Départ : Bourg Saint Pierre (1650 m)
Topo associé : Combin de Valsorey, Face NW
Sommet associé : Combin de Valsorey (4184 m)
Orientation : NW
Dénivelé : 1400 m.
Ski : 5.3
Sortie du samedi 29 juin 2019
Conditions nivologiques, accès & météo
Canicule, 36°C à Sion, vent faible, peu de convection.Etat de la route :
Altitude du parking :
Regel étonnamment bon en versant W du Col des Maisons Blanches
Altitude de chaussage (montée) : 2600
Altitude de déchaussage (descente) : 3070
Activité avalancheuse observée : nada
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
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Alpages | 1600-2600 | SW | 0/0 | Herbe **** | ||
Combe | 2600-3400 | W | 0/80 | Névé | Névé bien regelé, pas trop creusé |
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Samedi 18h, Montreux. Que fais-je dans les embouteillages pour le concert d’Elton John alors que j’avais réservé la nuit à la cabane de Valsorey ? La faute à une petite erreur de carre commise par mon acolyte, sur une pente débonnaire à 3000 mètres sous le Grand Combin, quelques heures plus tôt…
La journée avait bien commencé. Fraîcheur toute relative (16 degrés à Bourg St Pierre à 1600m) mais acceptable en ces jours de canicule, portage efficace sur 1000 mètres dans des grosses pentes morainiques à marmottes, et neige trouvée à 2600m en versant Ouest, bien regelée. Plus surprenant encore, on a la caisse. Avec tous ces paramètres réunis, le franchissement du Col des Maisons Blanches semble chose acquise. Et le Grand Combin demain n’est plus complètement un fantasme …
Bien contents d’avoir à peine soulagé nos épaules du poids des skis, il est tentant de faire durer le plaisir. Oui mais à condition de se concentrer sur chaque pas, chaque conversion, et regarder ce qui nous entoure et ce qui est en-dessous de nous. Bientôt un replat, c’est là qu’il faudra remettre les lattes sur le dos.
J’entends un bruit. Un bruit de glissade.
Je me retourne et vois mon pote partir tête en bas sur le névé, perdre les deux skis, et filer droit vers un petit rocher qui enraye sa chute. Pas de veine, pensai-je. Allez, relève-toi, bon Dieu on va perdre une demi-heure avec ça. Mais après une ou deux minutes je comprends. Je skie vers lui et le trouve hors d’haleine, le bras ballant, la neige tachée d’une flaque de sang. Je retrousse la manche et la blessure manque de me faire tourner de l’oeil.
Mon pote me dit qu’il a froid, et du mal à avaler. Je me garde bien de le bouger, je défais juste la sangle de son casque de VTT, enfoncé sur le dessus et brisé sur les côtés. Je lui fais un garrot léger, improvise un gros pansement avec une peau de phoque, et appelle le 144. Localisation facile, météo clémente, l’hélico est rapidement sur place et ne peut manquer le Y formé par les skis sur la neige.
Je me remémore la conversation de vendredi :
« - Tu as un casque ?
- Non.
- Pas même de VTT ?
- Si, ça j’ai.
- Alors prends-le. »
Le treuillage est fini, je suis au café à Bourg Saint Pierre. Fin de la partie sauvetage. Viendra l’heure du réconfort, lorsque je retrouverai mon vieux copain à l’hôpital de Sion. Puis sur l’autoroute du retour, l’heure du bilan. Tout ceci n’aurait-il pas pu être évité ? Y a-t-il du mal à suggérer à ses compagnons de cordée de cramponner plus tôt que soi-même ? Etc.
Je saisis l’occasion pour répéter les conseils de prudence qui à forcent de tomber sous le sens, tombent dans l’oubli. Et tirer mon chapeau aux sauveteurs et au pilote de ce matin. Merci !
Pour finir sur une note plus humoristique, 1000 m de portage à la montée, 400m à peaux, 0m à skis, et zéro portage à la descente, j'avais jamais fait ! Une sorte d'héliski inversé, absurde à souhait !