Col de Miage, Couloir ouest, le 07.02.11 par spirou73

Massif : Mont Blanc
Départ : Le Champel (1200 m)

Topo associé : Col de Miage, Couloir Ouest

Sommet associé : Col de Miage (3350 m)

Orientation : W

Dénivelé : 2200 m.
Ski : 4.3

Sortie du lundi 7 février 2011

spirou73

Conditions nivologiques, accès & météo

Grand beau, ciel bleu, peu de vent
Etat de la route : nickel Altitude du parking : 1200 mais le parking "officiel" est 50 m + bas.
Altitude de chaussage (montée) : 1570 aux chalets de Miage
Altitude de déchaussage (descente) :1570 au même endroit

Activité avalancheuse observée : Néant, neige béton, gelée, cartonnée, lisse ...

Skiabilité : 😟 Médiocre

Compte rendu

Avec Seb

Ca c'est pas une rando de fainéants !! En ce dimanche matin du 6 février 2011, le long du sentier qui traverse les flancs ouest puis sud-ouest puis sud du Mt Vorassay, c'est d'abord l'hiver avec ses torrents figés par la glace, puis le printemps avant les chalets de Miage, avec l'eau de fonte qui ruisselle et les bouquetins qui broutent paisiblement.
Alors qu'il est presque midi, nous chaussons les skis pour quitter la douceur du soleil et pénétrer dans l'ombre de l'imposante face Nord des Dômes de Miage. D'abord douce et tranquille, la montée devient rapidement pénible et usante à partir de 1900 m, sur une neige tantôt gelée tantôt cartonnée et lissée par le vent. Enfin la pente s'adoucit vers 2300 m et nous nous accordons une pause "restauration rapide" (15 minutes pas plus !) avant de nous élancer sur la rive droite du glacier, qui s'élève d'abord en pente douce, puis en pente très très douce. Deux cents mètres au-dessus de nos têtes, sous l'Aiguille de Tricot nous remarquons une "fente" dans la neige, comme une crevasse, et une trace qui en sort, en direction du fil de la moraine: c'est le refuge de Plan Glacier, qui n'est pas encore totalement enfoui sous la neige.
A 2660 m, la pente se redresse et la neige est dure: nous chaussons les crampons et, par prudence, nous nous encordons. Deux cents mètres plus haut, nous passons la rimaye, très bien bouchée en rive gauche. Nous nous détachons pour tenter d'aller plus vite.
Je ne regarde pas la montre, mais je vois bien que la lumière change. J'avais secrètement espéré remonter ce couloir dans la lumière rasante de la fin d'après-midi, et bien c'est gagné !! En effet l'ambiance est splendide. En cette saison ce couloir reste à l'ombre toute le matin et presque toute l'après midi, le soleil ne l'éclaire que vers 16h30 - 17h. Le problème c'est qu'il ne nous reste qu'une petite heure de jour ! Nous sommes lourdement chargés, nous sommes partis depuis 7h déjà, nous avons 1800 m dans les jambes, et ce n'est rien de dire que la fatigue commence à se faire sentir !
Nous comptons le nombre de pas entre 2 pauses: d'abord 15 puis 10, et 5 sur la fin. Nous n'assistons que d'un oeil au magnifique coucher de soleil et terminons les 50 derniers mètres dans le noir complet. Le minuscule quartier de lune ne nous éclaire pas, et sortir les frontales du sac serait trop pénible.
Enfin, Seb sort le premier sur l'arête, Yoohooo, il voit le refuge à quelques pas. On va pouvoir poser les sacs, s'asseoir, manger ... Poser les sacs oui, mais pour le reste, ce ne sera pas pour tout de suite !! En effet, la porte du sas d'entrée ferme mal et lors de la dernière tempête de vent, la neige s'est engouffrée dans le sas, bloquant la porte en position à peine entrouverte. Avec l'énergie du désespoir et surtout déterminés à ne pas passer la nuit dehors, à tour de rôle nous glissons le bras dans l'embrasure, et à l'aide du piolet dégageons la neige, petit à petit. Un gros bloc s'effondre à l'intérieur du sas et libère la porte de quelques centimètres supplémentaires, ce qui nous permet de changer d'outil: on utilise la pelle, on gagne encore un peu de battement et Seb parvient à se glisser à l'intérieur, il pelle comme un fou pour dégager le sas et ouvrir la seconde porte qui donne accès au dortoir. Inutile de dire qu'on a bien dormi !
Le lendemain, nous avions prévu de tenter la traversée de l'arête en direction des Dômes de Miage mais notre tout petit niveau en alpinisme ne nous permet pas de jouer les funambules sur cette mince arête de neige. Nous descendons donc par l'itinéraire emprunté à la montée, sur une neige très dure d'abord dans le couloir, mais assez "skiante" puis franchement abominable ensuite, jusqu'à l'étage des vernes où est elle resté relativement "souple", comme à l'abri du vent.

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