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Accueil > Tous les forums > Neige & avalanches > Qu'est ce qu'une plaque ?

Qu'est ce qu'une plaque ?


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A
Alain_Duclos
[677 posts] - Le 22/11/2009 01:05

Bonjour,
Une possibilité pour répondre aux questions soulevées est peut être d'ouvrir un sujet de forum par thème ?
Le sujet des plaques m'intéresse aussi. Il est possible qu'une meilleure connaissance du phénomène conduise, parfois, à de meilleures décisions (le modèle du "décideur avisé", ou "éclairé" de Ian McCammon).

Est ce qu'on peut localiser une plaque ?

Oui, dans le cas particulier d'un fort effet du vent : là où c'est pelé, il n'y a pas de plaque (évidemment 😜 ) ; là où c'est accumulé, en revanche, l'avalanche est possible, mais pas certaine 😮 .
C'est ce qu'on peut voir dans cet exemple :
www.data-avalanche.org/alea_avalanches/view_item/Avalanche/50000004
Je n'était pas du tout sûr que ça partirait (sinon, je n'y serais pas allé 🤭 ), mais mon compère Marco, voyant à la fois l'accumulation dans la combe faiblement marquée et l'inclinaison supérieure à 30°, est prudemment resté loin derrière.

NON, dans la majorité des cas. La première fois que j'ai pu décrire correctement une plaque friable était celle ci :
www.data-avalanche.org/alea_avalanches/view_item/Avalanche/50000047
La neige était à la fois parfaitement poudreuse et d'épaisseur régulière, très similaire à celle qui est restée en place à côté.
C'était aussi le cas ici :
www.data-avalanche.org/alea_avalanches/view_item/Avalanche/50000024
Les gars sont descendus avec bonheur dans une neige sans doute féérique. Ce n'est qu'en remontant dans cette même pente qu'ils ont tout déclenché.

Franchement, j'ai cru un temps qu'il était possible d'identifier une neige de surface plus propice au déclenchement des plaques. J'ai donc fait énormément de mesures, que je complète encore aujourd'hui. Finalement, j'ai vu des plaques de neige complètement poudreuse et des plaques de neige très dure, des plaques de neige fondante et des plaques de neige très froide, des plaques de neige issues de transport et des plaques de neige tombée sans vent. Enfin, j'ai aussi vu des plaques de neige de culture :
www.data-avalanche.org/alea_avalanches/view_item/Avalanche/50000137.

Il n'est pas tout à fait impossible que la qualité de la neige de surface joue un rôle, mais celui de la couche fragile en dessous est sans doute prépondérant. Le phénomène déterminant dans la couche fragile serait un effondrement susceptible des se propager. Nous avions décrit ce phénomène dans un article écrit en 2006 avec le physicien François Louchet pour une revue américaine :
pagesperso-orange.fr/duclos.transmontagne/Avalanche%20Review%20Louchet-Duclos%202006.pdf
Nous en avons présenté ensuite des extraits dans la revue de l'ANENA :
www.anena.org/savoir/etudiant/declenchement_avalanche_de_plaques.html
Depuis, ce concept a été confirmé, et certains auteurs affirment même qu'il n'y aurait pas de déclenchement de plaque sans effondrement de couche fragile.
Ce n'est pas mon avis : je crois que les plaques qui glissent sur le sol constituent un cas particulier pour lequel il n'y a pas d'effondrement. Par exemple :
www.data-avalanche.org/alea_avalanches/view_item/Avalanche/50000157

Mais à quoi ça sert de connaitre ce mécanisme ?

A comprendre et, peut être, à anticiper :
- les déclenchements à distance,
- les départs de très vastes plaques,
- les départs de plaques mobilisant aussi de la vielle neige sous la neige nouvelle (d'où des épaisseurs parfois très importantes).

Il devient évident que la dimension de la plaque est sans rapport avec l'importance de la contrainte : le skieur n'a pour effet que l'amorce d'une rupture, dont la propagation lui échappe ensuite complètement. Ceci n'est pas incompatible avec le fait que l'on amorce plus facilement une rupture en sautant à plusieurs au même endroit 😉 .

