Sortie du vendredi 3 mai 2024
RFG
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : Beau puis voile d’altitude et mer de nuage jusqu’au pied de la face. Neige restée froide jusqu’en bas.
Conditions d'accès/altitude du parking :
Altitude de chaussage/déchaussage : pk
Conditions pour le ski : excellentes, neige froide, de 10 à 30 cm sur fond sur.
Conditions nivo et activité avalancheuse :
Attention aux fortes accumulations, risque majoré par le plan de glissement du au sable des derniers jours. 2 plaques friables déclenchées ce jour…
Skiabilité : 😄 Excellente
Compte rendu
Itinéraire suivi : topo en AR.
Horaires : 11h 14h
Retour d’expérience sur une face hyper évidente qui a bien faillis être ma dernière balade…
J’arrive tard au col, vers 10h45.
Parti pour aller en Belledonne, la route barrée sans préavis au Rivier me fera aller jusqu’au Lautaret , « pour voir ».
Grand beau temps, je file vers cette face ou j’ai déjà buté 4 fois! Cette fois ci sera la bonne.
L’énorme plaque visible peu avant le col sur le VN de la pyramide de Laurichard m’incite à la prudence.
Je chausse et remonte péniblement une des traces les plus moche qu’il m’ait été donné de suivre: droit dans la pente, très vite je m’attelle à retracer dans cette belle poudre, relayé par un autre skieur passé la première pente.
J’arrive au pied de la face, des skieurs gravissent la voie classique, il y a du monde, je la sens bien cette ascension.
Le cône est chargé et probablement instable mais je m’équipe rapidement et gagne la face proprement dite.
Neige froide sur fond dur, pas de mauvaise surprise , j’arrive rapidement sur la crête en suivant donc cette « directissime » ( 5.2 au passage, sûrement pas 5.3…).
Je chausse, teste la neige, à ma gauche une belle accumulation, une petite fissure, 2 virages prudents et WHISSSS, ça part, juste sous mes pieds…
En moins de 5 secondes un puissant aérosol vient s’écraser jusqu’au fond du vallon.
Je viens de déclencher une petite plaque friable d’une trentaine de cm d’épaisseur sur 15/20m de large. 10 m sous la crête. Là où la pente est la plus raide.
La prise de vitesse dans des pentes comme celle ci (supérieur à 50 degrés /80m dans le haut de la face) est hallucinante, pris dedans, absolument impossible d’en sortir.
J’espère ne pas avoir impacté de skieur plus bas…
La face ayant purgé je surf sereinement jusque l’etroiture basse, m’en extrait rapidement et au moment de sortir, REBELOTTE , ça part sous mes pied, c’est une bonne partie du pied de face qui glisse à son tour .
Bordel de chiasse.
Ça ne part pas loin mais le volume de neige mobilisé est assez important.
La coulée frôle un skieur à la monté , solide et expérimenté, heureusement pas impressionné, avec qui nous discutions des conditions un moment pour faire descendre la pression.
Je file à la bagnole.
D’ordinaire, je ne surf JAMAIS ce genre de face.
Je surf des couloirs étroits où la neige gagne en stabilité.
D’ordinaire, je ne fais JAMAIS de pentes raides après une chute de neige.
Mis en confiance par une saison exceptionnelle et frustré par les conditions des dernières semaines j’ai foncé tête baissée.
Et pourtant, j’avais pleinement conscience du risque, des zones accumulées, du sable, des épisodes venteux, j’avais même un super itinéraire de délestage (un vrai couloir comme j’aime!), mais il fallait boucler la boucle, conjurer le sort, surfer cette face et tourner la page.
J’ai reçu aujourd’hui une bonne leçon.
Je n’ai pas eut peur, à aucun moment, mais m’en suis voulu de ne pas avoir su m’adapter, faire autre chose ou renoncer.
Je vais me tenir à mes préceptes, continuer de faire ce que je sais faire, patienter, attendre la bonne journée, sans précipitation.
La montagne sera toujours là, et un jour ou l’autre tous les projets seront en conditions pour être surfés dans les règles de l’art: loin des risques qui peuvent facilement être évités.
Sinon, la neige était folle aujourd’hui !!