Départ : Le Mollard (985 m)
Topo associé : Coiro, Versant N
Sommet associé : Coiro (2605 m)
Orientation : N
Dénivelé : 900 m.
Ski : 3.3
Sortie du dimanche 21 février 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand ciel bleu, vent de sud fortEtat de la route : noire
Altitude du parking : 1000m
Altitude de chaussage (montée) : 1200m
Altitude de déchaussage (descente) : 1400m
Activité avalancheuse observée : voir CR ci-dessous
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
---|---|---|---|---|---|---|
Rif Bryuyant | 1250-1400 | N | 8h00 | Dure | ||
Vallon | 1400-1650 | N | 9h00 | Croutée | ||
Pentes nord | 1700-1900 | N | 10h00 | Poudre tassée |
Activité avalancheuse signalée dans la zone ce jour, voir la carte.
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Avec Mat
Topo
C'est un beau dimanche de Février.
On avait décidé avec Mat de monter à la Belle Etoile, depuis le Rivier. Un truc bien sud, assez classique, qui ferait une bonne descente type ski de printemps. Après une magnifique sortie ce samedi dans les Ecrins, avec une poudreuse assez sympa - pas de la neige de cinéma, mais quand même chouette - pourquoi ne pas essayer de trouver encore une belle neige poudreuse ? On en fera peut-être plus tant que ça cette saison. Donc après un rapide coup de fil, et suite à une idée de topo qui me trotte dans la tête depuis un moment, on décide de tenter le Coiro, par le nord. Bien ombragée, la neige a dû rester bonne. La lecture du BERA m'avait conforté dans ce choix.
Départ ce matin à 7h30 à pieds au Moulin. On chausse à 1250m après une petite marche. Neige dure gelée jusqu'à 1600m, plus on monte, plus ça à l'air sympa. Logique. Vers 1700m, on suit la trace de montée déjà empruntée qui s'engage dans le lit de la Draye de l’Échine. On tricote, ça monte efficacement... Plus on monte, plus je trouve la situation dangereuse. On voit que c'est plaqué, le vent a bien déposé dans le lit du torrent. Mais têtu, je continue. Je me redis une deuxième, une troisième fois que ça craint, mais en attendant je suis toujours là. Et soudain, à 1900m... Crac !
Une plaque part, et moi avec. Juste le temps de crier à Mat resté en dessous de se mettre à l'abri, je pars dans la coulée. Bon réflexe, je tire mon airbag. J'essaie de m'échapper, mais avec les peaux, les fix en position montée avec une cale, rien à faire !! Je fais du toboggan, sur le dos, sur le ventre, la tête en arrière, la tête en avant. Je me demande bien quand ça va s'arrêter ! Pis voilà, tout se stabilise, je m'échappe au plus vite de la coulée, si des fois ça veut repartir. Au final après lecture de la trace GPS, j'ai parcouru 100m dans la coulée. Elle faisait environ 15m de large.
Je crie pour rassurer mon Mat resté plus haut, et pour savoir que lui aussi a réussi à s'échapper. Tout va bien, on est tous les deux ok. J'ai juste laissé mes bâtons dans l'avalanche (petit message au cas où: si quelqu'un trouve une paire de bâtons Black Crows jaunes fluos, ben c'est les miens :-))
On se rééquipe, je range le ballon, j'enlève un peu la neige qui est rentrée de partout et on rentre. Mat est cool, il me prête un bâton. Çà fait un chacun !!
La marche à pieds du retour nous a permis de pas mal débriefer de cette mésaventure, et les leçons sont nombreuses !
1) J'ai le niveau à ski, mais pas en connaissance de la neige pour envisager ce type de sortie.
2) Quand on dit trois fois ça craint, c'est deux fois de trop. À la première j'aurais dû sortir de ce talweg.
3) J'avais le topo dans la poche, je ne m'en suis pas assez servi. Le topo disait bien de remonter rive gauche. J'ai suivi une trace existante qui a fini par disparaître sous le dépôt de neige soufflée.
4) Je ne saurai jamais quel a été l'impact de l'airbag. La coulée n'était pas énorme, mais j'ai dévalé une centaine de mètres. C'est long cent mètres à se faire secouer. Je suis vraiment toujours resté en surface de la coulée.
5) J'ai de la chance que ça se soit bien passé. Ça me fait vraiment prendre conscience du danger de la montagne. Énorme leçon !
6) Risque 2... Limite 1 quand je relis le BERA du jour. Y'a que dans le canapé qu'on a un risque zéro. Ça disait pour aujourd'hui : « Déclenchements provoqués : Au-dessus de 2300 m environ, principalement en versants froids (secteurs Nord-Ouest à Est), présence de plaques formées ou se formant par le vent de Sud. Ces plaques sont généralement difficiles à déclencher, mais rarement, un skieur isolé peut suffire à en déclencher une. » Rarement, mais pas de bol, on a choppé la rareté !
Vivement le week-end prochain qu'on retourne skier... Plus prudemment !