Départ : Bessans (La Bessanaise) (1737 m)
Topo associé : Albaron, par le refuge d'Avérole
Sommet associé : Albaron (3637 m)
Orientation : SW
Dénivelé : 1250 m.
Ski : 2.3
Sortie du dimanche 15 mai 2016
Capitaine_BenA, Capitaine_BenA
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand beau temps + vent du NordEtat de la route : Dégagé jusqu'à sous le refuge d'Avérole
Altitude du parking : 2100
Altitude de chaussage (montée) : 2400
Altitude de déchaussage (descente) : 2400
Activité avalancheuse observée : Quelques coulées sous la Selle de l'Albaron et sous la pointe du Colerin
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
---|---|---|---|---|---|---|
Combe de la Bessanèse | 2400 - 2800 | SW | 07:00 | Croutée fin | Version crème brulée - fine croute sur de la soupe | |
Traversée de la combe d'entre | 2800 - 3100 | W | 09:00 | Irrégulière | Alternance neige croutée et neige gelée avec une fine couche de poudre | |
Glacier du Colerin | 3100- 3400 | SW | 10:30 | Moquette | Dégel progressif au soleil - c'était bon à la descente |
Skiabilité : 😟 Médiocre
Compte rendu (par Capitaine_BenA)
Avec Virginie
Albaron depouis le refuge d'Avérole - But dans le ressaut à la fin du glacier du Colerin
Il aura été difficile de s'organiser, mais toujours est-il qu'on arrive à 20h30 au refuge d'Avérole le samedi soir, avec la détermination de monter l'Albaron le lendemain, grâce au beau temps annoncé, et à la nouvelle corde achetée dans l'après-midi. Ce refuge est au top, ultra confortable.
Lever 5H15 le lendemain, les croissants chauds nous attendent 30 minutes plus tard. Nous démarrons à 6h30, pour un portage de 200m de D+, qui nous prendra bien trois quarts d'heure. Nous suivons la trace d'un sentier de randonnée, récemment marqué, qui ne figure pas sur la carte, mais présente l'avantage de rester sur la croupe comme annoncé sur le topo.
On chausse sur un névé bien gelé, avec une fine couche de neige fraiche, qui ne nous empêchera pas de sortir les couteaux. La montée se raidit progressivement pour aboutir à un couloir un peu raide. Je sonde plusieurs fois et les couches ne me plaisent pas trop : un brin de neige fraiche, une fine croute, et dessous de la soupe qui a regelé... Heureusement nous arrivons vite sur des portions plus planes qui présentent moins de risques.
Vers 2800 nous bifurquons vers le N, et le glacier du Colerin. Bifurquer tard présente un avantage : on évite une zone caillouteuse. Mais aussi un inconvénient : il faut alors traverser, en évitant de prendre trop de hauteur... Tentation à laquelle nous malheureusement cédé, attirés par les cimes alentour.
Ainsi au cours de cette traversée nous contournons une longue barre rocheuse par le haut, même très haut du coup pour éviter d'être trop expo, et nous aboutissons à 3100 juste sous la pointe des Audras et le passage du Colerin. S'ensuit de ce fait une longue traversée légèrement descendante à la limite du glacier du Colerin. La zone ayant été soufflée, nous alternons les zones de poudre et les zones gelées. Couteaux - Pas couteaux - Re-couteaux - a nouveau sans couteaux, pour finir, quasimment une heure plus tard et 50m plus bas, par rejoindre la trace normale.
En plus, toute la traversée s'effectue sous un vent assez fort, avec une vue peu rassurante sur le ressaut à la fin du glacier du Colerin, où nous apercevons une grosse corniche. Nous avons beaucoup douté sur la possibilité de la passer, songeant à un moment à rejoindre la Selle de l'Albaron pour prendre l'arête finale de l'autre voie, mais la vue du vent là haut nous fait renoncer à cette solution.
Les skis dans la trace normale, qu'ont également rejoint deux groupes dont l'un s'arrêtera rapidement, nous sommes rassurés. De dessous, la vue du ressaut est bien moins impressionnantes. Nous montons donc tranquillement en nous répétant que ça va le faire, surtout s'ils font la trace devant.
Le problème est qu'il se fait tard : 11h15, 30, 12h, 12h15. Je prends un peu d'avance pour sonder la neige. Je vois une personne du groupe devant qui monte le ressaut à pied skis sur le dos, mais ses deux acolytes font demi-tour... L'un deux me dit que les couches, nombreuses, sont pas rassurantes. Pour moi ça passe : une fine couche de poudre, une croute assez fine qui casse, 10 - 20cm de neige poudreuse assez compacte et un fond dur bien plus solide, qu'il faut vraiment taper plusieurs fois pour transpercer. J'ai sondé plusieurs fois en montant : ça n'a rien à voir avec ce qu'on avait en bas, où la neige dessous était vraiment pourrie. La personne qui a monté le ressaut redescend rejoindre son groupe, et la neige tient bien, mais il a l'air de galérer au vue de la pente dans cette neige pas terrible...
Virginie arrive, motivée pour le sommet. Le problème est qu'il est 12h20, que si nous passons le ressaut nous allons aller au sommet, et que nous ne redescendrons pas dans cette neige avant 14 - 15h... Bien trop tard... Descendre par le grand fond est précaire, je n'ai pas assez étudié cette possibilité et il y a très peu de neige en bas. Au demeurant les deux personnes qui ont fait demi-tour devant ont l'air expérimentées... Bref, l'humilité est la première des vertus.
Le demi-tour s'impose donc, après quelques hésitations, même si ça fait mal de se prendre un but. Nous nous consolons avec un pic-nic dans un cadre idéal juste en dessous, abrités du vent.
Le retour se déroule bien, neige transfo dans la trace normale bien reposante, ça devient de la soupe une fois qu'on repasse la croupe (après quelques slaloms et dérapages entre les pierres). Le border cross de la fin, en soupe, est assez amusant aussi.
Retour au refuge à 15h / 15h30 tout de même.
Ce n'est que partie remise pour ce sommet et sa désormais mythique table sommitale ! La principale erreur réside à mon avis dans le choix de l'itinéraire après avoir tiré à gauche sur la croupe, qui à force d'hésitation et de galères avec les couteaux, nous a bien coûté 1h30 / 2h, et pas mal d'énergie... Si nous étions arrivés à 10h30 sous le ressaut, c'était possible, mais là, il était bien trop tard.