Départ : Romme (1291 m)
Topos associés : Pointe d'Areu (Pte des Arbennes), Normale depuis Romme Pointe de Balafrasse, Combe SE
Sommets associés : Pointe de Balafrasse (2296 m) Tête du Chateau (2288 m)
Orientation : SE
Dénivelé : 2150 m.
Ski : 2.3
Sortie du jeudi 29 février 2024
Conditions nivologiques, accès & météo
Conditions nivo et activité avalancheuse : pas mal de corniches effondrées sous la Pointe du Château - sinon stable
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
J1 - Col de Balafrasse Combe SE- ou « bal de la brouillasse » – (2246m)
Nous voilà donc mercredi matin aux Bouts du Chinaillon par un temps glauque avec des velléités -mais aussi beaucoup de difficultés - à nous imaginer à ce fameux col du Rasoir perdu dans des brumes à mettre la honte à un Londonien. A la croisée des chemins, le col de Balafrasse prend vite la place de son voisin, le Rasoir, au titre de plan plus réaliste.
Enfonçons-nous donc gaiement dans le coton. Petit à petit, il faut quasiment se mettre à croupetons pour distinguer une quelconque trace. Reconnaissons que cette sortie se prêtait bien à l'incognito : le brouillard était si épais que passer aperçu aurait relevé d'un regrettable manque de modestie.
Malgré la vigilance d'Iphigénie, je suis sûre que mes compagnons se disaient : « Et voilà, nous voici au milieu de nulle part ». S'ils s'étaient exprimés (mais ils sont polis, ils n'ont rien dit de tel), donc s'ils s'étaient exprimés, je leur aurais fait remarquer que c'est toujours mieux que d'être au bord du gouffre même si l'un n'empêche pas l'autre. La pente paraissait assez abrupte (mais le brouillard fausse tout) et à notre G s'élevait une haute muraille dont on ne voyait pas le bout. Cependant, miracle des Bornes, au moment pile où nous étions déjà à moitié résignés à nous arrêter là, le ciel a commencé à manifester sa présence. Il était au-dessus de nous, tout allait bien.
A partir de ce moment-là tout alla mieux. Tout alla même parfaitement. Le spectacle était grandiose, n'ayons pas peur des mots. Nous étions plus près de la mer que nos compères du 06 et le ciel était d'azur. Ce nirvana a duré sur un bon 200m de D+. Hélas, pas davantage en D-. Une belle poudre tassée avait permis quelques petites minutes de virages de qualité supérieure. Dans le coton, la neige avait morflé mais était encore de bonne facture sauf que le manque de visibilité ne permettait guère d'en profiter. L'opération de la cataracte a dû se faire à environ 150m au-dessus du col de la Colombière.
J2 – Pointe du Château - ou « une journée de châtelains » – (2288m)
9H00 – 16h20 – D+ 1240m – 16,4km – cot. 2.2
Itinéraire : selon topo en passant
à la montée, par la Tête de la Sallaz, la Tête des Muets et la Gueule à Vent
à la descente, par Champ Fleury et remontée sous la Tête de la Sallaz par les chalets de Vormy et descente directe depuis le pt 1813 sur le haut du tsk
Chaque jour est un autre jour, même dans les Bornes. Y est-on d'ailleurs toujours dans les Bornes à Romme ? Comme une cloche qui craint pour l'éclat de son métal, j'ai préféré, contrairement à mes compagnons monter à pied l'horrible piste fermée du tsk du Grand Tour. Seule la vue valait le détour. L'île du Môle flottait sur une mer bouillonnante. Le chemin forestier qui fait le tour par le chalet des Vuardes a permis de finir la nuit en ouvrant de temps en temps un œil sur des beautés toutes hivernales : traces de lièvre et ombres allongées sur des capitons restés poudreux.
Au sortir de la forêt, on a compris que ce serai jour de brillance, jour de vue infinie et, peut-être aussi de chemin infini. Ce fut le cas : une vraie chevauchée fantastique. Petite hésitation avant Champ Fleuri : aurons-nous encore le temps d'arriver à notre but ? Mais les distances sont trompeuses (même sans brouillard) et D. toujours optimiste, nous y mena rondement.
La récompense fut une pause devant les splendeurs en vitrine : la Pte des Arbennes, le col et la tête de la Forclaz et tous les sommets de la rive G de la vallée qui descend au Reposoir. En face : la chaîne des Fiz et le Désert de Platé. Ski plaisir jusque sous les Chalets de Vormy puis sur le plateau à l'E de la Tête de la Sallaz.
Ensuite, piste de bosse usagée, très acrobatique pour rejoindre le haut du tsk. Descente de 200m à pied pour Anne et moi. On en connaît un, moins soigneux pour son matériel....