Départ : Villar d'Arêne (Pont d'Arsine) (1667 m)
Topo associé : Col du Clot des Cavales, versant Est
Sommet associé : Col du Clot des Cavales (3158 m)
Orientation : E
Dénivelé : 2010 m.
Ski : 3.1
Sortie du mardi 7 avril 2015
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand beau frais - Vent dans la nuit de lundi à mardi s'atténuant dans la journée pour ne plus être présent qu'au voisinage du col du Clot des Cavales le mardiEtat de la route : RAS
Altitude du parking : 1667m
certaines voitures ne craignant pas l'embourbement étaient stationnées le long de la piste, d'autres même au bout de la piste
Altitude de chaussage (montée) : 1850m là où les itinéraires bifurquent
Altitude de déchaussage (descente) : 1850m
Activité avalancheuse observée : néant
Pour monter au refuge : neige encore gelée dans la pente au-dessus de 1850m ; 1 déchaussage nécessaire après le début de la descente sur le refuge
Neige tassée, voire dure pour monter vers le col d'Arsine dans l'après-midi du lundi
Neige dure pour descendre du refuge vers le Plan de Valfourche mais de type ''croustillante'' donc pas tendue ; bcp de cailloux émergent déjà et il faut louvoyer astucieusement pour descendre sans déchausser (tirer à flanc par le haut ne passe plus)
Neige bien regelée avec une fine couche de fraîche transportée jusqu'à la bifurcation pour le Pavé ; ensuite, neige transportée par le vent avec alternance de poudre et de plaques durcies superficielles ; qq cms de poudre peu stable à l'approche du col
A la descente, quelques beaux passages de poudreuse mais aussi de la neige irrégulière jusqu'à la bifurcation du Pavé puis neige de printemps 5* jusqu'au déchaussage pour remonter au refuge
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
J1 : Pont d'Arsine - Refuge de l'Alpe de Villar d'Arene - Pt 2400 au-dessus du col d'Arsine - Refuge, J2: Refuge de l'Alpe de Villar d'Arene - Col du Clot des Cavales - Refuge - Pont d'Arsine
Pour changer de mon troupeau de mouflons chartrousins, suis allée voir ma ferme du sud.
Mais commençons par le début.
En contournant Grenoble lundi au milieu de la matinée, j'ai jeté subrepticement un oeil vers Belledonne. Ce que j'ai vu m'a mis dans un état d'esprit mitigé : encapuchonnée de gris, de toutes les nuances (rien à voir avec ce mauvais succédané de roman-photo dont tout le monde parle), seule émergeait, scintillante, la Grande Lance de Domène. D'une part, j'ai été prise de pitié pour tout le gratin skitourien qui, enraciné dans son spot aussi fermement que mon citronnier dans son pot parce que j'ai oublié de lui ouvrir des horizons, devait errer quelque part sous le fog. D'autre part, j'ai été soulagée de constater que cette opacification de sa ligne de mire allait empêcher Belledonne de voir que je filais vers le sud. Mais comme je venais d'écouter une émission sur la méditation, j'ai retenu qu'en vertu du principe d'équanimité, mes 2 sentiments contradictoires se valaient et que je pouvais rester zen. Dont acte. Orionde, toi qui va jusqu'à surveiller mes stat (non, mais !), tu avais encore la tête dans le seau, sans doute aussi la migraine vu la quantité d'admirateurs qui tournaient autour de toi ces derniers jours. Il n'était donc pas question que j'aille voir une dame aussi peu présentable. On en reparlera entre 4 yeux.
Donc, j'avais décidé d'aller jouer avec les grandes, les grandes montagnes de l'Oisans. Et aussi, d'aller voir mon cheptel du 05 : les cavales, l'agneau blanc et l'agneau noir (c'était de circonstance) et quelques chamois si possible. Et ce le fut.
Montée au refuge RAS, sauf que le sentier avant le torrent était un vrai bourbier et que si je n'y avais pas pris garde, je n'aurai vite plus été Taramont mais une ridicule Ophélie de la Romanche coulant en 2 temps 3 mouvements avec 3 kgs de terre glaise + 1 chaussure de ski à chaque pied. Un petit coucou à mon bloc de granit rose favori (cf. photo), à pied jusqu'à 1850m puis, laborieusement, sur une neige gelée, je me hisse jusqu'au replat où je constate la présence immuable et splendide de mes 2 agneaux (échappés, eux, de l'hécatombe pascale subie par leurs congénères). Il est encore trop tôt pour s'enfermer au refuge. Je musarde jusqu'au-dessus du col d'Arsine laissant à ma D, sous Chamoissière, la bien-nommée, 2 bestioles à cornes. Les cavales ce sera pour demain me dis-je.
Et effectivement, je les ai eues, et sans cavaler ! C'est une course gentillette, mais qui se mérite. D'abord, laisser s'éteindre la pleine lune et venir l'aube. Descendre 100 petits mètres en zigzaguant entre neige dure et rochers affleurants : çà réveille ! Mettre les peaux, longer la Romanche qui, ici, est encore un ruisseau bien flegmatique mais où l'or coule à flots (cf. photo), traverser la passerelle puis enfiler le vaste vallon du Clot des Cavales. Le col est déjà bien visible (ne pas confondre avec le col de la Grde Ruine qu'on voit sur la G) et rien ne laisse présager que le chemin est long (si on ne le sait pas au départ).
Denis et Nils, les Suisses rencontrés au refuge, me grillent la politesse juste avant la passerelle et je ne les verrai plus que de loin et à la hauteur du Pavé lorsqu'ils casseront la croûte en revenant du Col des Chamois alors que je descend de mon col à moi (oui, rien que pour moi, le top !).
A partir de l'intersection avec l'itinéraire du Pavé, je dois refaire la trace. Le vent a sévi toute la nuit, les traces de la veille ne sont plus qu'une ombre que j'essaie cependant de suivre vaille qui vaille, histoire d'avoir quelque chose de consistant sous les pieds. Les derniers 50m s'arrachent cm par cm, la petite couche poudreuse rapportée adhérant mal à la sous-couche dure. En fait, par commodité, je sors un peu plus haut que le col, juste à la base de l'arête S du Pic N. Là-haut, la vue est époustouflante, plongeant sur le vallon des Etançons et s'égarant parmi tous les sommets de l'Oisans S. Dommage qu'un vent peu accueillant me refoule presto. Mais, après 400m de neige difficile, à moi la neige de cinéma pour ma projection privée.
2 jours merveilleux parmi les grandes montagnes du Dauphiné, un accueil chaleureux de Sabine et André au refuge, des rencontres, des échanges spontanés et sympathiques : Denis et Nils du canton de Vaud et un jeune couple de bizontin au début (prometteur) de leur carrière alpine. Bonne continuation à eux tous.
A noter que le refuge du Pavé a été endommagé par les intempéries et n'offre plus qu'un confort spartiate. Des personnes du CAF de Briançon montaient ce jour pour faire l'état des lieux.