Topo associé : Brêche du Frêne, Combe Nord-Est
Sommet associé : Brêche du Frêne (2700 m)
Orientation : NE
Dénivelé : 1820 m.
Ski : 2.3
Sortie du mercredi 3 juin 2015
Conditions nivologiques, accès & météo
beau temps chaud, nuit claire, pas de ventEtat de la route : RAS
Altitude du parking : 787m : avec un véhicule tout terrain, on peut aller jusqu'à Cohardin
Altitude de chaussage (montée) : 1900m
Altitude de déchaussage (descente) : 1900m
Activité avalancheuse observée : RAS
On trouve un enneigement identique voire inférieur à celui de début juillet 2013. Pas de regel nocturne jusqu'à 2200 M environ, mais ce n'est pas trop gênant, le névé étant bien tassé, ensuite alternance de zones très molles (aux abords des rochers notamment) et de zones vitrifiées. A partir de 2500m, tout ce qui était au soleil était déjà mou et très mou à partir de 2600m où je me suis arrêtée pour avoir de bonnes conditions à la descente, ce qui fut le cas en choisissant sa trajectoire, en fait quasiment droit dans la pente vers le milieu du vallon. Parfait jusqu'en bas.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Avec un daguet (jeune cerf) venu me rendre visite au bivouac
Vous avez vraiment cru que je lâchais l'affaire ? C'est méconnaître la gravité de mon addiction ! Encore 1mn, Mr le bourreau, sauf que là, j'ai eu un peu plus d'1mn.
Subitement, j'ai réalisé lundi que c'était la pleine lune. A partir de ce moment-là, les dés étaient jetés : il me FALLAIT une ultime course avec bivouac. Allons donc voir, me dis-je, si les Férices sont toujours aussi féeriques et si le Frêne n'a pas été ébréché davantage par ces skieurs toujours sur la brèche. Solitude garantie, et pour cause !
A Chapareillan, je feuillette le DL. J'y trouve à la rubrique météo : ''nuit claire, pas de précipitations'' (bonne nouvelle !), à la rubrique horoscope : ''dos sensible'' (avec ce que j'ai à me mettre dessus, suis pas trop étonnée), à la rubrique ''records'' : un marathon terminé par une femme de 92 ans (je reprend espoir). Derrière St Hugon, c'est vite le terminus. Altitude 787m. Bien. Je prépare mon barda et comme PAG au Cheval Noir, je prie le ciel que personne ne me voit, sinon on risquait de lire dans le DL un article encore plus surprenant, style ''Une mule s'est échappée de Karma Ling avec un chargement non identifié surmonté de 2 lattes oscillant dans les embruns du Bens''. A cet endroit précis, dit ''Pont Sarret'', un randonneur bouddhiste, fataliste, commencerait à psalmodier ses mantras, un catho, calculateur, se dirait que ce chemin de croix lui vaut x années d'indulgences, un musulman, opportuniste, se convaincrait qu'il débute le hajj. Moi, mécréante, je me disais juste : tu l'as voulu, pas la peine de chouiner ! A Cohardin, mes clavicules étaient déjà concaves et la prédiction de l'astrologue avérée. A Pré Nouveau, j'ai planqué mes baskets et le poids a sauté de mes épaules à mes pieds. Si je continue ce genre de plaisanterie, me dis-je, va falloir que j'investisse dans des escarpins Pierre Gignoux. Mais tout a une fin, même les calvaires. Quand j'ai aperçu MA place de bivouac sur fond de cirque du Frêne, MA source, MON point de vue et MON matelas de myrtilliers, j'ai oublié le labeur et là, aux confins de la Savoie et de l'Isère, je ne fus pas mécontente de m'asseoir sur mon Bas-Rhin et ce fut le plus paisible après-midi du monde. Par curiosité, suis allée visiter le refuge des Férices. Je n'appellerais pas vraiment çà un sweet home, mais çà peut dépanner.
Dans le soir tombant, les crêtes de la montagne d'Arvillard et du Collet d'Allevard se coupaient en un V parfait et le soleil s'abîma derrière ces lignes dans une mer violine tandis que les lumières du monde d'en-bas s'allumaient et que l'obscurité étoilée enveloppaient l'Alpe. Je contemplais, j'étais venue pour çà.
A 1h du matin, je fus éblouie par un projecteur. Dans mon demi-sommeil, je cru à une descente des Douanes de Chambé à la recherche d'un chargement de chapeaux savoisiens de contrefaçon. Mais non, ce n'était que la lune se levant derrière le Grand Miceau. Il faisait clair comme en plein jour.
Celui-ci finit par arriver, limpide et prometteur. Je crus ma course une simple formalité. Tout alla bien jusqu'à ce que j'atteigne les zones orientées NE et donc touchées par le soleil depuis un moment. C'est là que commença la discussion. Car le diable ne s'habille pas qu'en Prada, la Goretex lui va aussi.
Lui (mielleux) : ''allons, reste plus que 100m, tu vas pas laisser tomber après une telle marche d'approche'' ! Moi : ''oui, mais çà va me faire perdre 1/2h et hypothéquer ma descente''
Lui (pervers) : ''Ils vont tous se moquer de toi sur ST si tu ne finis pas'' Moi : ''çà, je m'en fiche, et puis, c'est pas vrai, ils sont pas comme çà sur ST''
Lui (vexant) : ''Pas vraiment téméraire la fille ''! Moi : ''Mieux vaut finir avec une bière que dans une bière''.
L'argument semble avoir porté, il ne dit plus rien. J'espérais juste qu'après ma descente de cinéma, je ne trouverai pas ma bière transformée en diabolo-menthe.
PS : je me permets d'ajouter une photo, prise lundi en montant sur les Hauts de Chartreuse pour aller voir l'enneigement en Belledonne ; je dédie ce sabot de Vénus à vous tous intrépides arpenteurs des cimes et innocents voleurs de beauté