Mont du Vallon sauvage

Massif : Vanoise
Départ : Méribel mottaret OT (1650 m)

Topo associé : Mont du Vallon, Par les pistes

Sommet associé : Mont du Vallon (2949 m)

Orientation : N

Dénivelé : 1200 m.
Ski : 2.1

Faune : cet itinéraire passe près de zones sensibles. Voir consignes sur fiches topo

Météo/températures : voilé, puis bien ensoleillé à partir de 10h. Retour du voile d'altitude vers 14h.

Altitude de chaussage/déchaussage : environ 1850m (piste Creux de l'Ours) / 1900m (replat TS Mûres Rouges)

Conditions nivo et activité avalancheuse :

A la montée, neige "fraîche" (moins de 10cm vers 2000m, ~30cm au dessus de 2700m), recouverte d'une petite croûte (éclaircies de la veille?), surmontée de 1 à 3cm de grains fins (poudre) (transport par le vent?).

Avalanches en poire datant de la veille, parties sous les rochers dans le raide, notamment versant W de la crête des Mines, et sous les gazex (en N).

Quelques boulettes ce jour, côté crête des Mines, ayant coupées ma trace de montée.

Itinéraire suivi : piste Creux de l'Ours - piste combe N Mont du Vallon A/R - retour Mottaret par Lac de Tueda

Horaires : 8h30-12h45 / 13h30-15h - dont une petite heure d'approche entre Mottaret et TS Mûres Rouges (idem au retour)

Avec une météo incertaine et un départ en solitaire, je jette mon dévolu sur le point culminant du domaine skiable de Méribel. Station fermée, quelques tâches de neige à Mottaret d'après la webcam, sommet à presque 3000m,...avec un peu de chance la neige sera bonne, et au pire ça sera un bon bol d'air et un peu d'acclimatation avant les prochaines sorties en altitude.

Comme prévu, le ciel bleu du lever du jour a cédé sa place à un épais voile d'altitude tamisant la lumière du soleil.

Je quitte la place de Mottaret, skis sur l'épaule, espérant pouvoir chausser rapidement sur les restes de neige de la piste du Creux de l'Ours. Le sol légèrement gelé en surface, m'évite de salir mes chaussures de bon matin. (Ce détail peut paraître ridicule, mais je n'aime pas que la neige soit salie par des chaussures boueuses...).

Le parcours sur la piste forestière est agrémenté des chants des passereaux, du vol du Casse-noix moucheté, et de très nombreuses traces d'animaux bien plus matinaux que moi : Cerf, Écureuil, Renard, Mulot, Lièvre,...Seules les traces d'Hominidus skius semblent manquer à l'appel. Après plus de 30 minutes de marche, skis sur l'épaule (j'ai quand même alterné d'épaule entre temps...), je décide de chausser sur le peu de neige fraîche bordant la piste. L'enneigement devient plus présent au-dessus de la gare d'arrivée des Mûres Rouges. La combe (pour ne pas dire le vallon) nord du Mont du Vallon, apparemment vierge de traces de ski récentes, s'ouvre à moi.

Bien que sur le domaine skiable de la station, les aménagements sont ici "relativement" discrets (peut-être du fait de la proximité avec la Réserve Naturelle du Plan de Tuéda).

La solitude dans cette pente scintillant de blanc, le léger souffle du vent, et les roucoulades émanant des bosquets de pins cembros, suffisent à me transporter en terre sauvage. Je trace avec application, à la mesure de mes petites jambes, en pente douce.

Lorsque j'aperçois une grande concentration de traces dans la neige, je m'approche, et imagine le spectacle qui a dû se dérouler ici aux premières lueurs du jour... Je ne verrai pas les artistes (et tant mieux, car je ne voudrai pas les déranger), mais la lecture de leurs danses imprimées dans la neige froide, et l'écoute de leurs vocalises, sont autant de cadeaux de la Nature qui me comblent amplement. Cette Nature, d'une patience infinie envers l'espèce qui n'a de cesse que de détraquer les précaires équilibres qui la constitue....

Absorbée par mes pensées, je m'élève doucement dans la combe, alors que l'éclaircie supposée passagère semble bien décidée à s'installer.

Transpirant bientôt à grosses gouttes avec le soleil de face, j'accueille avec bonheur les petites bourrasques glaciales qui soufflent vers 2650m. Les skis commencent à enfoncer un petit peu plus, mais le traçage reste assez aisé. J'entame enfin la dernière section dans une neige qui a commencé à transformer, encouragée dans mon effort par le panorama somptueux qui se dresse dans mon dos. La gare d'arrivée du télécabine du Mont du Vallon ne passe pas inaperçue, mais les nouveaux sommets qui se dévoilent vers le sud monopolisent rapidement le regard.

L'envie de profiter du paysage, au soleil et sans vent, en dégustant tisane et bretzels, l'emporte sur l'opportunité incertaine de bénéficier d'une descente de qualité. Je m'attarde donc un long moment au sommet (de ma randonnée, car le véritable sommet du Mont du Vallon se trouve 50m plus haut et s'atteint à pied).

13h30, le voile d'altitude semble revenir par l'ouest. Après avoir eu le plaisir de tracer à la montée, il est temps de signer la descente. Les 200 premiers mètres sont plutôt bons, mais l'humidification bien avancée malgré l'exposition nord rend le reste de la descente davantage fonctionnelle que sensationnelle. (Ou bien sensationnelle, mais dans un autre registre que celui généralement recherché en ski.)

Vers 2300m, je salue avec plaisir un randonneur qui s'attèle à la montée dans ma trace du matin déjà bien transformée par la chaleur.

Fin de descente sans encombre jusqu'à déchausser et mettre les skis sur le sac à 1900m. Reste alors une petite heure de marche, en passant cette fois-ci par Tuéda, pour rejoindre mon point de départ.

Encore de beaux cadeaux reçus en montagne, et l'atteinte de l'objectif initial comme la fraise tagada au sommet d'un très généreux gâteau.