Départ : Pont des Allemands (813 m)
Topo associé : Col de l'Aliénard, Par le Couvent de la Grande Chartreuse
Sommet associé : Col de l'Aliénard (1500 m)
Orientation : S
Dénivelé : 1290 m.
Ski : 1.2
Sortie du mercredi 8 février 2017
Conditions nivologiques, accès & météo
neige en continu - limite pluie/neige à 800m au départ, à 600m à l'arrivée - j'espérais que l'éclaircie prévue pour avt hier viendrait aujourd'hui parce qu'elle n'était pas prévue ce jour, raté ! vent (supportable) dès qu'on sort de la forêt - ambiance humide mais pas froide - peu de visibilité en-dehors de la forêtEtat de la route : en cours d'enneigement (neige mouillée) à partir du pt St Bruno en début d'ap midi
Altitude du parking : 819m
Altitude de chaussage (montée) : 819m
Altitude de déchaussage (descente) : 819m
Activité avalancheuse observée : RAS - le sentier entre Billon et Arpison est entrecoupé de mini-purges habituelles sans conséquence, belle corniche en formation au col de l'Alienard mais on sort facilement en rive D du vallon (sentier d'été).
Neige fraîche pas trop lourde sur fond très humidifié. Faut pas tomber sinon c'est un peu physique pour s'extraire (j'ai fait un "essai", un seul ça m'a suffit)). Sinon, neige quoique un peu lourde, pas trop difficile à skier. On ne touche pas terre, ni rien d'autre d'ailleurs sauf qq branches cassées au sol.
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Pt des Allemands - Habert de Billon - col d'Arpison (pt 1530 au S du col) - bas de la prairie sous Billon (1200m) - col de l'Alienard - Crête de l'Alienard (pt 1550) - Habert de Billon (1300m) - col de la Ruchère - sous Petit Som (1530m) - Bourdoire - Monastère - pk 0)
Fallait bien que je sorte sinon vous n'aviez rien à lire au fond de vos chaumières caché de bobonne à qui vous avez opposé un "travail urgent à faire" alors qu'elle se tapait la vaisselle. Ou au fond de votre open space caché de votre boss à qui vous avez dit la même chose alors qu'il vous attendait pour commencer la 3e réunion de la journée. Car, il faut le reconnaître, c'est bien maigre ces jours-ci. Hier, le boss et cie ont bien essayé de sauver la mise mais à part le menu de midi, on n'a rien lu de bien édifiant. Alors, je suis partie contre vents et marées, la marée des flocons était descendante et celle de la pluie montante. Et, bien sûr, j'ai rêvassé pour oublier ce que ces temps ont de troublé.
Ici, rien à voir avec un ciel clinquant, champsaurien ou ubayen, où des touristes en chapeau de brousse (oui, j'ai vu ça récemment sur des photos) musardent dans des dunes blanches. Bientôt, je le sens, on nous montrera des images où des aventuriers de la neige, sous un ciel sans nuage, avec un alizé juste ce qu'il faut pour vous rafraîchir sans vous refroidir, poseront le bout de l'une de leurs spatules conquérantes sur la tête d'une marmotte encore à moitié endormie comme si c'était un lion au plus bel âge de sa vie trépassée. Ici, le ciel, qu'on devine plus que l'on ne le voit, est du doux bleu du tablier du moine convers derrière son établi, le bleu d'une sirène de la mer blanche, le bleu des âmes meurtries mais fortes.
Ici, pas de bronzage de bronzés : on conserve son teint d'albâtre sans avoir à sortir comme un échappé de chez le barbier. Et, ici, soit dit en passant, les pharmaciens vendent moins de brumisateurs que de cachets pour calmer les rhumatisants.
Ici, les flocons ne tombent pas comme les mamours sur la joue d'un nourrisson (ou ailleurs). Ici, ils vous flagellent comme si vous aviez à expier les péchés des randonneurs tous massifs confondus. Vous voyez ce que ça peut vouloir dire. Ou alors, ils vous tombent dessus comme une pluie d'auréoles de sainteté que vous n'avez sûrement pas mérité.
Ici, les branches ployées sous une charge immaculée chuchotent leurs confidences glacées à la terre somnolente ; on se tait pour mieux écouter ce que ces deux ont à se dire.
Ici, vous pouvez respirer sans crainte si votre conscience est blanche comme ce qui est sous vos pieds, mais prenez garde : les plus paisibles clairières peuvent buter contre des falaises sévères comme des remparts, les plus tranquilles alpages déboucher sur une crête acérée où (s'il y a de la visibilité !) vous aurez conscience de votre finitude et vous vous direz à juste raison : « Un pas de plus serait Folie »
Ici, où même le Rocher est celui du Solitaire, c'est le pays des longues promenades, pas des rodomontades, des promenades rythmées par les 7 prières monastiques : si vous arrivez à résister des Vigiles aux Complies, vous aurez accompli un trail qui en vaut bien d'autres. Partie à tierce, j'étais de retour à none, ce qui est bien long, je vous le concède.
Ici, ce n'est pas une goutte qui nous arrête, vous l'aurez compris. Mais, hé, stop ! Arrêtons-nous quand même pour une goutte d'élixir. A votre santé !
A noter : au-dessus de la Ruchère, suis tombée sur la trace du boss et cie et je peux vous certifier, sans flagornerie aucune, que c'est une très belle trace... de mamie. Je l'ai suivie (facilement) jusqu'à la pancarte "Sous le Petit Som" en me disant que peut-être ils n'étaient pas aussi jeunes que je le pensais...