Départ : Saint Martin-de-Belleville (le Châtelard) (1339 m)
Topos associés : Grand Pic de la Lauzière, par le Col des Aiguillons Pointe des Marmottes Noires, Combe Sud-Est Pic du Rognolet, par la combe des Plans Pointe de la Fenêtre, Normale
Sommets associés : Grand Pic de la Lauzière (2829 m) Pic du Rognolet (2659 m) Pointe des Marmottes Noires (2339 m) Pointe de la Fenêtre (2268 m)
Orientation : NE
Dénivelé : 4660 m.
Ski : 2.3
Sortie du dimanche 17 mars 2024
taramont, Flamant rose, Alicelamalice, Cath38
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures :
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par taramont)
En janvier-février, on nous en a mis plein la vue de la Lauzière en général et de la vallée de l'Eau Rousse, comprenez surtout les combes de la rive G à partir de Celliers, bientôt aussi connues – et courues ! - que les combes des Aravis, ce qui n'est pas peu dire. Je propose d'ailleurs que les fréquenteurs compulsifs du secteur se cotisent pour faire réaliser un check-up (mental, car le physique a l'air inoxydable) au chien de l'Auberge du Grand Glacier. Nous avons aussi « bénéficié » de sa compagnie aboyante entre deux divagations auprès d'autres groupes.
Car nous étions en groupe pour ces 4 journées. Oui, exceptionnellement, je suis prête à faire un effort de sociabilité. Et l'occasion – de périodicité annuelle – en vaut la peine. L'an passé, dans le Prättigau, nous les françaises, avions été sévèrement sommées d'organiser à nouveau une rencontre dans les Alpes françaises. Il est vrai que nous n'avions que trop tardé, non pas par manque d'idées (une chose pareille n'est pas possible) mais parce que certaines avaient déjà goûté aux Ecrins et à Belledonne Isère et même aux Pyrénées, alors il fallait bien laisser passer du temps pour que la Savoie ne souffre pas de la comparaison ! Car, sans savoir en octobre que la Lauzière serait cette saison, plus que jamais, la Mecque du ski, les organisatrices, savoyardes à 200%, ont sauté à skis joints sur l'idée – géniale, il faut le dire - d'un hébergement à Pussy. Ensuite, elles ont mis chaque jour un cierge pour que la période de chance de Celliers se prolonge au moins jusqu'à la mi-mars afin que nos invitées ne fassent pas choux blanc à la place d'un rêve blanc et que, pour le restant de leurs jours, elles et la Savoie ne portent pas le rouge au front. Les cierges semblent avoir été de bonne qualité.
Cette année sont venues :
Alice (FR), Anne (DE), Bärbel (DE), Caroline (FR), Catherine (FR), Charlotte (CH), Denise (BE), Dominique (FR), Evelyn (DE), Federica (IT), Laurence (FR),Lidija (SI), Marei (DE), Monique (FR), Nadine (FR), Pascale (FR), Suzanne (CH), Valérie (FR)
Pour le premier jour, une "valeur sûre" s'imposait. Nous avions avec nous une experte comptable, une banquière et au moins une qui se dépense sans compter alors on ne plaisante pas. Jour Râ, jour solaire, jour radieux, jour bienheureux . Devait être le plus beau des 4 selon MF Savoie, enfin du moins selon son personnel qui n'était pas en train de se promener de par le vaste monde de la montagne. Le Rognolet avait revêtu (en notre honneur, of course) sa tenue d'apparat, son armure d'argent, avait nettoyé quelques crénelures bancales de son château de quelques coups de glaive flamboyant désinvolte. Seule la sueur qui dévalait dans nos yeux nous empêchait de jouir totalement du spectacle. Au sommet, il avait fallu se rendre compte : le paysage avait de la gueule, tant pis si la nôtre n'était plus bien présentable. Malgré l'heure un peu tardive pour le climat, la descente fut encore top, un tantinet trop revenue
Le crux de la journée a été rencontré dès 1500m. Il s'agissait de faire demi-tour sur l'étroite route avec certains véhicules d'envergure. Nous y réussîmes sans endommager le pâturage.
C'est 400m plus haut que les avis divergèrent et donc les routes aussi. Car, ne l'oublions pas, nous étions entre femmes libres, autonomes, respectueuses du ressenti des autres. Certaines ne voulaient pas descendre à la Cave, attirées, comme des pies par ce qui brille, par les superbes corniches ourlées garnissant (qui sait pour combien de temps encore) la crête sommitale de Combe Bronsin.
J'étais pour ma part pour les Marmottes Noires que je n'avais encore jamais taquinées par cette entrée de leur terrier. Trop courte mais excellente descente dans la Cave où nous avons trouvé la fraîcheur mais pas de bouteilles. Montée « doigts dans le nez » au Col des Teurs grâce à une trace impeccable signée par un duo franco-suisse dont l'expertise en la matière a vite sauté aux yeux. Descente du col extra.
C'est là que les nuages, à force de bouffer leurs joues, ont pris de l'ampleur et de la couleur. Et à mi-chemin du vallon, c'était alternance brume et brouillard et bien sûr jour blanc. Avons quand même pu faire une pause, la vue de temps en temps dégagée sur le Pas de la Mule. Mais versant W invisible. Descente même pas mauvaise jusqu'à 1965m. Là, il fallut décider de la meilleure façon d'atteindre le fond du vallon quelques 300m plus bas dans une neige complètement pourrie qui partait en gros escargots vite lourds. Or, le doute sans l'irrésolution est l'une des qualités principales qu'on soit montagnard ou montagnarde. C'était le moment de la tester. Trois d'entre nous choisirent la descente centrale par les bords du ruisseau, les cinq autres, le chemin des vernes. Tout le monde survécut et se laissa glisser sur la piste jusqu'aux voitures. Les « Combe Bronsin » étaient déjà parties.
L'itinéraire par les cols de la Valette et des Aiguillons est somptueux. Drapés de costume de cour, Aiguilles altières, adorables vallonnements tout en rondeurs. Petite pause sur la crête au S de l'Aiguille de la Balme, le Grand et le Petit Château en contrebas. On se laisse glisser du col des Aiguillons pour prendre pied sur le glacier de Celliers. Et là, face au but du voyage, c'est l'enchantement. Dès le départ, on avait renoncé au sommet. Ce n'était sans doute pas le jour à s'aventurer là-dedans. Une seule trace de descente avant les nôtres. Les premières étaient aux anges. S'en suivirent 1100m de descente de rêve dans une moquette souple jusqu'à la route. Pour meubler les 2km finaux pedibus, il n'y avait qu'à dérouler images et sensations.
Très bonne descente par la Combe Chardon et une fois la piste retrouvée vers Lachat, l'enneigement plus aléatoire fut circonvenu par l'utilisation de la piste d'alpage jusqu'à Pralautray. Il restait alors 2,8km de marche avant de retrouver la voiture.
Un rassemblement réussi haut la main. Avec la météo annoncée, ce n'était pas entièrement gagné, mais avec notre enthousiasme, ce ne pouvait que l'être.