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Sorties > Queyras - Alpes Cozie N > Aerosol dans le vallon du longet

Aerosol dans le vallon du longet ⭐⭐⭐

Massif : Queyras - Alpes Cozie N
Départ : Saint Véran (2000 m)

Sommet associé : Pointe des Avers (3089 m)

Orientation : N

Dénivelé : 400 m.
Ski : 3.1

Sortie du dimanche 17 mars 2024

Pierre.D

Conditions nivologiques, accès & météo

Partis à 8h45 de Saint-Véran ce dimanche 17 mars, nous (Paul et moi [Pierre] ) avions pour objectif le couloir N de la Pointe des Avers (topo décrit dans le guide Toponeige Queyras, et non present sur C2C ou Skitour). 


Depuis le parking, nous remarquons les corniches surplombant le couloir. En conséquence, nous optons pour une boucle, passant par le Pas de la Cula pour évaluer la situation depuis le sommet et ainsi réduire notre exposition.

Après avoir suivi la piste de ski de fond à une altitude de 2050 mètres, nous empruntons une trace de montée qui nous amène le long du ruisseau du Longet, différente de l'itinéraire IGN. À 9h30, à une altitude de 2290 mètres, un grondement nous alerte. En nous retournant, nous remarquons un énorme nuage aerosol en provenance du couloir. Bien que nous ne soyons pas directement dans sa trajectoire, environ 50 mètres après le cône de déjections (voir photo), nous prenons la fuite, moi droit dans la pente et Paul légèrement en diagonale vers la rive droite.

Le souffle de l'avalanche me projete au sol tandis que Paul est littéralement soulevé dans les airs. Une fois le nuage dissipé, je retrouve Paul à environ 50 mètres de moi, légèrement blessé au front sans ses skis, l'un d'entre eux arraché avec sa chaussure. Le souffle a été si puissant qu'il a propulsé neige et branches 50 mètres plus haut sur la butte d'en face. 


Si nous avions été 1 minute plus lent nous aurions été ensevelis ou pulvérisés par le souffle. Comme en témoigne la transformation du vallon suite à l'avalanche, cumul de neige important, arbres et branches arrachés. Environ cinq minutes plus tard, un groupe de randonneurs est arrivé et a commencé une recherche DVA. Une fois rassurés, ils ont continué leur chemin vers le Longet. D'autres groupes les succéderont certains sans se soucier de l'événement qui venait de se dérouler.

D' après les pisteurs de St Véran, ce serait la plus grosse avalanche de la saison dans ce secteur. Avec probablement un cumul de 1,50 m ? 2 m ? Au plus profond. Peut-on parler d'une avalanche de taille 4 ? 

L'avalanche à été déclenchée par la rupture d'une corniche de la facette sommitale (point 3089) qui, a son tour, a fait partir une large plaque. Ci dessous des photos expliquant l'événement.

Nous aurions dû pousser notre réflexion plus loin dès que nous avons repéré les corniches. Pourquoi traverser la base du couloir si nous ne voulions pas le remonter ? En suivant l'itinéraire IGN, nous aurions pu éviter l'avalanche auquel nous avons été confrontés.

Nous étions conscients du risque d'effondrement de corniche, mais jamais nous n'aurions imaginé une avalanche de cette ampleur. Nous nous sentons chanceux d'avoir échappé à cette catastrophe, mais également frustrés de ne pas avoir eu le contrôle sur cet événement.

Informations complémentaires:

-Risque 2
-la corniche est en face N
-La journée précédente avait été très belle et chaude
-Nuit précédente et journée voilée 

Il s'agit d'un vallon très tracé (ce vallon permet d'accéder à la tête du longet, Grande classique du Queyras). Même si ça semble débonnaire, cela peut vite tourner au cauchemar.

En espérant que ce retour d'expérience puisse rendre service. Si vous avez des axes d'améliorations à proposer ou des erreurs en plus que nous avons commises merci d'avance. 

Bonne saison à tous, restez toujours alertés.

Skiabilité : 😐 Correcte

Compte rendu

Itinéraire suivi :
Horaires :

 En rouge notre emplacement au début de l'avalanche. En orange après l'avalanche.
 En rouge notre emplacement au début de l'avalanche. En orange après l'avalanche.

Commentaires

J
jc69, le 18.03.24 10:20

Souvent cette zone est pleine de dépôts d’avalanche, pas facile à franchir.
D’où l’itinéraire de contournement par la croupe
Heureux que vous vous en sortiez sans trop de mal !

Nico06, le 18.03.24 10:28

Wow ! Impressionnant ! Heureux que vous vous en soyez bien sorti. Pourriez-vous svp signaler cette avalanche sur data-avalanche ? C'est ici : www.data-avalanche.org/ReportAnAvalanche
D'avance merci, bon rétablissement et bonne continuation.

