Départ : Chamonix (Aiguille du Midi) (3842 m)
Topo associé : Aiguille Verte, Couloir Whymper
Sommet associé : Aiguille Verte (4122 m)
Orientation : SE
Dénivelé : 1490 m.
Ski : 3.1
Sortie du mardi 27 mars 2012
Conditions nivologiques, accès & météo
Beau, pas froid
Etat de la route : ok
Altitude du parking : 1030 m
Conditions printanières. Les faces sont sèches dans l'ensemble (Tacul, Jorasses...).
Altitude de chaussage (montée) : 3842 m
Altitude de déchaussage (descente) : 1913 m
Activité avalancheuse observée : aucune.
Skiabilité : 🤢 Mauvaise
Compte rendu
Avec Patrick P.
Cette Verte, j'en rêvais depuis des années... Devenue presque une obsession ces derniers mois, j''ai décidé de tenter de la gravir, en prenant Patrick comme guide. Les bonnes conditions de neige actuelles m'ont convaincu que c'était le bon moment.
Mes précédentes courses un peu engagées comme l'Aiguille d'Argentière ou la Grande Casse sont un cran en dessous, j'en suis bien conscient. Mais je me dis qu'avec un guide, la Verte devrait passer et je souhaite en même temps franchir un cap.
Nous partons lundi de l'Aiguille du Midi, par la Vallée Blanche classique (bien bosselée et tracée). Vers 2100, après un rapide casse-croûte, nous mettons les peaux et remontons le glacier de Leschaux puis le raidillon permettant l'accès au refuge du Couvercle. Je suis heureux d'y être (15h30) après un bel effort sous la chaleur. Mon sac a bien pesé dans cette première phase d'approche et j'ai les jambes lourdes. Récupération, étirements, dîner à 18h puis coucher alors que 2 cordées nous ont rejointes.
Je n'arrive pas à trouver le sommeil : sensation de faim, excitation et forcément stress sur le lendemain (Vais-je enfin réaliser ce vieux projet d'inscrire la Verte...? ). Finalement, je parviens à dormir 1h30 avant le lever à minuit. Nous partons à 1h. Nous montons à un rythme tranquille, monotone, et rapidement je marche comme un automate. A l'approche de la rimaye, de mauvaises traces nous conduisent vers un pont de neige terrifiant, aussi nous faisons demi-tour pour trouver un passage plus serein. Lorsque nous parvenons à la rimaye, je me sens bizarre et ne suis pas dans mon état normal : las, fatigué, indécis... J'hésite sur la suite : continuer ou stopper là ? Cette approche de 3h m'a un peu séché : le physique n'est pas au mieux certes, mais c'est surtout le mental qui fait défaut ! Je me sens incapable de gravir le Whymper puis de le redescendre par les rappels, soit environ 6h d'efforts. J'ai pour habitude de ne jamais lâcher le morceau facilement, mais cette nuit, ce caractère me fait défaut. C'est incroyable alors que j'attends d'être au pied du couloir depuis si longtemps ! Je suis là, hébété, alors que l'approche est terminée et que je sais que mon sac va être considérablement allégé, mais ma tête refuse de suivre !! Le pire est que je ne ressens pas de stress particulier par rapport au couloir. Je n'ai simplement pas la volonté pour m'y engager, et à l'heure où j'écris ces lignes je n'arrive pas à croire comment c'est possible alors que j'attendais ce moment depuis tellement d'années. Je sais au fond de moi que je ne serai pas capable de gravir les 600 m, alors pourquoi se lancer dedans si je cale au tiers ? Je prends la décision de redescendre à skis au Couvercle, le moral bien bas. Patrick respecte ma décision.
Arrivés au refuge à 5h, nous nous recouchons jusqu'à 8h, puis redescendons dans la matinée au Montenvers. La neige est bien dure, ce qui n'arrange rien au point de compression que je traîne à la cheville depuis plusieurs semaines.
Avec du repos et un peu de recul, je me dis que j'ai mis trop d'enjeu sur cette course. Je l'ai faite et refaite plusieurs fois dans ma tête avant d'y être et le mental m'a fui au moment où j'en avais le plus besoin.
J'ai l'impression d'avoir "perdu sans me battre". Je ressens une grande frustration que mon énergie ait été utilisée dans la marche d'approche et d'arriver out au Whymper. J'y reviendrai car c'est une petite blessure que d'avoir abandonné ainsi.