Départ : Nid-D'Aigle (2370 m)
Topo associé : Aiguille du Goûter, Grand Couloir Ouest
Sommet associé : Aiguille du Goûter (3863 m)
Orientation : W
Dénivelé : 3300 m.
Ski : 5.2
Sortie du dimanche 15 avril 2018
Conditions nivologiques, accès & météo
J1: Grand beau
J2: Nuageux, pas mal de foehn
J3: Beau, chaud et pas de ventAltitude de chaussage (montée) : Sommet de Bellevue
Altitude de déchaussage (descente) : Les Houches
Activité avalancheuse observée : Des purges en face S avec le réchauffement, pas mal d'accumulations en face N.
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
J1: Montée de Bellevue au refuge de Tête Rousse J2: Montée de Tête Rousse au Gouter J3: Mont blanc, puis resdescente par la même itinéraire
Les Aravis c'est sympa, mais quand l'iso 0 se balade à 3000m d'altitude il faut changer de massif. On va donc là où on est le plus susceptible de trouver de la neige froide, c'est à dire sur le toit de l'Europe !
J1: L'approche de l'approche
Départ de Bellevue pour 3 jours qui s'annoncent sportifs. On apprend dans les cabines que nos prédécesseurs auraient butés, ça met dans l'ambiance. On chausse, on se goure de chemin (faut quand même le faire, ne pas arriver à suivre une voie ferrée...). On reprend la voie au col du Mont Lachat, on la suit en direction du nid d'aigle. On met les crampons vraiment tôt, la neige est béton et il y a de bons dévers. Le passage sur le coté du tunnel se fait bien.
Pause au nid d'aigle en plein soleil, ça chauffe sec et la neige transforme bien. On reprend la montée, la neige colle, les peaux bottent, ça force bien. On monte le couloir et on arrive au refuge de Tête Rousse. Enfin refuge, c'est ce qui est écrit sur la carte, en réalité à l'intérieur ça s'apparente plus à une décharge publique. On reprend des forces, une bonne nuit et ça repart.
J2: L'approche, jour de repos.
On part à 7h30 du refuge, direction le Goûter. La montée déroule, des traces plutôt fraîches nous montrent le chemin. Ça monte bien, globalement par l'itinéraire estival. C'est bien sec, juste de la poudre sur le rocher. Les câbles sont bien apparents, ce qui facilite le cheminement. On arrive au refuge 3 heures plus tard.
Le projet initial était d'aller tracer jusqu'au Dôme du Goûter dans la foulée, histoire de nous simplifier la tâche le lendemain. Malheureusement, le plafond nuageux est juste au dessus du refuge, et les rafales frisent les 100 km/h, ce qui nous dissuade d'aller s'aventurer là haut. On profite donc du temps libre pour se reposer et préparer la course. Repas, sieste, re-repas et re-sieste.
J3: La course
Départ à 4h du refuge. On suit la crête au dessus du refuge en crampons, et on chausse au pied de la face NW du Dôme du Goûter. La montée se passe bien, on prend un rythme tranquille. Une fois sur le Dôme, le jour se lève. Petite surprise, la pente sous Vallot est principalement en glace. On va au pied puis on monte à l'observatoire en crampons. En se retournant, on remarque une fusée qui débarque des grands mulets et nous arrive dessus vitesse grand V.
Il nous rejoint à l'abri Vallot, c'est un norvégien plutôt affuté. On partage le reste de la montée avec lui. L'arête se passe bien, elle est soufflée sur la majeure partie, donc ça monte bien. La rimaye ne fait pas super envie. Notre scandinave préféré monte droit dans le sérac: 5m à 80° en glace avec un seul piolet droit; technique le mec ! Peu inspirés par ce genre de mouv' engagé à 4700m, on passe la rimaye assez bien finalement. La fin de la montée se passe bien, on arrive tout content au sommet.
Petit coup de génep' pour marquer le coup, puis notre pote norvégien plonge direct dans la face N. C'est super chargé et tout poudre, il fait une trace dingue sur 1500m de D-. On profite de ce temps incroyable pendant une bonne demi-heure. Pas de vent, chaud et seul au monde. Après quelques séries de photos pour amuser la galerie, on chausse les skis au sommet et on part sur l'arête des bosses. En N c'est tout poudre, en S c'est carton. On croise quelques cordées partis des grands mulets, sauf une parti d'un hélico italien qui les a posé juste en dessous du Dôme du goûter. C'est vrai, à quoi ça sert de monter en 3 jours ce qu'un hélico monte en 3min ?
On redescend jusqu'à Vallot, on trouve de belles pentes en poudre, du grand ski ! En dessous de Vallot, on tire quelques tout droit sur la glace, et puis on remet les peaux pour monter au Dôme du Goûter. La descente du Dôme se passe bien, un peu de carton. On fait une pause au refuge, et on choisit la voie de descente. On décide de partir dans le couloir direct sous le refuge d'hiver. C'est assez raide, avec plusieurs verrous dont un en glace. Après un petit rappel de 20m, on retrouve des pentes plus clémentes avec une bonne neige.
Une fois en bas du couloir, on redescend au nid d'aigle. Il fait chaud, la neige transforme, mais le ski est facile et magnifique, dans ces grandes pentes vierges. On rechausse les crampons pour traverser le long de la voie ferrée, puis retour en ski aux Houches par les pistes en neige de printemps.
Skier le mont blanc de haut en bas, qui plus est avec une météo et une neige incroyable sur l'arête, c'est MAGNIFIQUE. Pas déçu du voyage !
Vidéo de la sortie: