Départ : Route des Cottaves (1080 m)
Topo associé : Charmant Som, En boucle par Chamechine et face Est
Sommet associé : Charmant Som (1867 m)
Orientation : T
Dénivelé : 1900 m.
Ski : 4.3
Sortie du dimanche 25 janvier 2009
Conditions nivologiques, accès & météo
Beau ciel bleu
Petite bise froide en arrivant au sommet. L'après midi on voyait le Charmant Som assailli par le vent du sud mais on était à l'abri en versant nord.Etat de la route : Enneigée à partir du Sappey
Altitude du parking : 1080m
Couloir Nord-Ouest(****): 20cm de poudre sur fond dur. Une zone au milieu travaillée par le vent => un peu croutée
Couloir Est de Chamechine (** à ***): Départ très corniché au sud, on a attaqué par l'entrée "Nord". Anne-Cé a ouvert en poudre et les suivants ont purgé la couche tombée la veille. 100m sous le départ, Lionel a fait partir une plaque qui a tout purgé jusqu'en bas de la pente => descente sur le fond dur avec quelques zones meilleures à skier, un peu de poudre sur dur.
L'étroiture du bas est dure et pas top enneigée, c'est passé pour Lionel et Jeroen. anne-Cé/ Delle et Toz sont descendus en crampons et Yann est passé par une variante bizarre mais pas mal en rive droite (sur l'arête). Ensuite c'est bonne poudre dans la forêt jusqu'à attaquer la montée du Collet.
Descente du Collet Face Nord (*****): Aller-retour avec Toz en excellente poudre
Descente du Collet sur les Révols (****): C'est resté étonnamment poudreux en suivant les combes les plus abritées du soleil. quelques courtes zones croûtées ou en poudre lourde
Altitude de chaussage (montée) : 1080m
Altitude de déchaussage (descente) : 1080m
Activité avalancheuse observée :
On a purgé les 3/4 du couloir en 1 fois. La neige tombée hier soir adhérait mal sur la couche abimée par les pluies de vendredi.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par Yann)
Aujourd'hui c'est découverte du Charmant Som pour Lionel et on peut dire qu'il a vu du pays !! Départ à 08h15 en faisant la trace jusqu'au sommet du charmant Som. Toujours aussi belle cette montée avec en prime le soleil et les chamois.
On ne traîne pas trop pour attaquer le couloir Nord-ouest lui aussi vierge. Le départ est très bon, puis la neige un peu travaillée par le vent avant de repeauter pour monter à Chamechine par Pré Batard. Jeroen quittant le groupe Marika nous rejoint pour attaquer la descente Est de Chamechine. Le départ est très corniché mais on démarre là ça semble sain. Au début tout va bien même si on sent que la nouvelle couche adhère peu sur l'ancienne maltraitée par la pluie. 100m sous le départ, Lionel appui bien son virage et purge le couloir jusqu'en bas ! rien de très inquiétant mais c'est rassurant de savoir qu'il n'y a personne dans l'axe... Du coup on descend en partie sur le fond dur, heureusement l'accroche est correcte.
Chacun sa technique pour passer l'étroiture mais la corde restera dans le sac. Ensuite Jeroen file pour tenter de respecter son timing en se demandant bien s'il va trouver la bonne route pour remonter au Collet. Nous, on s'en fout, on se gave tranquille dans la forêt avant d'attaquer la remontée et on tombe rapidement sur les traces du boss. Visiblement il a un peu erré au début mais après c'est bon. Au collet, avec Toz on s'offre un aller-retour express dans cette belle forêt poudreuse pendant que d'autres se remplissent le bide et on se retrouve tous pour une bonne descente sur les Revols, pas abimée par le soleil matinal, nickel !
Beaucoup de monde là-haut aujourd'hui apparemment mais en fait on a vu personne, c'est que c'est sauvage cette boucle !!
Merci les amis, c'était sympa !!!!
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1 jour après, une tentative d'analyse de la journée d'hier (échange mail avec Jeroen):
J'avoue que hier soir à chaud j'ai mis ce que j'ai ressenti sur le moment, et j'étais un peu pressé de manger.. . Aujourd'hui j'y ai repensé plusieurs fois et voilà comment j'explique ce qui nous (enfin au moins moi) a poussé à continuer hier.
J'ai pas pu trop développer dans le CR non pas par volonté mais par
besoin de prendre du recul et par manque de temps..
Déjà, avant que tu nous rejoignes, on a attaqué le couloir NW vierge. Dans les rochers du départ, rien d'anormal, à peine 2 congères de la
nuit qui n'ont pas voulu céder sous mon poids, même en insistant. J'ai descendu le premier le haut de la combe et rien n'a bougé, un peu comme Anne-cé plus tard dans Chamechine. Puis Lionel a fait partir un petit morceau entre mes traces et pareil pour Toz. ça c'était au niveau de l'étroiture sur les 50 premiers mètres. En-dessous, rien à signaler et en prenant les contrepentes rien non plus et l'enneigement c'était 20cm sur fond dur. 1ère alerte mais comment l'interpréter ?
