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Du Rheinwaldhorn à Curaglia: raid Grisons grisants sans voiture. 
Départ : Campo Blenio (1215 m)
Topo associé : Adula - Adula - Rheinwaldhorn, Versant Ouest
Sommet associé : Adula - Adula - Rheinwaldhorn (3402 m)
Orientation : W
Dénivelé : 5000 m.
Ski : 3.1
Sortie du dimanche 24 mars 2019
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand beau sur les 4 jours; 5 eme jour grand beau mais une brutale dégradation le lendemain nous oblige à renoncer à la traversée du Todi sur Linthal.Etat de la route : dégagée
Altitude du parking :
Accès en TC
Traversée dans le sens Sud Nord: Neige exceptionnelle sur le Rheinwaldhorn et plus généralement sur les pentes Nord.
Altitude de chaussage (montée) : 1620
Altitude de déchaussage (descente) : 1330
Activité avalancheuse observée : RAS
Skiabilité : 😄 Excellente
Compte rendu
Avec Benoit, Thierry 1, Thierry 2 ;-))
Hinterrhein, Rheinwaldhorn, Lantahutte, Terrihutte, cabana da Medel, Curaglia
Toujours à la poursuite de la traversée des Alpes, nous avions porté notre dévolu sur la jonction du Col de Larche à Modane;
Malheureusement, le faible enneigement dans les Alpes du Sud cette année nous contraint à aller chercher la neige là ou elle est: en Suisse!!
Une fois n'est pas coutume, l'Est de la Suisse a particulièrement été gaté par des chutes de neige importantes cet Hiver et nous batissons un itinéraire souhaitant traverser une partie des Grisons pour nous rapprocher du dernier 4000 Suisse: le Piz Bernina.
Il nous faut trouver un itinéraire joignant Linthal dans les Alpes Glaronaises(point de départ de nos objectifs en 2012) et St Moritz; Le relief est particulièrement accidenté et trouver un cheminement logique est malaisé.
Bienheureusement, grâce à l'incomparable maillage intermodal Suisse, on peut se faire poser et récupérer n'importe où en train ou en bus.
Car bien sur, comme toujours, hors de question d'utiliser la voiture: tout se fera depuis Grenoble en Transport en commun même si les distances commencent à être conséquentes.
Et nous mettons au point un itinéraire striant les grisons, ralliant Hinterrhein à Linthal moyennant une jonction d'une quinzaine de km en bus Train.
Une fenêtre de départ est décidée entre le 17 et le 31 Mars; après plus de 3 semaines de beau temps en Février, on est dubitatif sur nos chances d'avoir encore une fenêtre de beau temps même tout cela n'a pas de relation.
Et finalement, après un bon passage perturbé les 17 et 18 mars le beau temps se rétablit et nous partons le 20 à l'aube par le bus de 6h du mat en direction de Genève puis 6H de train pour rejoindre Hinterrhein Nord Portal vers 14H30.
Il faut d'abord traverser une zone d'essai militaire; il convient de contacter les autorités militaires au +41 058 482 11 11 pour prévenir de nos intentions et de connaitre les haures de restriction d'accès;
Nos interlocuteurs sont très cordiaux, on les contacte la veille et le jor de la traversée et heureusement pas d'activité en fin de journée.
Aussi, à peine sortis du bus, nous chaussons et entreprenons la longue retraversée copieusement enneigée en direction de notre premier refuge: La Zapporthutte;
La remontée est longue et plate au début et nous attaquons la remontée du très étroit défilé ou s'insinue le torrent Hinterrhein, une des sources du Rhin.
Quelques profonds pots ou coule le torrent demandent de la vigilance mais l'enneigement global est excellent, il ne fait pas chaud du tout malgré l'heure car ce défilé doit être un véritable collecteur des avalanches pouvant partir 1000m plus haut.
2 h 30 plus tard, le refuge est en vu mais comme annoncé l'accès n'est pas simple en hiver: il peut se faire soit directement à son aplomb, soit en allant chercher plus loin, une traversée à flanc à peu près à niveau.
