Départ : la Bérarde (1720 m)
Topos associés : Grande Ruine, par le Col de la Casse Déserte Col du Pavé, versant Ouest
Sommet associé : Col du Pavé (3554 m)
Orientation : W
Dénivelé : 5000 m.
Ski : 4.1
Sortie du dimanche 18 avril 2010
Conditions nivologiques, accès & météo
Variable
Etat de la route :
Altitude du parking : 1670m
J1 : neige dense
J2 : Haut de la Grande Ruine en poudre - Croutée fin en SE - Casse Déserte : 5cm de poudre sur du dur au col, suivi de 200 m de poudre, crouté trafolé sur le front du glacier, transfo jusqu'au Chatelleret
J3 : Au dessus du Col du Pavé: poudre et plaques. Dans le bombé : crouté dur. De 3350 à 2900 : transfo 5*
J4 : Crouté sous la Brêche avec beaucoup de passage. Glacier de l'Homme (12h) : dur dans la 1ère pente en rive droite, trafolée et très marquée jusqu'à 2600m, transfo 3* jusqu'en bas
Altitude de chaussage (montée) : 1670m
Altitude de déchaussage (descente) : 1670m
Activité avalancheuse observée : Quelques plaques à vent dans les zones d'altitude en Nord
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par HDlameije)
Pied du Col - Adèle Planchard - Grande Ruine - Casse Déserte - Chatelleret - Col du Pavé (3625m) - Promontoire - Brêche de la Meije - Serret du Savon - Aigle - Glacier de l'Homme
Pélerinage pour moi sur les traces d'Henry DUHAMEL, mon arrière grand-père, si présent dans mon esprit dans ce coin mythique. Je rêvais de faire ce tour depuis bien longtemps. Je remercie très chaleureusement Paul et David d'avoir pu me permettre de le compléter.
Pour des raisons d'hébergement et de météo, on a improvisé en faisant une incursion au dessus du col du Pavé. On aura vraiment touché les faces sud et nord de la Meije.
J1 : Refuge Adèle Planchard : 1ère étape du pélerinage. Après un petit passage en mode pyrolise dans la combe finale, on est heureux de pouvoir faire une bonne bulle au refuge. Je retrouve le livre d'or où j'ai laissé ma trace le 20 août 1982. Et j'avais déjà couché quelques années avant dans l'ancien refuge !! Très belle soirée avec des camarades de randonnée bien agréables et l'animation de Sylvie, Sébastien et Méane, la plus jeune gardienne de refuge. Nous les en remercions. Sébastien est détenteur de records de montée hallucinants.
Pour la petite histoire, le chemin des toilettes est illuminé la nuit, une première je crois à cette altitude.
J2 : Montée facile à la Grande Ruine qui est tracée jusqu'en haut. Le début de la descente est en poudre. Ca ne durera pas. La météo bouge vite. Des nappes de brouillard nous rattrapent au col des neiges qui est glacé. Bonnes marches pour remonter la Casse Déserte. Il faut chausser 10m sous le col, mais les quelques cm de poudre tombés la nuit ont été embarqué par Bruno, le guide et ses 2 clients, et 3 ou 4 autres skieurs. En rive droite du col, il faut déchausser sur quelques mètres.
Et puis 200m de poudre 5* en rive gauche. Le front du glacier est tracé, trafolé, crouté. On retrouve du plaisir dans les Coutulaits en rive droite. Et puis bullage au Chatelleret. On est rejoint par François, Marc et Thibaud. François vous a déjà tout raconté, sauf qu'il a animé la soirée à la guitare. J'ai une pensée émue pour Gaston Turc, père de Brigitte la gardienne, avec qui j'ai fait mes premières voies il y a fort longtemps.
J3 : Départ pour le glacier des Etançons dans un vent violent chargé de particules de neige abrasive. On s'est fait un peeling gratos. J'ai pu constater que les skieurs "aux planches larges" ne fonctionnaient pas qu'avec le café du refuge. Nos routes se séparent sous le refuge, et nous montons sous la face sud de la Meije que l'on aperçoit par moment. Impressionnant !! Le glacier des Etançons ou ce qu'il en reste est dur. On déchausse à 3450m pour passer le bombé glacé (croutée sur fond dur). On montera à 3625m. Une éclaircie de courte durée nous aura permis d'entrevoir la Grande Ruine et sa face imposante, et le beau vallon du glacier du Pavé. Le col est plus bas à 3554m. David perd l'ergot métallique de sa chaussure dans le début de la descente. Heureusement pour lui, on aura droit à la première vraie moquette de printemps de l'année sur la fin de la descente. Repeautage pour le Promontoire et montée facilitée par une bonne brise rafraichissante. On aura passer la journée seuls, un luxe.
Accueil magnifique et chaleureux de Fredi et Nathalie, et de leurs amis. Fredi dépannera David, en espérant qu'on lui a déjà remonté sa pièce. On se reverra car on a beaucoup de choses à se dire. Après midi super au refuge en compagnie de Haut Savoyards (tout le monde n'est pas parfait) de très bonne compagnie. On se suivra le dimanche.
On a bien regardé l'Aiguille de la Bérarde, en pensant à Toz, et sans savoir qu'elle était faite au même moment. Salut à eux. Duhamel hante le refuge. On n'a jamais été aussi près de l'histoire. On essaye de se remémorer comment ces grands alpinistes, découvreurs de voies, inventeurs de matériels, ont pu faire. Gloire à eux. Coucher dans le grenier, avec une goutte de condensation froide qui vous tombe sur le visage pendant la nuit, restera un excellent souvenir. Sans parler de notre inventivité pour rendre cette nuit plus facile...
J4 : Départ à skis, sur l'accès gelé au refuge (par -9°). On ne sent pas le froid. On sera les premiers à la Brêche, profitant des bonnes marches. Le temps se couvre. On descendra en traversée, le goupe de l'UCPA derrière nous, en rappel. Jour blanc jusqu'au passage du Serret du Savon. On sent la présence de la face Nord de la Meije et les impressionnants séracs sous les corridors. La montée du Serret est facile. L'émotion est au maximum pour moi quand je sors au soleil. Enfin, je l'ai fait, après tellement de tentatives. Je croyais que ce ne serait plus possible. Paul tu ne sais pas la valeur du cadeau que tu m'as fait.
Magique arrivée au refuge de l'Aigle. Par bonheur, le temps est redevenu beau. La Meije Orientale, une autre première d'Henry Duhamel le 21 août 1878, nous domine, toute en glace. Chaleureux accueil au refuge où on fait une petite pause. Descente du glacier de l'Homme vers midi. Enormément de passages. Le glacier est bien chargé cette année. Malheureusement le temps s'est couvert et on ne peut que deviner le col Claire (soeur d'Henry) ou le glacier d'Armande (femme d'Henry). Il faut descendre vite, il fait très chaud. Vers 2600m, excellente neige transfo jusqu'en bas où on retrouve ... la pluie et des anglais ! ca doit aller ensemble.
Magnifique tour. Pélerinage inoubliable. Je suis en pleine lévitation.
Un peu d'histoire : Henry DUHAMEL est né à Paris le 9 décembre 1853 et décédé à Gières le 7 févier 1917. Alpiniste, ayant plusieurs premières à son actif en France et à l'étranger, cartographe, photographe, fondateur du CAF avec quelques amis, et premier homme à avoir introduit le ski en France en 1879. Il s'essaya sur les pentes de Chamrousse. On peut voir un médaillon qui lui rend hommage sur la gare de départ de l'ancien téléphérique.
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