Départ : Le Boréon (parking de ski de fond) (1500 m)
Topo associé : Cime de Piagu, versant Nord-Est
Sommet associé : Cime de Piagu (2338 m)
Orientation : NE
Dénivelé : 3325 m.
Ski : 3.1
Sortie du jeudi 26 février 2015
Conditions nivologiques, accès & météo
J1 ciel voilé
J2 neige et vent ++
J3 grand beau, vent ++ à la sortie de la forêt
J4 grand beau, vent atténué mais toujours présent, descendant le vallon de la CougourdeEtat de la route : déneigée jusqu'au Boréon
Altitude du parking :
J1 et J4 : 1500m
J2 1620m
J3 1150mJ1 : poudreuse 5* sauf dôme sommital du Piagu glacé
J2 : poudreuse déjà un peu travaillée par le vent
J3 : neige irrégulière très travaillée par les vents en rafales de la nuit précédente
J4 : neige irrégulière et ''saccagée'' par les nombreux passages de raquettes
Altitude de chaussage (montée) : chaque fois au pk
Altitude de déchaussage (descente) : idem
Activité avalancheuse observée : aucune sur les itinéraires parcourus mais quelques woufs en forêt à J1
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Avec Marc, Patrick (pas ceux du Roc des Boeufs, je suis pour le changement dans la continuité)
J1 Cime de Piagu versant NE (2338m), J2 Les Adus (2232m), J3 Tête de la Lave (2375m), J4 Lac des Sagnes (2200m)
Quand commence une sortie ? sûrement bien avant le pk. Il y a la préparation (ou la non préparation, c'est selon). Personnellement, ce coup-ci, j'y ai consacré 2 jrs, testant mes cuisses faiblardes dans les ruelles pentues du vieux Menton, chassant ma frilosité au soleil du jardin de Val Rahmeh et humant la neige fraîche bien visible en levant le regard entre les palmiers.
Comme à son habitude, Patrick était ponctuel au RDV de Menton. Ce n'était hélas pas suffisant pour être à l'heure au dîner du Boréon. A Sospel : ''Patrick, t'as lu le panneau ? Pour le col de Turini, faut des chaînes''. A 2 km du sommet, le col a dit ''Niet''. Résultat des courses : arrivée au Boréon à 21h au lieu de 19h. Marc, affamé par sa journée au vent du vallon d'Erps et subodorant (à juste titre) une méchante journée de traçage pour le lendemain, avait mis les bouchées triples grâce au rab constitué par nos 2 repas.
Ce n'est pas pour autant que notre trio était au point le lendemain matin.
Marc, par précaution, avait mis ses genouillères du dimanche. Pourtant, à le voir descendre, on aimerait être mou du genou comme lui. Patrick étrennait un matos flambant neuf : les chaussures n'avaient encore jamais été en contact avec un pied humain, encore moins avec celui de leur propriétaire. Le résultat ne s'est pas fait attendre. '' Patrick, une chaussure çà s'essaie AVANT de l'acheter''. Et moi, Dame aux Camélias en phase terminale (de guérison ! faut pas m'enterrer aussi vite !), je ne disais rien : je n'allais pas gaspiller les vestiges de mon souffle à des jérémiades.
La vallée du Boréon est froide, les loups du site Alpha doivent y être à l'aise. Quant à nous, Chaperon Rouge à l'âge de déraison flanquée de ses 2 loups aux dents longues (quoique quelque peu émoussées) mais néanmoins charmants, nous visions pour ce 1er jour la Cime de Piagu que l'on atteint en suivant d'abord la piste de fond puis en bifurquant SW dans les pentes assez relevées de la forêt. Quelques 10aines de conversions et quelques woufs plus tard, la pente s'est calmée pour aboutir sur la croupe menant vers le sommet. Sur la crête dégagée par le vent, 4 chamois. Le dôme sommital ressemblait assez à celui de Milan astiqué pour la Fashion Week et n'ayant comme couteaux dans mon sac que mon seul Opinel, j'ai dû finir cette taupinière en crampons. Mais çà en valait la peine : le cap d'Antibes était à portée de mains et la grande bleue se prélassait à perte de vue. Là haut un petit écriteau en souvenir de 3 personnes mortes de froid : mourir au Paradis, quelle tristesse ! La descente fut tout simplement un rêve de poudre dans une forêt bien pentue mais peu dense.