Le défilé est à l'ombre, la neige regèle, la remontée sous le refuge est abrupte et très exposée; à skis on ne le sent pas et on décide d'aller chercher l'écharpe d'accès plus loin. Malheureusement les trous jusqu'au torrent deviennent plus nombreux voire compliqué à franchir et on jette notre dévolu sur une raide écharpe de neige à remonter en crampons piolet pour rejoindre la traversée supérieure.
Bien mis dans l'ambiance d'entrée de jeu, nous rejoignons le refuge et son gardien Martin qui n'a vu personne depuis 11 jours. Nous sommes seuls et le repas est gargantuesque; un lever de lune somptueux pile dans l'axe de la vallée signe l'extinction des feux avant de nouvelles aventures.
Le lendemain: grand beau, leitmotiv du raid: le refuge est vite au soleil et après un petit dej qui va nous tenir quasi jusqu'au soir, nous traversons en sens inverse mais à skis cette fois l'écharpe qui donne accès au bassin Est de l'Adula Rheinwaldhorn. Spectacle somptueux de cette arête qui s'élève dans le ciel. L'accès au sommet ne peut pas se faire par la grande selle neigeuse évidente au nord est du sommet qui est en partie barrée par une énorme corniche, ni par le Lantalucke qui oblige à une remontée fastidieuse d'une arête parsemée de bloc.
Martin nous indique donc un couloir sur lequel il faut venir buter dans cette face Est et qu'il faut remonter; Le cheminement est simple mais ça botamort et je tire le gros lot malgré le fartage des peaux; ça se calme avec l'altitude et on vient buter sur le couloir bien rempli qui se remonte sans problème et donne accès au plateau sommital. Nous croisons les premières personnes montées depuis Lantahutte ou l'Adula hutte.
Nous posons les skis 50 m sous le sommet terminé à skis.
Panorama unique depuis ce belvédère bien isolé, sur tout l'arc Alpin Suisse et Autrichien.
Vient alors la descente qui restera longtemps dans nos mémoires: à part les premiers 100M un peu irrégulier, ce sera grosse poudre profonde jusqu'à la porte du refuge: vraiment une descente d'exception sans effort dans ce matelas sans irrégularité. Grandiose.
Salutations éléctroniques à un sympathique couple autrichien que nous rencontrons au refuge. Très bon accueil encore une fois, repas excellent mais moins pantagruelique qu'à Zapporthutte.
Seul détail le refuge passe à l'ombre assez vite du fait de la position en fond de vallée orientée sud nord.
Le refuge est peu rempli mais sera complet le lendemain...
Lendemain matin: .... grand beau pour l'étape du raid: pas beaucoup d'info, pas de trace pour ce qu'on voit du début au loin: ce sera donc 2000 m de traces à faire en traversant 4 vallées pour contourner le Piz Terri, nouveau maitre des lieux à l'architecture environnante tourmentée.
longue mais rapide descente jusqu'à Lampertsch Alp avant de partir Nord Ouest jusqu'au Fuorcla Val Nova puis au Fuorcla Darlun.
Nous attend une descente au top en Nord est toute poudreuse puis alternant poudre et zones cartonnées puis à nouveau poudreuse jusqu'à l'Alp Scharboda.
Sur la carte la trace rejoint loin en contrebas un village fermé en hiver: Vanescha puis remonte vers Clavau Su.
Après s'être avancé en direction de Vanescha, on se dit que ça doit peut être aussi passer en rive gauche, sous la tourmentée face Est du Piz Terri et que si ça fait on gagne beaucoup de distance pour rejoindre Clavau Su.
On remet les peaux pour retraverser le torrent vers l'alti 2050 et on s'engage en face Est à Nord est: il fait froid, tout est resté poudreux, on garde les distances, mais rien ne bouge et c'est ainsi que nous rejoignons le point coté 1819 pour remonter au vieux chalet de Clavau Su puis remonter le long vallon de l'Alp Blengias en direction du Fuorcla Blengias.