P
Pierre.D, le 18.03.24 10:41

C'est déjà fait 

M
Mykeee, le 18.03.24 10:44

Merci pour le retour. 
Sans connaitre plus que cela les lieux, ni avoir analysé en détail les conditions du moment dans le secteur, il me semble que vos choix (objectif de départ, adaptation de l'itinéraire suite à vos observations,...) étaient plutôt cohérents et difficilement critiquables. Votre événement vient rappeler que même par risque 2 voire 1 de très grosses avalanches sont possibles par très fortes surcharges (souvent liées à des ruptures de corniches ou par avalanches de plaques en série), heureusement les occurrences sont rares mais la difficulté est qu'elles sont très difficiles à anticiper. 
Dans le canapé et après que l'événement se soit produit, on pourrait dire qu'avec le redoux de ce WE et le regel mauvais, le risque de rupture de corniche était en augmentation mais sur le terrain et à l'heure à laquelle votre événement s'est produit, je pense que j'aurais très bien pu me faire piéger comme vous. 

R
roadrunner, le 18.03.24 11:03

merci pour ce retour instructif 

L
Legazier, le 18.03.24 11:50

Vu du canapé et avec toutes les précautions d'usage, l'intérêt de ce compte rendu prend de l'importance si nous arrivons à tirer des conclusions objectives. L'idée n'étant pas d'enfoncer l'auteur mais de dégager une conduite ou un raisonnement à tenir. C'est bien la démarche que nous apprennent les pédagogues de data avalanches. En l'occurrence, vous constatez la présence de ces corniches. Vous renoncez à gravir le couloir. Mais vous suivez une trace dans le lit du torrent. Celui-ci est exposé aux avalanches venant de la face et du couloir. L'itinéraire habituel passe sur la croupe rive droite surélevée par rapport à ce lit du torrent. N'est ce pas sur ce point qu'il faut nous interroger? C'est d'ailleurs ce que tu écris. Mais qu'est-ce qui fait qu'en ayant conscience du danger, on suit une trace? Cette question est importante.
Merci pour ce compte rendu impressionnant en particulier la description de l'effet de souffle. Est ce que cet évènement va changer ta pratique?

P
Pierre.D, le 18.03.24 13:40

Merci pour vos retours, oui très clairement je pense qu'il y'a des choses à améliorer sur la préparation en amont et la réflexion sur le terrain. 

J
Jean-Marie C, le 18.03.24 16:16

Étant dans le coin cette semaine, un grand Merci pour ce retour d’expérience qui, heureusement, c’est bien terminée 🙏

L
lolo2, le 18.03.24 18:18

Ayant moi-même été victime d'une rupture de corniche (Col de la Roche Noire) et même si cela n'a rien à voir avec les circonstances de cet accident, j'en profite pour rappeler qu'il ne faut pas séjourner sur une corniche.Certains y font leur pause repas, mais ce n'est pas le bon endroit pour ça.Trop de personnes sur un sommet corniché met tout le monde en danger.Ceux qui sont dessus et ceux qui évoluent en dessous(c'était mon cas).Mon post n'a pas pour but de faire la morale mais s'il peut éviter ne serait-ce qu'un seul accident, cela aura été utile.Bien contente que vous vous en soyez sortir sans grosses blessures

J
jacquespetiot42, le 18.03.24 19:05

Très très modestement, une petite contribution à propos de l'avalanche dans le vallon du Longet.
Présent à Molines en Queyras la semaine du 9 au 16 mars j'ai éffectué trois petites randos : Col du Longet, Gardiole et Col de la Rousse.
Malgré la multitude de traces dans les Marcelettes, Casse cavelier, Vallon du Longet, jamais je n'aurais promené mes spatules dans ces secteurs ... Les corniches, je les voyais du balcon de notre logement et je n'en avais pas souvent vu de si grosses.
Le pas de la Cula j'y suis allé plusieurs fois, mais bien plus tard en saison et uniquement quand les avalanches de fond s'étaient déclenchées.
Je n'ai aucune compétence me permettant de donner des conseils à quiconque... une simple expérience à partager celle de quelqu'un qui a fait plus de 150 randonnées dans le Queyras et n'a jamais vu le moindre flocon glisser sous ses skis.
Il est vrai que je suis d'une génération où le ski de randonnée s'appelait "ski de printemps" et où on ne s'aventurait que sur des neiges stabilisées par l'alternance de la fonte et du regel.
Je souhaite à tous les randonneurs de faire preuve de prudence pour avoir le plaisir de parcourir le Longet à 67 ans.

virginie.lamarque38, le 18.03.24 20:17

Eh ben les gars heureuse que vous soyez en vie … je ne verrai plus ce vallon du même œil maintenant. Vous m’avez fait une énorme frayeur. 

