Objectif 4000 : Saga en 3 épisodes des aventures extraordinaires d'un groupe de jeunes ordinaires (ou presque) d'une classe de BTS IPM. Premier volet : La montagne, ça fait mal ! Pour vous mettre dans l'ambiance, vous pouvez écouter la musique tout en lisant l'article
Samedi 9 Février 8h45, devant Espace Montagne. Déjà 2 mois que le projet "Objectif 4000" est lancé : accompagner une classe de
BTS IPM au sommet du dôme des Ecrins. Sacré challenge pour des jeunes dont la majorité n'a peut être jamais dépassé la côte de 2000 mètres d'altitude. Projet motivant sensé les fédérer autour d'un objectif commun, projet difficile sensé leur apporter le goût de l'effort. On n'a jamais rien sans rien.
Le groupe a bien accueilli le projet et est très motivé, mais les élèves ont-ils réellement conscience de l'objectif ? Auront-ils les ressources physiques et mentales pour réussir ? Cette première journée "d'initiation" doit nous permettre de répondre à pas mal de questions. Selon les aptitudes de chacun, certains découvrent le ski de randonnée (ceux qui sont sensés savoir skier : Benoit, Yohann, Jérôme, Thomas, Nicolas, Florian), d'autres les raquettes à neige (Joris, Alexandre, Nicolas), et d'autres les raquettes + snowboard (Thibault et Thomas). On va faire un test "grandeur nature" pour voir si la cohabitation entre les différentes espèces est possible...
Au niveau encadrement on trouve Pierrotleguide et votre serviteur, tous deux en ski ; Gilles dont les jambes se prolongent naturellement par une paire de raquettes et pour qui la discipline n'a plus de secret depuis longtemps, et Pascal en Raquette/Surf qui "envoyait du bois" à l'époque où il n'était pas encore cassé de partout.
Le matériel est gracieusement prêté par
Espace Montagne, partenaire du projet, sans qui celui-ci n'aurait pas été possible.
9h30 : tout le monde est équipé et monte dans le bus, ligne directe "Saint martin d'Hères > La Ruchère" spécialement affrétée pour l'occasion. L'objectif pour cette journée d'initiation est le
petit Som, qui présente plusieurs avantages : Rando assez courte et facile techniquement, offrant plusieurs possibilités de bouclage, avec une montée relativement fraîche orientée au nord, ce qui va être appréciable en cette chaude journée de février.
A la ruchère c'est l'heure du breefing. Bizarrement les étudiants sont plus réceptifs qu'à leur habitude : fonctionnement du matériel, collage des peaux, utilité des couteaux (Je passe les remarques sur le saucisson...), utilisation de l'ARVA.
Ca y est, on est des pro-riders !
A ce moment là on peut encore leur laisser le bénéfice du doute, mais plus pour très longtemps
11h00 : Le départ en ligne est donné
11h10 :
- M'sieu, j'me sens pas très bien
il reste encore long ? (Yohann, livide, à la limite de vomir)
- Bah on a fait à peu près 50m, il en reste seulement 600 
Le coup de surprise passé chacun trouve peu à peu son rythme, les pas sont plus réguliers et les bavards se font oublier un instant. Même si le ski de randonnée n'est pas un sport très technique il demande une forte concentration la première fois : ne pas marcher mais pousser les skis, poser les skis bien à plat, allonger la foulée ...
11h45 : Petite pause. Le chemin assez raide de la première partie a laissé quelques traces sur les organismes et certains commencent à comprendre que ça va être duuuuuuur.
- On fait une pause les gars, pensez à bien boire de l'eau
- M'sieur, j'ai pas d'eau...
- Comment ça ?? t'a pas d'eau ??
- Ben non j'ai que du coca. C'est à cause de vous, vous nous avez dit "Pas besoin d'acheter une gourde, vous prenez une bouteille d'1,5l de coca et ça fera l'affaire"
- 
Heureusement ils ont quand même prévu des boissons énergisantes...
...en canette