Et vous quand vous avez pris le relais, avez-vous ressenti un risque particulier à cet endroit ? (ça m'intéresse)
Après on arrive à Chamechine avec la troupe + toi et voyant la crête je me dis de suite que démarrer sous les corniches au sud n'est pas une bonne idée. En regardant là où on a attaqué la descente il m'a semblé que c'était peu "chargé" et surtout la configuration de l'entrée limitait les risques parce que sur le côté, très étroit et bien raide. Contrairement à l'entrée sud qui est vite large et potentiellement plus facilement plaquée et là ça part gros.. (c'est celle que j'ai toujours faite)
Je me suis dit que au "pire" un coup de ski et ça part un peu dessous (comme au NW) mais sans risque que ça parte du dessus. Alors oui, d'office Anne-cé devait se mettre à l'abri histoire de se protéger d'une petite purge. Delle passe derrière et fait se décrocher 2/3 petits morceaux en coupant les traces d'Anne-Cé mais pareil, le risque (celui que je m'imagine moi on est d'accord) n'est pas quelle parte avec la pente mais qu'elle envoie trop de neige sur Anne-Cé. Derrière, chacun continue à nettoyer le peu de fraîche qui reste sur le fond dur et on rejoint tout le monde sans (je pense) se mettre spécialement en danger.
Donc, là (75m sous la crête ?) la situation n'est plus la même, on a un long couloir raide sous nos pieds, personne dessous, les pentes au-dessus de nous ne semblent pas devoir bouger et on a le vécu de se qu'on vient de descendre dans Chamechine et le NW. Là ce que je me suis dis moi dans ma tête c'est que l'on est à priori pas dans une configuration de risque de plaque "classique". il ne m'a pas semblé que la fraîche ait de la cohésion entre elle, la neige n'avait visiblement pas été transportée par le vent mais on a bien vu qu'elle adhérait mal (voir très mal) à la couche regelée en-dessous.
Alors quelle est la décision à prendre à ce moment là ? Sincèrement, j'ai pensé que les pentes dessous n'était pas plaquées et que si l'on continuait à descendre 1 par 1 en cherchant à se protéger chacun son tour on pouvait limiter les risques autant que possible. et pour moi le risque était de faire partir de petits volumes qui allaient contribuer à
goulotter la descente.
Donc, pour en revenir à nos moutons, je dis à Lionel de descendre 50m et se mettre à l'abri derrière l'étroiture. Je pense que c'est pas "idiot". Lionel fait 2/3 virages et sur un gros appui fait partir un petit morceau qui entraîne vite un plus gros et très rapidement l'ensemble de la rive
droite de la descente !!
Bizarrement la rive gauche n'a pas "bougé" et après en descendant j'ai vu que même en y tournant ça ne voulait pas bouger. Alors, quel était le réel risque ?? Là je ne sais pas répondre... La question pour moi est de savoir si oui ou non il y avait un risque de déclencher au-dessus de celui qui descendait. ça on ne saura jamais mais étant donné l'adhérence quasi nulle avec la couche inférieure et le fait que la nouvelle neige n'avait que peu de cohésion (elle en avait forcément un peu sinon les côtés ne seraient pas partis..) j'ai tendance malgré tout à me dire que les risques étaient présents mais pas au point de me dire qu'on a frôlé la catastrophe non plus. Alors oui c'était tendu.
On a quand même essayé de limiter les risques en ne se lançant pas à plusieurs en même temps dans la pente car là les conséquences auraient
été importantes.
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[Jeroen]
Globalement d'accord avec ton analyse Yann. En descendant le couloir NW du Charmant Som (après vous donc) pas d'alerte pour ma part. Certes j'ai bien senti que ça partait sur le fond dur, mais seulement "entre les traces", et donc qu'il y avait suffisamment de liaison avec la couche inf. pour que toute la pente ne parte pas. Là ou je ne te rejoins pas c'est que la couche supérieure avait une bonne cohésion, et qu'avec plus de pente ça n'aurait que demandé à partir (analyse à postériori)
On aurait du se poser la question avant d'entrer dans Chamechine, car il y avait plus de pente, c'est plus bas et plus chaud. De plus, hormis le début, l'itinéraire est difficilement protégeable, et être pris dans une coulée aurait de graves conséquences (vu la barre en bas).
En haut effectivement, ça semble assez sain, et il est assez facile de se protéger sur les premiers 50/100m. Dans l'étroiture, après le passage des filles on était sur le fond dur, ce qui montrait bien que le lien n'était pas terrible avec la couche inf, mais je n'avais pas imaginé que ça puisse tout partir, ce qui arrive 10 mètres plus loin, alors qu'on attaque une partie E (NE avant). Une fois que c'est parti, il n'y avait plus grand risque, sauf peut être de voir d'autres personnes débouler dessus et faire partir la directe, ou qu'une contrepente décide de descendre d'elle même.
