escalier confort. Sur le replat attenant, on découvre le reste de la montée et la future descente. Superbe. L'arrivée au sommet de « Gross Turm » a été un grand moment. On fait la connaissance de Zumba et Schesaplana et cent autres encore. Mais, pour Caroline, ce fut surtout un grand moment de solitude quand elle a vu qu'une partie de l'une de ses butées arrière s'était fait la malle. On avait déjà vécu çà à l'Etendard l'année dernière (mais en fin de course). Cependant, une fois de plus la chance est avec nous. 2 Autrichiens se penchent avec compassion sur la chose malade, sortent de leur sac magique une pince et les liens de serrage de câbles (je cours en acheter) et avec tout çà, la fix est bloquée et la plus belle descente du séjour ne sera pas un gâchis. Hélas, on n'a pas revu nos sauveurs pour leur offrir une bière plus que méritée. Pour Caroline et Marei, la journée n'est pas finie : descente à Schruns pour louer d'autres skis et remontée de nuit au refuge (+ 750m!)
J4 – Lindauerhütte – Drusator – Carschinahütte – au-dessus de Eggen – Gemschtobel – Sulzfluh – Rachen – Porzelanga Wald – Lindauerhütte – D+ 1520m
La Sulzfluh est le 2e des sommets les plus convoités et çà se comprend. On la voit depuis le début du Gauertal et la descente du Rachen est réputée. La troupe de choc ne va pas se contenter d'un banal A/R ; Charlotte, qui connaît le coin, a concocté un tour qui, par le Drusator, formidable échancrure rocheuse, nous permet de passer en Suisse sans montrer le passeport : cet assemblage de mercenaires féminins, de tout horizon, payées en Nature, risquerait en effet de paraître suspect par les temps qui courent. Et ce n'est pas seulement les temps qui courent, les copines aussi! Je me nourris du paysage faute d'avoir le temps de le faire par autre chose et je me console en me rappelant que la nature choisit toujours entre performance et longévité : j'ai donc encore de longues années devant moi. Même si parfois il faut trancher dans la croûte infâme de la Grossganda (c'est un versant S), la promenade au-dessus de la mer de nuages dans ces immensités scintillantes n'est que bonheur.
Ah, voici la Carschinahütte, fermée, mais belle opportunité pour la pause déjeuner au soleil. Ensuite, faut encore descendre un peu puis remonter vers le Gemschtobel que l'on atteint par un couloir d'une 50aine de mètres, skis sur le dos. Puis, on rechausse, on longe les falaises que surplombe la Kleine Sulzfluh, Suzanne m'attend discrètement, et bientôt on atteint le plateau sommital puis la Croix. La mer de nuages est encore montée d'un cran. Seuls quelques sommets émergent tels des navires en train de voguer sur l'éternité. Les chocards nous font la fête et la Bernina nous regarde semblant dire « Et moi, c'est pour quand? » La descente est d'anthologie de 2800m à 1500m, juste un peu trop trafolée et la plongée dans la brume n'aide pas à savourer. Le bas, dans des ressauts rocheux, donne un peu de fil à retordre et un pin nain providentiel m'aide bien à faire la conversion de l'extrême. A 1500m, reste plus qu'à remonter la piste en rêvant à une réhydradation mousseuse accompagnée d'un Apfelstrudel ou autre Kaiserschmarren. Invitée à goûter l'élixir de la Grde Chartreuse (qui m'accompagne en tout point du globe et qui déjà sauvé bien des vies), la serveuse nous explique que non, ils sont catholiques et c'est encore Carême, donc pas d'alcool, pas de desserts, pas de viande. Là, je lui souhaite que tous ses clients ne soient pas catholiques sinon gare au manque à gagner. Elle me regarde, perplexe.
J5 – Lindauerhütte – Öfapass – Öfakopf – Gross Zernen – Hätabergerjoch – Kreuzjoch – Golmsalpe – Latschau - D+ 900m
Ah, il faut rentrer ? C'est le cas pour la plupart. Mais quand même, on ne va pas bêtement descendre le long de la piste de luge, non, mais ! Je deviens généreuse : je distribue mes restes de victuailles non touchées pour cause de gastronomie de perdition au refuge et c'est sous cette condition que j'accepte, malgré la brume, de remonter à l'Öfapass, de grimper jusqu'au raide mais court sommet de l' Öfakopf, de basculer en face N, de remonter au Hätabergerjoch, puis au Kreuzjoch dans le jour blanc et enfin de descendre à nouveau en N pour rejoindre le domaine skiable avec une éclaircie bienvenue.
J6 – Latschau – Tschaggunser Mittagspitze – Latschau - D+ 1100m
Nous restons à 3 au Gasthof Sulzfluh, établissement à la gastronomie reconnue, personnel en « Tracht » (costume traditionnel fort seyant SVP). Le matin, on se réhabitue tout doucement à une présence masculine en la personne de Matthias venu d'Innsbruck pour aller avec nous au sommet phare du village. Une fois que vous avez prononcé le nom du sommet, vous avez déjà perdu une bonne partie de votre souffle ! Les 1100m sont vite avalés, la côte est raide surtout dans la partie forestière et le final eut nécessité les crampons : nous les avions trainés sans les utiliser pendant 5 jours et là nous en avions fait l'impasse ! Donc arrêt sous le ressaut rocheux où les chocards, en rassemblement, nous la jouent en mode Hitchcok. La descente est encore très bonne malgré les nombreux passages du WE.
Merci à toutes pour ces beaux moments passés ensemble. Hormis matérielle, pas de casse, juste quelques bobos et des souvenirs imprimés dans les ligaments et les os de celles qui ont déjà été blessées au combat. A l'année prochaine !
PS : un seul regret: ne pas avoir pu aller aux Vans dimanche, mais le coeur y était
NB : dès que j'aurai un moment, je créerai les topos non existants.