L
latrace, le 18.03.24 21:34

Vous vous en êtes bien sortis et c'est l'essentiel. Ce coin la, il est très connu pour les purges. Il faut absolument passer le plus à l'écart possible rive droite pour se tenir à l'abri. Il y a eu déjà des d'accidents ici. C'est vrai que suivre une trace, c'est souvent confort, mais parfois c'est le piège. Merci pour le retour, c'est très instructif. Car étant dans le coin toute la semaine passée, le manteau c'était bien stabilisé depuis le jeudi et beaucoup auraient pu se faire piéger comme vous.

B
benauhit, le 19.03.24 09:52

Juste à côté ce dimanche... et pas de regel nocturne... sinon, tout est dit dans le récit et les commentaires. On en ressort donc plus raisonnables, j'espère. Merci à tous ceux qui ont pris le temps de partager et à l'humilité des auteurs.

Gemitaut, le 19.03.24 13:42

Je voudrais rajouter que les ruptures de corniches ne sont pas nécessairement liées au redoux ( même si cela peut favoriser la rupture) comme cela est suggéré dans le CR ou certains commentaires. C'est juste une question d'équilibre lorsque le poids de la masse en suspension dépasse la résistance des ancrages .....cela peut donc se produire avec un transport de neige supplémentaire du au vent, et cela même s'il fait - 20 °.
En résumé qu'il y ait eu des erreurs commises ou pas n'est pas tellement le sujet, le sujet c'est qu'un couloir dominé par une grosse corniche c'est typique des dangers inhérents à la montagne. Le simple fait d'être à proximité du cône,  même sans intention de gravir le couloir c'est pas anodin......bien sûr si on est dans le couloir, à la descente et plus encore à la montée on joue à la roulette russe.

Gemitaut, le 19.03.24 13:47

J'oubliais: bien contents pour vous que la casse se résume à une fixation arrachée 🙂

L
Laloya, le 19.03.24 14:12

Merci pour ce retour impressionnant et formateur. Même par risque limité, on peut rencontrer des situations exceptionnelles.

Tout a été dit. Cependant, j'ai une réflexion sur ton affirmation "En suivant l'itinéraire IGN, nous aurions pu éviter l'avalanche auquel nous avons été confrontés" et sur la publication (très récente) par l'IGN des nouveaux itinéraires de randonnée hivernale.


J'avais cru comprendre qu'ils étaient censé "recoller à l'actualité" : la montagne change, le climat change + les retours d'expérience d'évènements => les itinéraires changent.


Pour ce qui concerne l'ascension du vallon du Longet vers le sommet éponyme, les nouveaux itinéraires hivernaux (calque orange de géoportail) passent justement au plus près du torrent, pile sur votre trace de montée ! et en suivant à la trace, le nouvel itinéraire 2024, vous auriez été confronté directement au même problème (en étant peut être moins vigilant du fait de la modif de la trace IGN de montée).






ça me laisse perplexe sur ces nouveaux itinéraires et, comme toute trace (IGN, GPS, etc...), votre expérience montre qu'il faut prendre énormément de recul avant de s'engager.





L
latrace, le 19.03.24 15:35

Oui effectivement pour ce cas précis, c'est complètement contre productif. Le "savoir local" incite bien à suivre l'itinéraire en bleu et non pas en orange. Par contre l'itinéraire en bleu passe par des pentes plus soutenues, ce qui me fait dire qu'il y a peut être eu recours à une utilisation automatisée d'un outil carto pour éviter le plus possible les pentes >30°. Mais dans ce cas la c'est pas forcément le bon choix.....

J
jc69, le 19.03.24 17:54

En utilisant la heat map de visugpx ou les traces gps skitour au départ de St-Véran, on s'aperçoit que la plupart des skieurs passent dans le vallon et pas sur la croupe
skitour.fr/sorties/traces?lat=44.6997&lon=6.86596

C'est un outil super intéressant mais dans ce cas là, il pousse à faire comme tout le monde

L
Laloya, le 19.03.24 18:11

Effectivement,  les nouvelles traces IGN sont en partie basées sur les heatmap

J
jpk69, le 20.03.24 19:27

La veille on était sur le même itinéraire que vous, à la même heure, alors très content que vous n'ayez pas eu plus de dégats.
Dimanche on montait en face à Chateau Renard, j'ai entendu et vu le départ de l'avalanche : elle n'avait pas l'air si importante que cela. La veille je suis descendu précisément dans le cône d'avalanche, il y avait déjà une très grosse accumulation d'avalanche précédente, j'ai même fait la remarque à mes compagnons (elle datait certainement du très gros retour d'est 10 jours avant).
Au final je crois qu'il faut vraiment suivre l'itinéraire normal (trace bleue sur l'IGN), et ne pas couper à droite vers 2060 comme vous et nous l'avons fait.
Remettez-vous bien.

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