Le lendemain, les 1ers flocons de neige sont tombés au moment du départ. Le plan initial de la Baisse de Rogué paraissait compromis et l'a été. Au col de Salèse, nous avons été cueillis par un vent mauvais. Changement de cap : on va aux ruines des Adrus. J'aurais préféré qu'on me dise, on va au bistrot du coin. L'endroit a l'air charmant au demeurant mais l'air vif n'engageait pas à la contemplation. La neige était toujours bonne mais, glissant le long de la route, on n'en a guère profité.
Dans la nuit, le vent a redoublé d'ardeur. On le sentait passer au ras de la couette. Au matin, il ne restait plus de neige sur les versants S.
Direction vallon de la Madone de Fenestre. Henri et Cathy rencontrés au gîte étaient également partants pour la Cime de la Lave (avec un nom pareil, peut-être qu'il y fait plus chaud, pensais-je avec espoir). Ce qui nous a donné chaud, c'est le constat de la route barrée à 1150m et qu'il y a au bas mot 8km à remonter. Par charité, je passerai sur l'incident de la ''déviation'' et sur la déprime passagère de celui qui, n'ayant pas encore dompté ses chaussures, connu son chemin de croix (qu'il n'aura pas manqué de dédié à la Madone de Fenestre). ''Patrick, ne boude pas, parce qu'aujourd'hui c'est moi qui t'attend : j'ai bien le droit de connaître une fois dans ma vie les plaisirs de l'attente frigorifiante !'' Tout a une fin, même les routes forestières. Mais ce fut aussi la fin de la rando pour Marc qui, glissant sur une branche sournoise lors d'une conversion, se blessa au genou. C'était son dernier jour de toutes façons mais un peu rageant quand même d'avoir fait juste la partie ingrate du parcours. Et son genou n'avait pas besoin de çà. Pendant ce temps, Henri avait tracé vaillamment. Exit la belle poudre des jours précédents : le vent s'était livré à ses basses besognes. Pourtant, la sortie de la forêt est magnifique. Henri, Cathy et moi nous sommes arrêtés une 60aine de m sous le sommet balayé par le vent et à nouveau en neige béton. Patrick, lui, est allé voir la mer. Descente prudente dans une neige difficile jusqu'au torrent qu'on a longé au prix de quelques acrobaties. La route forestière allait sans guère pousser sur les bâtons.
Je ne voulais pas quitter le secteur sans une visite au vallon de la Cougourde. Ravagé par les raquettes, le GR n'est pas très skiant et là où il y aurait eu de la place pour des virages, la neige était croûtée. Mais ce vallon est une pure merveille (chamois compris) et le moment passé en compagnie du gardien ''d'hiver'' un beau moment d'amitié montagnarde. On a poussé jusqu'au joli site du lac des Sagnes où l'on a dépeauté en face de l'altière Cime de l'Agnellière.
Amis randonneurs des Alpes du Nord, sortez de vos massifs archi connus et allez faire un tour dans la vallée du Boréon. Vous y trouverez une montagne sauvage, une faune pas farouche, profusion de vallons les uns plus beaux que les autres et, le summum, des points de vue sur la Méditerranée. Vous y ferez sûrement comme nous des rencontres simples et chaleureuses. Sans compter, un accueil compétent, attentionné et généreux chez Nicolas au gîte du Boréon et au refuge de la Cougourde. Préférez cependant une saison un peu plus avancée pour avoir de meilleures conditions nivologiques. Ces 4 jrs ont été une succession d'incursions/excursions dans les bois pour avoir la meilleure neige et il y a bien mieux à faire.
Je n'aurais qu'une seule observation à formuler à l'intention des locaux : de grâce, fermez vos fenêtres, il y a vraiment trop de courants d'air. J'ai failli reprendre froid !
S'ils me lisent, mon bon souvenir à Henri et Cathy, à Thibaut et à ses parents tous venus de Bordeaux et une pensée particulière pour Markus qui entamait le périple qui doit le conduire du Boréon à chez lui...à Davos !
Bon rétablissement à Marc et à une autre fois pour de nouvelles aventures. Merci à Patrick et à Lucie pour leur hospitalité et leur amitié.