La neige est toute poudreuse mais le vallon est bien long à tracer avec les gros sacs et on arrive un peu entamé au col. On pense en avoir terminé mais le contournement du lac au pied du Piz Ner réclame un repeautage et un fourvoyage nous emmène un peu trop à l'est du refuge da Terri.
Un point carte et gps plus tard on retrace à nouveau une petite remontée pour plonger sue le refuge Terri qui lui n'est pas gardé.
Heureusement il y a 4 personnes et c'est donc déjà chauffé. Comme dans tous les refuges Suisses non gardés, des boissons sont à disposition ainsi que du bois des gamelles un poele... le respect mutuel et la confiance règnent. Nous ferons la somme de tout ce que nous devons et paierons une fois rentré car il n'y a pas de tronc.
Je me déleste des pates, parmesan chocolat pour le plus grand plaisir de les épaules et c'est repus que nous nous couchons seul dans un dortoir entier: quel luxe..
Lendemain: grand beau et plus chaud. Direction Cabana da Medel puis descente sur Curaglia.
D'abord une longue remontée ascendante du Plaun la greina jusqu'au Passo du même nom puis montée au Fuorcla Sura da lavax. La neige est tranfo, super facile à remonter. Nous pouvons contempler à loisir le chemin parcouru depuis la veille et même depuis le Rheinwalhorn tout au loin.
Nous plongeons plein nord sur les vestiges du Gletscher da Lavax altrnant poudre et zones cartonnées, le tout restant très facile à skier.
Une dernière remontée que j'avais vendu à 100m en fait 350. La forme est là et ça passe crême...
La cabana da Medel est un bijou de positionnement garantissant une vue inoubliable sur le lever de soleil;
Une boisson plus tard nous entamons la longue descente su Curaglia en croisant des cohortes de randonneurs; d'abord poudreuse, la neige devient moquette idéale descendu à mach12. Nous rejoignons le fond de vallée par une route orientée plein nord qui nous amène à Curaglia sans déchausser.
Même pas fatigué...;-))
On est à l'heure pour le bus de 15H30 qui doit nous amener à un train qui nous emmène à Trun.
Et là c'est le drame: j'ai oublié ma pochette passeport, fric, cb carte à la cabana da Medel.
On appelle le refuge mais personne ne leur a rapporté la pochette.
on ne va remonter, on file sur Trun ou nous attend Olga dans son café que nous avons réservé. Opposition sur cb quand même et on espère que le refuge va rappeler.
La météo n'est pas encourageante pour le surlendemain: arrivée rapide d'un front froid neigeux mais ça peut passer lundi matin.
Après avoir examiné le problème dans tous les sens, nous décidons de monter au refuge de Punteglias et de tenter notre chance à l'aube lundi matin.
Repas pantagruelique à LA pizzeria de Trun qui rassemble sûrement la moitié du village.
Les prévisions ne semblent pas évoluer en notre faveur mais on avisera lundi matin.
Et effectivement, dimanche matin les prévis du lundi se sont encore dégradées avec plafond à 3000 dès 6H alors que notre premier col est à 3200 et des températures en chute libre.
Après concertation générale, on décide de renoncer car les hauts plateaux du Todi à plus de 3000 par -14° et 50km/h de nord est sans visibilité ne sont pas vraiment attrayants.
Sans regret après cette longue chevauchée, nous quittons en train cette belle vallée dans laquelle nous reviendrons pour boucler la boucle.
Au final c'est un raid très sauvage très peu parcouru surtout le 3eme jour et encore moins par des Français puisque sur les registres des refuges, on trouvait à peine 4 à 5 français dans les 5 dernières années.
Un peu d'engagement car il n'y a quasiment voire pas de reseau sur la majorité du parcours.
Voilà encore un beau tronçon de découverte qui n'attend plus que vous et penser aux TC qui peuvent vous déposer et récupérer de partout.....
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