Je ne sais pas si tu as remarqué le dépôt en bas, mais il y en avait une belle quantité.
C'est la troisième fois que je suis aux premières loges lors d'une purge d'un couloir, et chaque fois dans les même circonstances (couche récente avec bonne cohésion sur fond dur).
Avec le recul donc, pas de risque extrême, mais une situation tendue qui aurait pu mal se terminer...
Que ça (nous) serve de leçon.
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[Toz]
j'apporte ma pierre à l'edifice.
Voilà un peu la maniere dont j'ai ressenti les choses, sur l'instant et egalement avec le recul. Il se peut que je reprenne involontairement des éléments déjà donnés par Yann ou Jeroen car beaucoup de choses ont déjà été écrites et je m'en excuse par avance si ça fait redondant.
Dabord sur le choix de la course. à la lecture du BRA la veille et autres sources d'informations à ma disposition, javais pas arreté mon choix sur cette course. Quand Yann nous a proposé cette boucle, je l'ai trouvé plus osé que ce que je projetais de faire mais uniquement pour les doutes que j'avais sur la partie haute du couloir qui est réputée pour former de grosses accumulations (belles corniches souvent presentes). Ensuite, à orientation et altitude equivalente, je prefere 100 fois ce jour là descendre le couloir de Chamechine en l'attaquant par le haut que de remonter à peaux la Grande face Est des Lances de Malissard.
Sur le terrain, j'avais nettement remarqué depuis le matin et la 1ere montée vers le sommet l'absence de cohésion entre la couche de regel qui avait vu la pluie jusqu'à 1700-1800 et la fraiche posée par dessus. Sur ce point, on a fait tous les 3 le meme constat.
Une fois à l'aplomb du couloir, je n'avais pas de doute sur le fait que sur la partie haute, le vent avait donné suffisamment de cohésion à la neige pour qu'elle parte en petits paquets ou petites plaques. ça a été confirmé sur les 1ers virages d'AnneCé et Delle. La configuration du terrain avec un couloir assez etroit au depart me permettait egalement de penser que le haut ne pouvait pas partir en grosse plaque. En descendant un à un et en se protegeant au fur et à mesure sur les contre pentes, la descente me paraissait toujours envisageable dans des conditions de securité satisfaisantes.
Ma plus grosse erreur de jugement je crois se situe au niveau de l'appreciation de la neige dans la partie mediane et basse du couloir. On ne pouvait certes pas la connaitre avant d'etre dessus mais on avait des signes dans des pentes similaires en altitude et orientation qui pouvaient nous alerter.
J'étais à peu pres sur que dans cette partie du couloir, la neige n'aurait pas de cohesion car trop loin des cretes donc pas ou tres peu de travail par le vent et ne presentait donc pas de danger particulier. Du coup, les paquets de neige envoyés par nos soins du haut du couloir n'aurait au pire fait que goulotter la partie basse. En realité, autant, la partie haute de la branche qu'on a pris est plutot NE, autant la partie mediane est clairement Est. Elle avait donc bien chauffé le matin et la couche superieure avait du sensiblement s'alourdir ce qui a probablement donner de la cohesion au manteau. Les paquets qu'on a envoyé du haut au lieu de goulotter le couloir en son centre ont donc surement par effet de surcharge fini d'emmener tout le couloir.
Apres, je ne partage pas le sentiment de Yann sur le fait que l'effet de groupe ait pu jouer dans ce cas precis dans la prise de decision. pour ma part, il est clair que seul le haut pouvait presenter un danger (ce qui avec le recul était ma plus grosse erreur de jugement). Apres 2 ou 3 virages, si j'avais eu des doutes, il etait toujours possible de remonter 20m. en plus à ce moment là, on a partagé en temps réel avec Yann et Jeroen nos ressentis de la situation et on était plutot d'accord sur l'analyse.
De meme, une fois le couloir purgé, je n'ai pas du tout eu le sentiment que d'autres coulées pouvaient partir. Les cassures sur les contre pentes étaient tres nettes en rive droite et il n'y avait vraiment plus de neige mobilisable. en rive gauche, c'était moins nette mais pour etre allé voir comme Yann, la cohesion entre les 2 couches semblaient bien meilleure.
Bref, je suis plutot d'accord avec la conclusion qu'il s'agissait d'une situation plutot tendue mais pas extreme. Quand on sort avec Yann, on confronte tres souvent en temps reel nos observations sur le terrain histoire de faire les "moins mauvais" choix possible. Avec le recul, on peut peut etre se reprocher de pas l'avoir suffisamment fait ce jour là sur la crete au moment de decider de basculer.
Si une situation similaire se represente, cette experience nous fera à coup sur faire demi tour....