Départ : Le Grand Thiervoz (le Merdaret) (1040 m)
Topo associé : Col de la Porte d'Eglise, Versant Ouest
Sommet associé : Col de la Porte d'Eglise (2526 m)
Orientation : SW
Dénivelé : 2010 m.
Ski : 3.1
Sortie du mardi 22 janvier 2019
Conditions nivologiques, accès & météo
Beau temps, brume dans la soirée, mer de nuages le matin. Très froid. Pas de vent.Etat de la route : RAS
Altitude du parking : 1060m
Altitude de chaussage (montée) : 1060m
Altitude de déchaussage (descente) : 1400m avec encore une partie skiable sur la route forestière ; peut-être peut-on prendre la route forestière depuis plus haut mais je craignais d'avoir à pousser sur les bâtons
Activité avalancheuse observée : quelques coulées de surface en S côté Montagne de Tigneux dont une descendue entre ma montée et ma descente au col et arrivant au ras de la trace de montée.
Neige allant de sublime à divine en passant par des zones un peu croûtées dans les contrepentes S. Ai fait l'impasse sur la dernière pente menant au Signal de Tigneux car elle me paraissait douteuse. Juste sous le col de la Porte d'Eglise, neige roulée sans cohésion (ai fait les derniers 30m à pied avec dépôt de skis). Partie basse à oublier. Attendre une nouvelle chute de neige conséquente pour en profiter totalement
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
J1 - Le Grd Thiervoz/2e Chalet de la Petite Valloire (La Fouetterie)/ Pt 2200 sous Signal de Tigneux/Chalet - J2 : Chalet/ Col de la Porte d'Eglise/Retour le Grd Thiervoz
Acte 1 : Une lune ratée, une autre m'attend
Ratée la lune de sang, la lune pleine ne le sera pas. Et du sang, on peut en trouver.
Me voici donc hier sur l'ingrat sentier qui devait me mener à mon hôtel de luxe. Car le luxe n'est pas toujours où l'on croit.
Quelques indices sanguinolents à intervalles réguliers indiquent que je ne suis pas la seule assoiffée de sang.
Deux skieurs fringants et sympathiques me croisent sous le Chalet. Sympathiques, c'est vite dit ! En rentrant , je constate qu'ils n'ont fait aucun CR et qu'il faut donc que je m'y colle (en plus du topo qui, curieusement n'existait pas). Mais tout leur est pardonné : sans leur trace royale, jamais je n'aurais réussi ma course du lendemain. S'ils me lisent qu'ils sachent que ma reconnaissance sera éternelle.
Enfin, je pose mon barda dans la cabane aussi vide que glaciale pour, suivant les traces d'un blanchot, aller finir l'après-midi dans la Montagne de Tigneux. Le froid est vif, le soleil fait ce qu'il peut, même un peu trop sur les versants S. La descente au couchant : un moment de grâce dans un espace immense sans âme qui vive
Acte 2 : Une soirée particulière
Un texto comme il n'en a sans doute encore jamais été expédié depuis là-haut dit : « Soirée SM au Chalet de la Fouetterie. Qui vient ? » . J'avais sélectionné quelques amis susceptibles de sauter sur leurs skis à l'improviste pour une invitation pleine de promesse. Eh bien, on croit connaître ses amis mais ce n'est qu'illusion. Que de la perplexité ou des excuses fallacieuses, style «Késaco ? Ou quelque chose comme «je ne connais pas, ce n'est pas mon genre » ou encore « j'hésite sur ma tenue», oubliant l'aérodynamie du latex et sa rime avec goretex ou encore « je suis marié (e) » comme si cela pouvait changer quelque chose à l'affaire. Une, ne voulant sans doute pas se mouiller, n'a même pas répondu. Bref, personne n'est venu. N'en déduisez pourtant pas que la soirée fut ratée ! Dire qu'elle fut chaude, serait un tantinet exagéré. Avec quelques lanières, un bout de cordelette de fond de sac et mon air sévère, j'avais été admise dans l'établissement sans problème. La déco avait été soignée : lumières tamisées et même une affiche de la Nuit de la Lecture 2017, un poêle choisi pour son style rustique diffusant une douce chaleur hélas combattue à armes non égales par des courants d'un air disons plutôt frais tandis que des écharpes de fumerolles passaient languissantes devant la seule fenêtre non obturée. Quelques instruments aussi dont une scie à la lame émoussée ne pouvant causer ni dommage conséquent à un masochiste demandeur ni même couper en deux du bois pas très sec. La lune avait déjà bu tout son soûl et arrivait bien pleine. Iphygénie était là aussi. Elle ment comme elle respire celle-là : pour le coup, elle prétendait que la soirée était au Pleynet alors que moi, sans artifices, je savais que j'étais à la Fouetterie. N'invitez jamais la technologie dans vos soirées ! La musique était le silence de la nuit troublé par les souris partant en farandoles. Quant à moi, déjà un peu entamée, je dansai un biguine collé avec mes skis Barbie. Puis, définitivement lasse, attrapai mon truc en plume de la Maison Valandré et tombai dans les bras du premier Morphée venu.
Acte 3 : Le premier matin du monde
La maîtresse de cérémonie a sifflé la fin de la récré. Vous savez bien qu'il faut souffrir avant de ….. Bon, je mesure mes paroles, mais si ça ne vous convient pas, mettez un contrôle parental sur ST (ah, tiens, c'est peut-être une innovation à soumettre pour la prochaine version...). Toujours est-il que Mr Froid me mordait – c'est plus de l'amour, c'est de la rage -, que Madame de Valloire me cinglait les mollets dans les montées et que Mr Gel me rongeait les doigts dans toutes les manips. Le froid vient avec la clarté (Thomas Bernhard). Et quand vint la clarté, tout sang retiré d'un ciel d'une douceur exquise sur un lit de brumes toutes en volutes, il devint clair que j'arriverai à ce col dussé-je encore aligner une cinquantaine de conversions. Au col, il devint tout aussi clair que j'en avais assez d'être masochiste à m'exposer ainsi au froid et que l'heure était venue pour ce qui suit la souffrance. Et je peux vous dire que ce fut béatitude.
Une griffure laissant trace visible sur mon visage déjà défait, œuvre de Branchette sans doute vexée de ne pas avoir été invitée à la fête laissa couler une goutte de sang dans la neige. La boucle était bouclée et la fin à pied sous Embarolin fut la dernière épreuve.
Mais à la voiture Aphrodite m'attendait....