Départ : Névache (1600 m)
Topo associé : Crête de la Casse Blanche, Couloir Sud Est
Sommet associé : Crête de la Casse Blanche (2914 m)
Orientation : SE
Dénivelé : 1700 m.
Ski : 3.1
Sortie du mercredi 18 février 2015
Conditions nivologiques, accès & météo
bleu invariableEtat de la route : y'en a pas.
Altitude du parking : y'en a pas.
Altitude de chaussage (montée) : 2223 m refuge du Chardonnet
Altitude de déchaussage (descente) :2115 m refuge du Ricou
Activité avalancheuse observée :
y'en a pas le matin.
y'en a pas le midi.
y'en a pas le soir
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
---|---|---|---|---|---|---|
casse Blanche | 2800 m | SE | 10H00 | 30 cm | Poudre | un régal |
ruiseau de la Clarée | 1900 m | S | 12H00 | 50 cm | Poudre lourde | terrain de jeu sous les mélèzes |
Pic du lac Blanc | 2800 m | SW | 17H00 | Croutée | encore bien suffisant |
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Avec Piton-second
refuge du Chardonnet - Casse Blanche - refuge du Ricou - Pic du lac blanc en AR
"Elle est bonne, elle est bonne!", criait la skiabilité.
Mais en fait c'était pour faire une moyenne.Car nous l'avons jugée d'excellentissime dans le couloir de la casse blanche à Couci-couça sous le pic de la même couleur.
Il est huit heure passé, nous quittons le ventre bien plein le havre du Chardonnet, pour atteindre quelques dizaines de minutes plus tard le replat des lacs, sous la crête du Queyrelin.
A partir de cet instant nous basculons en territoire non sécurisé, alors même que nous décidons d'aller affronter le néant non tracé, direction Nord.
Nous gardons un oeil attentif aux pentes à notre droite, sans réelle inquiétude car il fait vraiment froid, et tout est à l'ombre.
De face, le col qui nous barre la route (+500 m)est impressionnant.
Gilles, à la trace, en vient à bout dans l'heure.
Nous gardons les distances de sécurité, mais rien ne bouge.
De loin, là-bas,sous le col du Chardonnet, Paolo et son équipe gardent un œil attentif sur notre progression. Merci camarade !
Peu avant le sommet , la pente se redresse sérieusement.
Puis c'est un éblouissement.
Le soleil nous attendait là-haut depuis un moment, mais tardait encore à réchauffer l’atmosphère.
Est-ce le vent du sommet, la caresse du soleil ou la beauté sauvage du spectacle? Mais j'ai le souffle court, suspendue entre l'austère face Nord désormais barrée d'un trait, et ce long torrent de neige qui cavale jusqu'au fond de la Clarée, sur mille mètres d'une coulée sinueuse et immaculée.
Il ne s'agit que d'y imprimer quelques courbes , mais nous voudrions que le dessin soit joli, à la hauteur du plaisir qu'il nous promet.
Une seule poussée sur les bâtons et c'est comme un long film au ralenti, troublé par le froissement de la neige sous les skis.L'instant est serein, magique, éternel.
Nous restons prudents malgré tout, et attentifs.
Nous sommes presque surpris quand arrive la fin du couloir, qui nous précipite dans les mélèzes pour y jouer un bon moment à cache-cache.
Puis c'est le fond du vallon, il fait chaud.
Nous replaçons les peaux pour rejoindre sur l'autre rive le refuge du Ricou.
En face de nous , à la terrasse, un très long couloir incurvé, coupé de deux ondulations parallèles.
Un soupir, un sourire, quelle belle journée !
Après une pause confortable, et suivant les conseils de la gardienne, nous rechaussons en direction ,du Pic du lac Blanc, pas certains d'y parvenir car il semblerait que seule l'antécime Est soit tracée.
La montée est régulière.
L'itinéraire démarre d'abord à droite sur le ressaut boisé, puis après le contournement d'une épaule revient sur la gauche et emprunte comme une évidence le vallon des Gardioles.
Nous croisons une jeune fille et son papa , qui pour les deux soirs suivant seront nos très agréables compagnons de table.
Au loin le Pic du lac Blanc, orné d'une double trace de descente.
Nous hésitons à poursuivre car il est déjà tard. il nous reste encore à rejoindre les crêtes et traverser vers l'ouest.Le vent souffle fort la-haut, il fera froid.
Allez, un dernier sursaut de courage et nous repartons.
En effet, nous devons nous couvrir et sortir les couteaux pour les deux cent derniers mètres.
Mais quelle récompense!
La neige prend feu sous le soleil couchant, l'horizon n'est qu'un incendie jaune et rouge.
Vite, vite, nous redescendons d'un seul trait avant qu'il ne fasse trop sombre.
Nous sommes seuls au monde, saoulés de grand air et d'espace.
ultime réconfort, au refuge, le gardien nous propose un goûter, offert par la maison.
Thé brûlant et pain d'épice.
Quel accueil!
Le soir, le dîner est royal, en petit comité.Soupe épicée ux tomates , fricassée de lapin et gratin, salade verte et gâteau au chocolat...
Mais comment font-ils tout ça?
Nous nous endormons repus dans un mini dortoir en forme de cabane.
Vous qui aimez la vie, ne manquez pas le Ricou....