Départ : La Martinette (1050 m)
Topo associé : Crête de la Marmottane, Couloir NW
Sommet associé : Crête de la Marmottane (2657 m)
Orientation : NW
Dénivelé : 6910 m.
Ski : 5.2
Faune : cet itinéraire passe près de zones sensibles. Voir consignes sur fiches topo
Sortie du dimanche 26 février 2017
Conditions nivologiques, accès & météo
Chute de neige dans la nuit de vendredi à samedi.
Grand beau et chaud le samedi.
Beau légèrement voilé le dimanche.
Etat de la route : OK
Altitude du parking : 1068
Presque toutes les conditions de neige possibles selon les orientations et le travail du vent. Voir récit pour détails.
Altitude de chaussage (montée) : 1400
Altitude de déchaussage (descente) : 1350
Activité avalancheuse observée : Petites accus de neige fraîche
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par Boris Pivaudran)
Voir description
Longtemps que nous n'avions pas reformé notre équipe avec Quentin. L'idée de ce tour était de venir découvrir le nord du massif de Belledonne, que nous ne connaissions que très partiellement lui comme moi. La découverte associée au plaisir de la glisse : on embarque les gros skis pour profiter à fond des descentes, et de la petite couche de poudre tombée vendredi soir.
J1 : Combe Madame > Col du Tepey > Combe du Tepey > Selle du Puy Gris > Charmet de l'Aiguille face nord > Col des Fontaines > Col et couloir du Pertuis > Refuge de l'Oule > Col de Comberousse > Col de la Valloire > Lac Noir > Col d'Arguille > Combe Madame
Le refuge de Combe Madame n'échappe pas à la pression démographique. Après notre montée très tardive la veille au soir au refuge, nous comprenons vite que nous allons devoir dormir sur le dur. Optimiste, je pensais au moins compter sur une couverture. Je passerai la nuit à frissonner, ne pouvant fermer l'oeil. Plus prudent, Quentin avait emporté un duvet, mais en réalité il nous aurait fallu la tente.
La caravane s'ébranle à 8h du matin et nous partageons la trace de la Plagne Vaumard avec l'équipe bariolée du Tour de l'Isère, en passe de terminer son épopée. Les 5cm de fraiche au refuge deviennent 25cm en haut de la combe, légèrement plaquée. La descente en grandes courbes de la combe du Tépey sur cette petite poudre légèrement dorée au soleil fut un pur régal. Mais la remontée dans la fournaise plein sud jusqu'à la Selle du Puy Gris nous assèche littéralement : nous pourrions presque faire cuire des oeufs au plat sur nos spatules. Heureusement une vaillante dame trace les 100 derniers mètres skis sur le sac dans la transfo lourde.
Prochaine étape, le Charmet de l'Aiguille. Du sommet, sa face nord a de l'allure. Tout poudre, à peine cartonnée par le vent sur le bas. On exulte !
La remontée au col des Fontaines calme nos ardeurs. Là encore, le soleil nous liquéfie. N'ayant emporté qu'un litre, je mange de la neige pour épancher ma soif. Là encore Quentin a été plus prévoyant. Sans doute son expérience d'ultra-trailer qui parle, peut-être devrais-je m'en inspirer.
Après avoir croisé un petit bataillon de militaires au col, nous filons vers les Lacs Morétan par une belle descente poudreuse restée à l'ombre. Enfin de la fraicheur !
La courte remontée au col du Pertuis nous fait découvrir ce fameux couloir, large toboggan de 600m. Le soleil de fin d'après-midi vient contraster les reliefs. Nous poursuivons la descente jusqu'au torrent de fond de vallon pour remplir les gourdes. De là, nous attend une montée brute de 1300m jusqu'au col de la Valloire. Heureusement, l'effort est adouci par les lumières du couchant, et par une pause conversation au refuge de l'Oule.
Cette fois, il fait nuit d'un noir d'encre. Les pentes regèlent et la qualité de ski se dégrade. Nous nous orientons au GPS. Depuis le lac Noir, nous devons tracer 500m jusqu'au col d'Arguille, dernière montée des 4260D+ du jour. La neige fraiche sur fond dur nous fait constamment zipper, et rapidement nous continuons à pied. Seulement 500m, pourtant nous n'en voyons pas le bout. Le haut est bien déneigé et une trentaine de mètres de mixte nous attendent. Rien à voir avec mon dernier passage en ces lieux avec l'ami Ghyslain.
La Plagne Vaumard a perdu sa poudre du matin. La neige a bien regelé, avec beaucoup de relief : effet marteau-piqueur garanti. 22h passé, avec les chaussettes aux chevilles, nous arrivons au refuge.
Mince, y'a plus de matelas.
J2 : Combe Madame > Rocher Blanc en boucle > Col de la Combe Madame en AR > Crête de la Marmottane couloir NW
Deuxième nuit sur le dur on commence à avoir mal aux hanches, mais bon ça forge le caractère il parait ! Heureusement certains randonneurs libèrent des places à 6h30 et on s'accorde un vrai sommeil jusqu'à 9h.
Petit déjeuner tranquille, Quentin s'adonne a un nettoyage de la salle commune.
Avis aux gardiens, s'ils passent par ici : peut-être qu'il faudrait plus que 4 couvertures et 7 matelas en tout et pour tout dans ce refuge bien fréquenté, et aussi quelques sabots car là tout le monde est en chaussures de ski à l'intérieur et ça devient vite dégueu.
11h du mat', mise en route pour le Rocher Blanc. Un léger voile vient tempérer le soleil, mais nous montons quand même en t-shirt. Deux heures plus tard, nous embrassons la vue panoramique de ce belvédère de Belledonne. Nous descendons une combe parallèle en excellente poudre, à peine humidifiée.
Je propose de faire le couloir de la Marmottane en boucle par la Brèche de l'Argentière, mais je confonds cette dernière avec le col de la Combe Madame. Pas grave, nous skions ce col en aller-retour, là aussi en très bonnes conditions, pour ensuite aller skier le sus-dit couloir en aller-retour.
La trace que nous suivons jusqu'au pied du couloir est malheureusement recouverte ensuite, et nous brassons sur les 300m de dénivelé. Sur le haut, l'accumulation de neige fraiche est vraiment importante, et chaque pas est une lutte. Nous nous échappons du couloir par quelques mètres de mixte sur la gauche.
Autant la montée fut compliquée, autant la descente fut un plaisir : un vrai bon cinq étoiles ce couloir ! Grosse poudre, une petite étroiture facilement négociable, une belle ambiance encaissée, rien à jeter.
Nous choisissons de rester sur cette belle descente et sur un chocolat chaud à la Martinette pour clôturer ces pérégrinations en Haut-Bréda.