Départ : Les Contamines (Cugnon) (1200 m)
Topo associé : Dômes de Miage, Traversée des Dômes
Sommet associé : Dômes de Miage (3670 m)
Orientation : T
Dénivelé : 2600 m.
Ski : 3.2
Sortie du mercredi 20 avril 2016
Conditions nivologiques, accès & météo
Très beau temps les 2 jours, très chaud dans l'après-midi du 19. Pas de vent. Ciel un peu voilé au SW le 20.Etat de la route : RAS
Altitude du parking : 1150m (pt pk d'en bas)
Altitude de chaussage (montée) : 1750m
Altitude de déchaussage (descente) : 1800m (pente raide au-dessus du lac d'Armancette déneigée mais possibilité de rechausser ensuite encore sur une 50aine de m de dénivelée
Activité avalancheuse observée : plaque partie hier au milieu de la pente à côté du 1er mur sur l'itinéraire de descente - nombreuses autres coulées de jours précédents, certaines rendant le ski impossible dans leur sillage (glace) - purges en aérosols dans les zones rocheuses hier
La descente a été "agrémentée" par une très grande variabilité dans la qualité de la neige : départ du sommet bien glacé, belles zones de poudreuse principalement dans le haut, longs passages en croûte infâme, traversée à 2700m bien dure et bien exposée, bas en neige transformée sur fond bien portant.
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par taramont)
Avec Chrystelle, Dominique,
….je peux aussi ajouter, je vous le dis sans ambages, et sans un seul nuage. Mais assez de bavardages.
En allant au RDV hier, j'écoutais une émission consacrée à Jérôme Bosch. C'est là que j'appris que le commanditaire du Jardin des Délices, Henri III de Nassau Breda, un homme qui savait vivre, avait dans son château un lit à 30 places ! Je me suis dit que c'était sans doute l'inventeur des refuges de montagne et je me faisais un peu de souci pour notre nuit aux Conscrits. Mais le souci se révéla sans objet.
Le pk du Cugnon était bondé, la forêt était, on peut le dire, en son habit hivernal. Le refuge de Trélatête nous regardait de haut, mais nous ne faisions que passer.
Au mauvais pas, pas de faux pas (tiens, ceux-là je les ai oubliés l'autre jour, et personne pour me les rappeler!). Un quidam nous a conseillé les crampons pour le passage, mais cela s'avéra superflu. Le seul conseil utile aurait dû être de faire fissa, vu ce qui peut dégringoler des falaises enneigées dégoulinant sous le soleil. Mais çà on l'a compris tout seul.
Dans la dernière pente sous le refuge, mes «descender» montaient à l'allure de la plus indolente des tortues tropicales (la température était en adéquation). Je suais à grosses gouttes. Un doute me frôla : peut-être ce modèle n'est-il fait que pour descendre et faut-il que je m'achète un autre modèle pour la montée ? Il y aura sûrement ici quelqu'un pour m'instruire.
La fin d'après-midi et la soirée furent paisibles et le tableau grandiose. On était dans quelque chose de plus épuré que chez Jérôme Bosch.
Au matin, la canicule avait laissé place à un petit air bien réfrigérant. A l'horizon, la lune avait la couleur qu'on attendait d'elle en cette période de lune rousse. La montée vers le col Infranchissable fut une belle séance de méditation. Quelques conversions serrées ont suffit pour atteindre l'arête. Petite traversée à flanc jusqu'à son pied définitif. On chausse les crampons, et en avant vers les deux dômes. Une splendeur.
Mais c'est pas tout de s'extasier sur le paysage, les lignes aériennes et les abîmes insondables. Il s'agit à présent de s'y jeter. Au bord du talus, je grignotais lentement une dernière pastille de chocolat (Valrhona, comme dernière pastille, je recommande) comme le condamné fume sa dernière cigarette. A côté de moi, Marc s'impatientait comme le bourreau qui a hâte de décoller (!) et/ou de rentrer pour son déjeuner dominical. Je pliai méticuleusement le papier et le rangeai soigneusement : faudrait pas que ma succession ait à dépiauter un sac à dos avec affaires en vrac, j'aurais trop honte même dans l'au-delà.
De la descente, on s'en souviendra : facultés d'adaptation mises à rude épreuve mais des moments magiques. Par moments, il a quand même fallu prendre sur soi.
Dernière pause au pays du Mont Blanc au bord du « lac » d'Armancette avec grenouilles et crapauds.
Pour finir, recueillons les impressions de mes coéquipiers :
Marc, l'organisateur : L'équipe était fine mais pas soudée : j'en veux pour preuve qu'elle s'est éclatée. Le « mauvais pas » était toujours à sa place et le bouquetin missionné par l'OT aussi. La lanterne rouge était toujours la même : vaillante mais pas brillante ; je la gardais à l'oeil, ma presbytie à présent bien installée m'est ici d'un grand secours.
Olivier, un fin skieur : j'ai lanterné par pure galanterie, mais aussi il me manquait un peu d'énergie car mes cris désespérés « du rab, du rab ! » n'ont pas eu d'écho.
Christelle, une compagne en or : j'ai vu la Dent de Crolles et beaucoup de montagnes moins importantes, la lune rousse et un soleil éclatant ; que me faut-il de plus ?
Dominique, un autre fin skieur : j'ai rentabilisé ma RTT, cette invention qui ajoute de la vie à la vie, pour jouer au border colley en m'occupant des brebis fatiguées.
Devant 1 bière pour 5, l'équipe s'est ressoudée mais ne s'est pas éclatée.