Départ : Saint Christophe en Oisans (le Clot) (1383 m)
Topo associé : Col de la Mariande, Versant Nord
Sommet associé : Col de la Mariande (2940 m)
Orientation : NE
Dénivelé : 1900 m.
Ski : 2.3
Sortie du mardi 24 mai 2016
Conditions nivologiques, accès & météo
Beau temps ni trop chaud ni trop froid. Un peu de vent au col au moment où je m'apprêtais à descendre (vers 13h)Etat de la route : RAS sauf 3 zones de travaux à partir du Péage de Vizille qui font perdre pas mal de temps
Altitude du parking : 1383m
Altitude de chaussage (montée) : 1960m
Altitude de déchaussage (descente) : 1960m
Activité avalancheuse observée : néant au moment de la course, quelques chutes de pierre à partir de la moraine et purges superficielles sur les dalles de la rive G du vallon
Regel nocturne déficient. Neige molle et lourde dès le matin. Difficile d'apprécier la hauteur de neige tombée la veille. Très peu apparemment mais soufflée. Le ratio portage/ski n'est évidemment pas très bon pour qui privilégierait le ski.
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Aujourd'hui, pas trop envie de piocher une sortie estampillée « vue sur ST » style alentours du col du Glandon. Peut-être ai-je eu tort : j'ai cru comprendre que j'aurais pu rencontrer du beau monde au lieu de ne rencontrer que moi-même, quelques chamois et en fin de journée un couple de belges à contre sens par rapport à leur but de promenade.
Non, il me fallait quelque chose du genre « retour aux fondamentaux » et puisque la saison avait l'air de soigner sa fin pour se faire pardonner son début bâclé, pourquoi pas une bavante ?
Un peu déçue par tous ceux qui se retirent (vrai ou fausse sortie de cabotin?), j'ai donc fait ce jour mon....(appelons-le X, il se reconnaîtra, d'autres croiront se reconnaître et tout le monde sera content). Humblement, modestement, minusculement, je n'arrive pas à trouver l'adverbe qui convient tant le gouffre est immense entre ce qu'il fait et ce à quoi j'arrive. Lui à l'aise dans ses baskets, avec son baluchon gros comme un petit pois, moi avec tout ce qu'il faut : gants de laine d'antan et pipette de la modernité. N'empêche, X est devenu ma référence. Ne riez pas, vu ma marge de progrès, à cette aune, je suis assurée d'avoir encore une longue et intéressante carrière de touriste à ski devant moi. Non pas que X soit le seul lascar à imaginer (et à réaliser, parce que imaginer, ça je peux le faire aussi !) des tours pendables, je n'en oublie aucun de ceux qui brillent au firmament de ST et que j'ai dans le collimateur mais, tyrannie de l'immédiateté du CR oblige, il a bien fallu que j'en choisisse un sans lanterner. Ce n'est pourtant pas une raison pour que je vous dise lequel.
Donc, à l'affiche «Le jour le plus long». Vous remarquerez que j'ai donné dans la facilité : le 24/5, la durée d'ensoleillement est de 15h32. Çà devrait suffire pour la Mariande et çà a suffit.
A 6h, j'étais fin prête pour aller vers l'un des plus abordables des vallons de la rive G du Vénéon : le vallon de la Mariande. Il faut que je vous en parle un peu plus longuement car, apparemment, les contributeurs de ST en ignorent l'existence. Quelle faute de goût ! Le col de la Mariande n'est pas assez long pour vous ? Vous pouvez pousser jusqu'au col de la Hte Pisse. Bien sûr c'est pas joli comme nom pour un col et, a fortiori, pas non plus pour le titre de votre CR, alors je comprend votre réticence.
C'était qui d'ailleurs cette Mariande qui a donné son nom à un si beau vallon ? Je l'imagine farouche, chaotique, une femme sauvage quoi ! Et puis, c'est si sauvage que j'y ai même trouvé une tête proprement décapitée. C'est sans doute pour cela que les faces d'en face ont gardé un temps leur voile.
Cette course tout spécialement il faut la faire pour la faire, pas pour l'avoir faite. Goûter chaque instant. J'ai même pu savourer un semblant d'hiver le matin avec les arbres poudrés et les prémisses de l'été l'après-midi au milieu des fleurs ressuscitées.
D'abord, il faut descendre, traverser un joli pont sur les eaux fougueuses et translucides du Vénéon.
Ensuite, ça grimpe sec dans les bois humides jusqu'à déboucher à la bergerie de la Gassaudière.
Puis çà descend sur le torrent de la Mariande où un petit pont (même pas trop verglacé ce matin) vous mène au bas d'une nouvelle rude montée. De là, je vois que le verrou ne sera pas à forcer et donc le hold up aisé : la vallée du Vénéon a dû avoir de bons serruriers car les verrous sont costauds.
Du verrou on descend à nouveau pour prendre pied sur le vaste plan, chaos total où la Mariande se laisse un peu aller et où il faut chercher les gués sur ses branches les moins productives. 2 chamois observent mes errements.
Enfin, au bout du plan, je peux chausser. C'est pas trop tôt. Commence alors une montée qui s'étire, s'étire. Mes mollets aussi s'étirent, la trace est facile à faire mais un peu pénible dans une neige déjà lourde et bien ventée. Couteaux inutiles (çà tombe bien, je les avais oubliés). La montée sur la moraine est raide mais esthétique : çà me semble le bon plan.
Je monte un peu au-dessus du col (à quasi 3000m), non pas que je n'en ai pas assez, mais parce que l'accès me paraît plus aisé. Je reste scotchée, le nez sur l'Olan. Au NW, la Pte de la Mariande, à l'E la Pte du Grd Vallon. Au loin Dévoluy, Pic de Bure. Au S, les Souffles, en contrebas, l'arête des Murois.. Un train à vapeur semble circuler en Valjouffrey ou alors sont-ce des bouffées de mes souvenirs de cette autre merveilleuse vallée de l'Oisans ? Vite, ne nous laissons pas submerger et filons.
Filer, c'est vite dit. Neige molle et lourde, comment enchaîner dans la neige fondue ? Mon diaporama du jour risque de ne pas être le meilleur de la saison. Pourtant dans la moitié inférieure skiable, çà devient intéressant : en zigzagant de plaque sableuse en plaque sableuse, on arrive à tourner très agréablement. Bien sûr, il ne faut pas sortir de Polytechniski pour se rendre compte que la date est un peu tardive pour cette course, mais qu'importe, j'étais au paradis.
La descente à pied n'est qu'un ravissement pour les yeux : les fleurs du printemps de l'Alpe me font une discrète haie d'honneur.
Toujours pas envie de ressortir les skis ?