Jeroen
[13050 posts] - Le 22/11/2009 10:24

Merci Alain.

Alain Duclos a dit :Une possibilité pour répondre aux questions soulevées est peut être d'ouvrir un sujet de forum par thème ?
Oui, très bien, on éditera ensuite le fil des questions pour faire des liens qui pointent vers les pages "réponses par thèmes".

Alain Duclos a dit :Oui, dans le cas particulier d'un fort effet du vent : là où c'est pelé, il n'y a pas de plaque (évidemment 😜 ) ; là où c'est accumulé, en revanche, l'avalanche est possible, mais pas certaine 😮 .
C'est aussi mon expérience perso, une belle plaque bien visible, accumulée par le vent dans un couloir alors que les rives étaient dures. La limite de la plaque était extrêmement visible. On est monté par les rives, et du haut j'ai fait quelques tentatives trouillardes (on avait pas de corde) pour la faire partir , mais elle est resté bien sagement en place. On est redescendus par les rives. Avec le recul on a fait un peu n'importe quoi, et l'aller/retour dans ce couloir était inutile. Évidemment ce phénomène est hyper rare, et c'était la seule fois où j'ai vu ça.

zigual
[179 posts] - Le 22/11/2009 10:48

Merci, c'est vraiment intéressant.
A terme, il serait peut-être préférable de transférer ces sujets dans des articles ? Car ils seront toujours d'actualité 😉

S
snowdingue
[286 posts] - Le 22/11/2009 10:59

A terme pourquoi pas, mais si le sujet peut rester quelques temps bien placé dans le forum à la vue de tous c'est plutot une bonne chose, surtout en début de saison
Merci Alain pour le détail des infos 😉

kaiser38
- Le 22/11/2009 12:12

Finalement on peut en conclure, que c'est essentiellement un phénomène de cohésion sur la couche de surface, peu importe le type de neige (molle, dure...) qui glisse sur une sous-couche car la cohésion avec celle ci est nulle.

Mais ca c'est quelques chose de bien connu. Au final, à part faire des coupes dans chaque pente pour tester la cohésion entre couche du surface et sous couche, qu'est ce qu'on peut faire ?

On peut imaginer connaître l'état de la cohésion de la sous couche en fonction de "l'histoire" de la neige (formation de gobelet, grésil, ...) grace aux anciens BRA.

Bref cela reste pas évident sur le terrain...

Et en dehors des signes que l'on croit évident en surface (corniche, accumulation) et qui finalement ne donne pas systématiquement une avalanche (comme nous le décrit Jeroen), on se retrouve bien peu avancé une fois sur le terrain...

Finalement, on se dit qu'à part skier que au printemps aux bonnes heures, ou dans des pentes très faibles, c'est un petit peu "au petit bonheur la chance".

En tout cas merci alain pour votre point de vue éclairé de guide !

Jeroen
[13050 posts] - Le 22/11/2009 12:48

Alain Duclos a dit :Ce n'est pas mon avis : je crois que les plaques qui glissent sur le sol constituent un cas particulier pour lequel il n'y a pas d'effondrement
Il me semble aussi, d'après ma petite expérience, qu'il n'y a pas forcément d'effondrement de couche fragile. Dans ce cas, face N, températures chaudes, les 30cm de neige fraiche tombés la veille ou l'avant veille ont pris une petite cohésion. Le tout était posé sur une croute de regel = bon plan de glissement, mais pas d'effondrement de couche fragile. J'ai d'ailleurs déclenché en "découpant" la plaque en haut, pas de déclenchement à distance donc.

Dans cet autre cas, c'était clairement un effondrement d'une couche fragile, d'ailleurs ce jour on a déclenché des plaques à au moins 3 secondes de propagation de l'endroit où l'on se trouvait (je dirait bien 200 ou 300m)
kaiser38 a dit :à part faire des coupes dans chaque pente pour tester la cohésion entre couche du surface et sous couche, qu'est ce qu'on peut faire ?
Si tu pense au "coin suisse", tu peux oublier. Un test avait été fait et creusant n coins suisses dans une même pente, il avait abouti à n résultats différents.

