Départ : la Bérarde (1720 m)
Topo associé : Ailefroide Occidentale, Glacier long
Sommet associé : Ailefroide Occidentale (3954 m)
Orientation : N
Dénivelé : 2500 m.
Ski : 5.1
Sortie du dimanche 27 mai 2018
Conditions nivologiques, accès & météo
Voilé le matin puis grosse averse à partir de 13h. Limite pluie-neige de visu vers 3400m. Etat de la route : ok, nombreuses pierres
Altitude du parking : 1720m
Altitude de chaussage (montée) : 2050m
Altitude de déchaussage (descente) : 1950m
Activité avalancheuse observée : Pas mal de purges après midi le samedi. Nombreuses anciennes coulées dans le vallon : tout est parti !
Conditions neige du secteur
- Vers la Pilatte, de nombreux dépôt d'avalanches permettent (de visu) de chausser vers 2050m en continu. Glacier encore bien bouché et lisse (vu de loin)
- Vers Coste Rouge : Une fois le glacier long dépassé, c'est lisse.
- Vers les Rouies : Cela semble enneigé en continu dès l'entrée du vallon (1950/2000m).
- Temple/Ecrins : Ca chausse vers 2350m mais au dessus cela ne semble pas très épais.
- Le Glacier long en détail : Une goulotte centrale assez profonde (jusqu'à 1m de profondeur) mais pas gênant. Verrou du haut : 20cm sur glace directement, pénible à franchir en crampons alu. 2/3 en poudre humide (si on évite la goulotte centrale), le bas est très raviné, pénible à skier. Le ravin est plein de boules mais c'était mou, du coup ca se skie pas trop mal. Ce n'est pas non plus un bonheur à skier !
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
---|---|---|---|---|---|---|
Haut du glacier | 3440 - 2840 | N | 12h30 | 20/??? | Poudre lourde | Poudre humide très agréable à skier 4* |
Bas du glacier | 2840 - 2600 | N | 12h45 | 10/??? | Transfo lourde | Ca skie bien 3* |
Ravin de Cloute-Favier | 2600 - 1950 | W | 13h15 | 5/??? | Irrégulière | Plein de boules molles 2* |
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par Em42)
Samedi : Topo - Arrêt au Carrelet - Dimanche : Montée à Temple-Ecrins
Dieu qu'elle me faisait envie cette ligne ! Elle était dans le top des lignes que je rêvait de skier depuis notre fameux tour des Ecrins avec Vinchy et Noémie. Tout est prétexte pour ne pas l'envisager sérieusement : C'est trop long, trop exposé, trop dur pour nous, souvent en glace... Bref, il y a toujours quelque chose. Cette année les chutes de neiges ont été conséquentes, les faces nord semblent avoir accrochées la neige, allons voir. De toutes façon, nous connaissons finalement assez peu ce côté de la Bérarde.
Vendredi soir, nous montons au Carrelet pour être au plus proche. Durant notre ascension, nous observons que le Glacier Long semble intégralement en neige. Une goulotte s'est formée au milieu de la partie raide mais ne semble pas être gênante. Au refuge, petite discussion avec Gladys, il ne me faut pas bien longtemps pour la convaincre. Elle souhaite se frotter au 5, ce couloir semble tout trouvé. Le soir, malgré la fatigue, je peine à trouver le sommeil. La ligne me stigmatise voire m'effraie... Vais-je arriver à maîtrise la course ? Sommes-nous capable de réaliser une telle entreprise ? Pour ma part, cela fait maintenant deux ans que je n'ai pas skié dans le 5. Gladys, quant à elle, n'a jamais skié de pentes supérieures à 45° et jamais sur aussi long.
Samedi, le réveil positionné à 4h sonne. La pente doit se skier tardivement mais nous préférons prendre de la marge, au pire, nous attendrons au sommet. J'ai la boule au ventre, la course me fascine autant qu'elle m'effraie... Ce n'est pas tant pour moi mais surtout le fait d'emmener Gladys dedans, j'ai à coeur que tout se passe bien. Je vérifie le matériel : Broche à glaces, sangles, corde, tout y est. Nous partons peu avant 5h. Il fait doux, le vent est chaud, mauvais signe. Après 1h de marche, nous atteignons le ravin de Cloute-Favier. Il est défoncé par les coulées de l'hiver. Sa remontée est pénible et nous manquons plusieurs fois de nous retrouver à terre. Passé le dégueulatoire, c'est à peine mieux... Il y a des rigoles de coulées de partout, c'est tout sauf lisse. Bof... Vers 2500m, nous abandons les peaux pour les crampons. Je propose à Gladys de passer devant pour se familiariser avec la pente. La neige est changeante, parfois nous nous enfonçons bien.. le regel est aux abonnés absent. Le doute est là mais nous poursuivons, voir plus haut. Au delà de 2900/3000m, la neige lourde, laisse place à la poudre humide et profonde. C'est toujours un énorme brassage, nous avançons au ralenti (entre 150 et 200m/h)... Arrivé au second verrou, les crampons viennent buter sur la glace dure. Difficile de trouver adhérence dessus, nous traversons vers la rive droite du glacier pour trouver un peu plus de consistance... Au-dessus, le brassage dans 30 à 40cm de poudre finissent de nous achever ! Il est midi, nous parvenons enfin en haut du couloir, 7h que nous sommes partis du refuge. Une bonne bavante... Je discute avec Glad'. Elle semble sereine. Nous prenons notre temps, histoire de récupérer des forces pour la descente. Le soleil apparaît et inonde la face, il est temps de descendre. Glad' enclenche son premier virage, ça se passe bien. Elle les enchaînes, je la suit. La neige est sécurisante et nous met bien en confiance. Je dépasse Gladys pour éviter de lui envoyer mon sluff sur elle... Trente minutes de bonheur extrême ! Nous enchaînons les virages jusqu'en bas et la partie ravinée. Fin du bon ski ! Comme si le temps ne souhaitait pas nous laisser apprécier notre réussite, une forte averse vient nous presser de rentrer, mais c'est fait ! Très fier de Gladys qui a magistralement réussi sa première pente raide. Je pense qu'elle était même plus sereine que moi ! Ces progrès en deux années de ski de randonnée sont incroyable! Et dire qu'elle a tracé les deux tiers du couloir :o
Samedi après-midi, nous faisons escale au refuge de la Bérarde fêter autour d'une bière cette entreprise. Dimanche nous partons vers temple-écrins, rapidement rincé par une averse, nous abandonnons le ski pour ce jour...