Départ : Pont des Allemands (813 m)
Topo associé : Col de l'Aliénard, Par le Couvent de la Grande Chartreuse
Sommet associé : Col de l'Aliénard (1500 m)
Orientation : S
Dénivelé : 1330 m.
Ski : 1.2
Sortie du jeudi 30 novembre 2017
Conditions nivologiques, accès & météo
Très couvert, avec 2 ou 3 brèves éclaircies, quelques flocons jusqu'à mi-journée (de temps en temps le pluriel était même excessif), neige un peu plus sérieuse dans l'après midi. Froid humide. Brouillard au-dessus de 1550m. Limite pluie/neige dans l'ap midi à 600mEtat de la route : dégagée
Altitude du parking : 813 m
Altitude de chaussage (montée) : 813 m
Altitude de déchaussage (descente) : 813m mais en faisant très attention (très peu de neige entre le Pont des Allemands et le Monastère)
Activité avalancheuse observée : RAS
Enneigement encore déficitaire en forêt peu clairsemée. Dans les clairières et les chemins larges : ok. Une dizaine de cms de fraîche bien poudreuse, légère. Trace à faire pas trop physique. Apparemment, la neige a eu l'air de vouloir se poser cette ap midi. Avec 10cm de plus, ce sera parfait
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Pt des Allemands, Col de l'Arpison, bas de la Clairière S de Billon, Crête de l'Aliénard, Billon, Sous Petit Som (1530m) et descente par Prairie de la Folie et rte de Chartrousette
Le boss m'a convoquée. Quand je suis entrée dans son bureau high tech, il m'a reçue avec le sourire contraint de celui qui a des choses embêtantes à dire. Je n'étais pas dupe.
Le boss (l'air soudain grave) : tu vas bien ? je ne te trouve pas bonne mine.
J'étais étonnée mais flattée qu'il s'inquiète de ma santé.
Moi : Si, si ça va aller. Tout le monde peut avoir des hauts et des bas, surtout en montagne.
Le boss (inquiet) : alors tu vas refaire une saison chez nous ?
Moi (volontairement évasive) : ben, j'sais pas encore, peut-être bien.
Là, j'ai vu que, comme dans la classe des sœurs de Ribeauvillé, je n'avais, une fois de plus, pas fait la bonne réponse. Et le boss parut en difficulté. Je l'ai aidé.
Moi : pourquoi, y a un problème ?
Le boss : effectivement, il y a un problème : les modérateurs se plaignent.
Moi (avec mon air le plus ingénu) : mon Dieu, mais de quoi ? je remplis toutes les rubriques soigneusement, je n'enduis personne d'erreur, je fais mon CR plus vite que je ne marche, je décris tout : chaque cristal de neige avec tous les oiseaux juchés sur ses branches et chacune de ses douleurs (là je me suis vite repris, à son air excédé, j'ai vu que je dérapais),.
Le boss : eh bien - comment dire ? - ils trouvent que tes CR ne correspondent pas à l'esprit général du site, sans parler de tes titres ! Et, se défaussant, il ajoute : moi, personnellement, je n'y trouve rien à redire mais, pour eux, c'est trop de boulot, surtout trop d'efforts. En plus de toutes ces lignes que tu allonge au kilomètre, il y a tout ce qu'il y a entre les lignes ; avec toi, on ne sait jamais si c'est du lard ou du cochon, de l'art ou du brouillon. (Là, j'ai vu qu'il était contaminé.). Si tu ne la mets pas au pas, ont-ils menacé, on démissionne. Voilà le problème.
J'étais consternée. Timidement d'abord, mais de plus en plus résolument, j'ai essayé de plaider ma cause.
Moi (le vouvoyant car, après tout, on n'a encore jamais gardé les flocons ensemble) : Vous n'avez jamais entendu parler de l'importance de la biodiverskisité ? du droit à la différence ? de la liberté de mettre un casque ou un bonnet phrygien ? de dire bonjour au passant ou de lui faire la gueule parce que son eau de toilette de prisunic vous soulève le cœur ?
(Là j'étais énervée, il n'a plus pu en placer une). J'ai compris ais-je continué : quand il paraît un CR loufoque enrobé de testostérone, là personne ne dit rien. Mais excusez-moi, ça, je ne peux pas : je ne suis pas équipée pour. Vous voulez la preuve ?
J'ai commencé à déboutonner le haut, j'étais prête à payer de ma personne.
Le boss (visiblement effrayé) d'un geste souverain : non, pas la peine, je te crois sur parole.
Moi (soulagée mais quand même un peu vexée) : et parlons des titres, ça tombe bien. Il y a quelques temps, j'ai vainement recherché sur Geoportail un sommet appelé « Chamrousse, tour du propriétaire », titre donné à une sortie par un dénommé Jeroen. Comment c'est vous ? Mais alors, que font les modérateurs, je me suis fait allumer pour moins que ça, moi !
Désirant en terminer au plus vite, j'ai sorti la carte qui tue :
Moi : avez-vous des réclamations clients ?
Le boss (vaincu) : ben, à part ceux qui rouspètent chroniquement – et qui ne sont sans doute qu'un seul et unique individu – non, je dois dire que non.
Moi (attendrie par tant de sincérité) : Je vous promets, je vous jure de m'amender, de rentrer dans le rang, de marcher dans la trace, de faire profil bas, bref de ne plus me faire remarquer.
C'est pourquoi, ce matin, j'ai choisi la sortie la plus modeste, la plus consensuelle, une course où je pourrai marcher dans la trace puisque ce sera la mienne, un jour de brume où le passant disparaît vite dans un néant incertain. J'ai longé des rangs de hêtres, des rangs d'épicéas, des rangs de branchages, des rangs de glaçons suspendus en stalactites, des rangs de grumes et même des rangs de fenêtres à la scierie du Monastère. Il n'y avait pas de militaires et pas d'oignons.
Et, pour passer sous les branches, inutile de se forcer pour faire profil bas.
Et je ne vous dirai même pas aujourd'hui combien une telle sortie apporte de consolation même à une âme qui n'en a nul besoin.
PS: certains ronchonneront que ceci est plus du théâtre que du CR ; ils auront oublié qu'en rando ou au théâtre, on est toujours sur les planches...