Quand tu progresse, pour moi la seule technique facile à mettre en œuvre, c'est celle du bâton retourné enfoncé dans la neige. Elle permet de tester grossièrement la densité des différentes couches, mais ne permettra pas de localiser un plan de glissement très fin.

Ensuite il y a le départ d'avalanche, mais aussi les conséquences de ce départ. Il ne faut pas hésiter à prendre des précautions de progression (adapter son itinéraire, espacement suffisant, un par un, ...) et savoir renoncer quand on a un doute et que les conséquences d'un départ pourraient être graves (grosse quantité de neige mobilisable, barre rocheuse, ...)

A
Alain_Duclos
[677 posts] - Le 22/11/2009 12:53

kaiser38 a dit :glisse sur une sous-couche car la cohésion avec celle ci est nulle.
Euh, c'est même un peu plus compliqué que ça : une couche fragile a une certaine cohésion a priori (elle ne se vide pas comme du sable sec quand on creuse un trou). Nous avons montré que le passage du skieur peut amorcer la perte de cohésion de cette couche fragile, sur une surface plus ou moins grande. Alors, la friction devient très faible et, si l'inclinaison est supérieure à 30°, la plaque peut commencer à glisser.
Pour ceux que ça intéresse vraiment 😎 , on peut aller voir un poster que nous avons présenté au colloque de Davos (ISSW !) en septembre dernier :
pagesperso-orange.fr/duclos.transmontagne/poster_ISSW_Davos_2009.pdf

kaiser38 a dit :c'est un petit peu "au petit bonheur la chance"
Non, quand même pas... mais c'est une autre histoire 🙂

kaiser38
- Le 22/11/2009 14:53

C'est sur qu'un sondage régulier, est intéressant, c'est même quelques chose que je fais naturellement dès que j'aborde une pente différente de celle juste avant. Ca permet de rapidement voir les différences entres les pentes sur lesquelles ont progresse lors d'une course.

a++

M
MiniZapi
[42 posts] - Le 22/11/2009 20:18

Lors de mes sorties les plus "craignos" 🙁 , je "gratouille" régulièrement, à la main sur 30 à 40 cm de profondeur, pour avoir une idée des différentes couches présentes (en particulier couche fragile ou de glissement).
Que pensez vous de cette technique et de son utilité ? (sachant que l'on voit vite les limites de ce système ...et en dessous des 40cm ??? 🤭 )

A
Alain_Duclos
[677 posts] - Le 22/11/2009 22:59

MiniZapi a dit :je "gratouille" régulièrement, à la main sur 30 à 40 cm de profondeur,

Franchement, je trouve ça bien 🙂 . Perso, je sonde souvent au bâton, et je ne gratouille que si je veux en savoir davantage.
Si c'est mou dessous, il est intéressant de savoir si c'est sec ou mouillé et, le cas échéant, quelle est la grosseur des grains. Je pense qu'il y a consensus sur le fait que la situation est d'autant moins saine que les grains de la couche fragile sont gros (et secs 🤨 ). A l'occasion, on peut jouer à faire glisser les couches l'une sur l'autre. Une indication de plus, à relativiser bien sûr 😎 .
Toutefois, il me semble que cette observation est indissociable de l'estimation de l'age de la neige de surface, quelle ait été, ou non, apportée par le vent. Il est évident que le phénomène de stabilisation existe, du moins sous nos contrées. La "règle des 3 jours" reste encore à préciser.

le fab
- Le 23/11/2009 13:40

Jeroen a dit :Si tu pense au "coin suisse", tu peux oublier. Un test avait été fait et creusant n coins suisses dans une même pente, il avait abouti à n résultats différents.
c'est même la base la refexion de Munter

K
kaiser38
[565 posts] - Le 23/11/2009 14:01

une coupe de neige n'est pas un coin suisse...

Pour repérer les différentes couches, la coupe est à mon avis la seule solution vraiment valable. Mais clairement impossible à mettre en oeuvre en cours de rando... Surtout quand on voit qu'en général le randonneur est plus obnubilé par son temps de montée qu'autre chose !

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