La suite de l'itinéraire est plus tranquille, avec une belle combe à monter pour arriver au col de Léchaud.
12h15 :
- M'sieu j'ai mal là (l'élève, me montrant sa cuisse)
- Et bien juste là tu as un muscle, certes atrophié mais je confirme, c'est bien un muscle 
La combe se raidit progressivement pour frôler les 30° et l'accès au col est défendu par au moins deux conversions. Heureusement le guide maitrise et c'est en fin pédagogue qu'il leur apprend ce mouvement hautement technique. Dans une salle de classe il nous aurait fallu au moins 2 ans, mais quand leur survie est en jeu les élèves savent se monter hautement attentifs.
12h30 : Le col de Léchaud est atteint, on va pouvoir faire une pause en attendant les retardataires. Au moment où le dernier arrive enfin il a le droit au classique
- T'arrête pas, on repart 
De toute façon il est tellement crevé qu'il n'a pas le courage de se plaindre !
13h00 : Summit ! Après 2 heures d'efforts extrêmes pour certains, le sommet du Petit Som est atteint ! Le bonheur est total : la montée a été éprouvante et c'est ce qui fait qu'on savoure chaque minute au sommet, heureux d'être allé jusqu'au bout (à chacun son Everest). Du sommet la vue est superbe. On découvre le Sud du massif de la Chartreuse, et en se mettant sur la pointe des pied on peut même voir la mer
L'équipe des encadrants reste vigilante car sur son coté Ouest, le petit Som présente une belle barre rocheuse. Il ne faudrait pas qu'un manque de lucidité pousse l'un des étudiants à vouloir rejoindre le parking en chute libre...
14h00 : Après une bonne pause et un repas gastronomique pour certains, il est temps de penser à la suite des évenements. Vu qu'il est encore un peu tôt et que l'on sent la troupe ragaillardie, on décide de réaliser une petite boucle qui commence par une belle descente en versant Sud.
C'est à ce moment que les surprises commencent

. Malgré le super matériel fourni par EM (Pour les connaisseurs : Chaussures Zzero 4, Fixations TLT Comfort et Skis mid-fat de 75 au patin) il semble que non pro-riders aient quelques difficultés d'adaptation. Quelques morceaux choisis
- Et puis d'abord moi je ne skie qu'une fois par an
- C'est pas comme en station, elle est bizarre la neige
- C'est le coté où je sais pas tourner
- Et puis d'abord la neige elle est trop molle pour moi...
Vous aurez certainement reconnu certaines citations tirées d'un célèbre film, dont vous êtes normalement en train d'écouter la musique
On prend la décision de soulager certains étudiants de leurs skis, qui vont pouvoir récupérer les raquettes de leurs camarades surfeurs. Autant sur une piste sécurisée une perte de contrôle est autorisée, autant en montagne c'est interdit : les barres rocheuses ne sont jamais bien loin, et en cas de problème c'est direct l'hélico...
Cette première descente se termine par une traversée descendante que les skieurs qui restent mettront 1 minute à parcourir, il en faudra près de 30 pour les raquettes !
15h00 : Tout le monde a survécu à cette première descente, il faut maintenant remonter dans la combe qui nous fait face. Séquence recollage de peaux pour les skieurs, les raquetteux mettent leurs raquettes "sur le dos" et montent droit dans la pente, qui est un peu trop forte pour être franchie raquettes aux pieds. Très vite on arrive au habert de Bovinant où l'on fait une petite pause avant de repartir pour le dernier hectomètre de dénivelé positif de la journée.
Qu'elle est lonnnngue cette dernière montée pour atteindre le col de roche Rousse et qu'il fait chaud... Certains vont au bout d'eux même, mais toujours avec le sourire. Au col c'est la délivrance car après ce point il ne reste que de la descente.
16h00 : Magnifique col de Roche Rousse atteint en fin de journée, à l'heure où le soleil glisse lentement à l'horizon. La lumière se fait plus douce. On apprécie l'instant présent. L'esprit encore embrumé par l'effort que l'on vient d'effectuer, une sorte de plénitude nous enivre (pas besoin de cochonneries

).
16h15 : Il est temps de rejoindre le monde des hommes. Après le col de Roche Rousse, une traversée descendante en face Sud doit nous permettre de rejoindre le col de Léchaud puis le parking.
Alexandre s'emmêle les skis, tombe, et se met à glisser sans parvenir à s'arrêter. Heureusement pas de danger à cet endroit. Le seul soucis est qu'il glisse du mauvais coté et que s'il continue il va devoir remonter à pied

Finalement il finit par s'arrêter, et on lui confisque ses skis (à sa plus grande joie), craignant la pire pour la suite.
Presque en même temps, Jérôme, chahuté par une neige un peu croutée se fracasse (certainement le terme le plus approprié) contre le seul rocher de la pente. Heureusement là aussi, plus de peur que de mal : il aura certainement un bel hématome qu'il pourra raconter comme un souvenir de guerre
La fin de la descente profite aux surfeurs, plus à l'aise que les skieurs dans cette neige légèrement croutée. Les raquetteux ne mettront pas plus de temps à descendre que les skieurs, c'est peu dire sur les performances en descente de nos pro-riders
17h30 : Le parking est enfin atteint. 6 heures 30 auront été nécessaire pour parcourir les 850 mètres de dénivelé de la boucle. Les visages sont radieux et cette première journée a tenue ses promesses. La montagne, ça se mérite. C'est sûr les gars, on va vous concocter un petit programme d'entrainement
Nous vous donnons rendez-vous fin mars/début avril, date à laquelle aura lieu le deuxième volet de cette saga des aventures extraordinaires d'un groupe de jeunes ordinaires (ou presque).
Merci encore à Espace montagne pour le prêt du matériel : top service, top qualité !